Christ-Roi en Haute-Savoie

Christ-Roi

  • 74310 aux Houches
Christ-Roi
Christ-Roi
Christ-Roi
Christ-Roi
Crédit photo : X-Weinzar - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

Le Christ Roi, en totalité, et la parcelle sur laquelle il se trouve cadastrée section A n°72, le carillon avec son bâtiment ainsi que la parcelle sur laquelle il se trouve cadastrée section A n°71, ainsi que la parcelle cadastrée section A n°73, le tout situé au lieu-dit Coupeau, chemin du Christ Roi : inscription par arrêté du 10 mars 2020

Origine et histoire

La statue du Christ‑Roi est une œuvre monumentale de 25 mètres située sur la commune des Houches, en Haute‑Savoie. Sa construction fut la première réalisation monumentale en France du sculpteur Georges Serraz, auteur en 1927 du Christ de Madère, et le projet, initié en 1931, s'est achevé avec l'installation du carillon sur la même plate‑forme en 1947. Le monument se trouve à 2 km au nord‑est du village, dans le hameau du Coupeau, dressé sur un éperon rocheux d'un dénivelé de 50 m à 1 200 m d'altitude, ce qui lui permet de dominer la vallée de Chamonix. Le site n'est accessible qu'à pied, par des sentiers de randonnée partant du hameau ou de la route menant au parc animalier de Merlet. La statue est implantée sur un escarpement de roches sédimentaires du Westphalien au Stéphanien (Permien), aux lithologies variables allant des schistes aux conglomérats et caractérisées par une teinte sombre liée à des débris charboneux. Ces couches forment le remplissage des bassins houillers permo‑carbonifères du massif des Aiguilles Rouges, dispersés entre des intrusions granitiques.

L'abbé Claude‑Marie Delassiat, curé des Houches de 1926 à 1951, proposa l'édification d'une statue colossale, encore plus imposante selon lui que le Christ‑Rédempteur de Rio, pour incarner la royauté universelle du Christ promue par l'encyclique Quas primas de Pie XI. Soutenu par l'évêque d'Annecy Florent du Bois de La Villerabel et encouragé par le Vatican, il lança une souscription en 1929 qui permit de réunir les fonds nécessaires en trois ans. Le site retenu, nommé rocher d'Oran et faisant face au mont Blanc, devait symboliser « l'amour et la paix entre les hommes » et la domination spirituelle du Christ sur le monde, selon le promoteur.

La réalisation fut confiée à Georges Serraz, tandis que l'architecte Viggo Feveile supervisa l'aménagement intérieur et la construction d'un campanile destiné à abriter la « cloche de la Paix ». La hauteur initialement envisagée, d'environ quarante mètres, fut réduite à 25 mètres pour raisons financières. La première pierre fut posée en août 1933 ; faute de route carrossable, les ouvriers travaillèrent sur place et utilisèrent des wagonnets sur rails pour approvisionner le chantier, qui fut interrompu pendant l'hiver et achevé au bout d'un an. L'inauguration eut lieu le 19 août 1934, en présence de l'évêque Florent du Bois de La Villerabel et de la fanfare du 27e bataillon de chasseurs alpins.

La commune des Houches acquit la statue le 19 décembre 1977 pour 5 000 francs. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 10 mars 2020. La statue, réalisée en béton armé dans un style Art déco, est divisée en cinq niveaux successifs liés par un ferraillage assurant la rigidité de l'ensemble. Les coffrages furent réalisés à partir d'une maquette – le haut du corps, les bras et la tête ayant été modelés à Paris puis expédiés par train – et la sculpture achevée sur place, le bras bénissant représentant la partie la plus complexe. Un revêtement à base de silithe lui donne l'aspect du granite, et une patine dorée a été appliquée sur le sceptre, la couronne, l'auréole et le cœur. La statue pèse 500 tonnes ; son gabarit et son poids posèrent des problèmes de stabilité et de résistance au vent, obligeant à ajouter un socle en béton dont les murs ont 48 cm d'épaisseur pour un volume total de 90 m3. À l'intérieur, un escalier de 84 marches en mélèze permet d'accéder à une plateforme dissimulée derrière la couronne. Elle constitue la deuxième plus haute statue de France après la Vierge du Mas Rillier, également sculptée par Georges Serraz et haute de 32,6 m.

Un campanile et un carillon de trois cloches avaient été prévus ; une collecte de métaux lancée dès 1935 fut complétée par une souscription, mais durant l'occupation la fonderie Paccard dut céder une part importante des métaux et le projet fut réduit à une seule cloche. Cette cloche, coulée à Sevrier en 1947 et transportée par la société Mermet, fut finalement élevée au Coupeau le 11 août 1949 et installée dans un petit bâtiment adjacent à la statue. D'après ses inscriptions, elle a été coulée par « Les Fils de G. Paccard à Annecy le Vieux », pèse 1 800 kg, a un diamètre de 143,7 cm à la base et sonne le Do dièse de l'octave 3 ; elle est la plus grande cloche de la vallée de Chamonix‑Mont‑Blanc. Ses parrains sont Bernard‑Emile et Nicole, les noms de tous les contributeurs figurent sur la cloche, qui retentit pour les angélus à 8 h, 12 h et 19 h ainsi que pour les offices d'été en juillet et en août ; sa situation permet de l'entendre dans une grande partie de la vallée.

Une chapelle‑piédestal a été aménagée à l'intérieur de la statue, avec un double autel intérieur et extérieur, et rend hommage à Pie XI, dont un buste fut placé au fronton lors de l'inauguration. Une plaque rappelle qu'Achille Ratti, futur Pie XI, fut un amateur d'alpinisme et gravit le mont Blanc dans sa jeunesse. La chapelle fut inaugurée et bénie le 14 août 1949 par le chanoine Kir ; des pèlerinages s'y tinrent jusqu'à la mort de l'abbé Delassiat en 1951, les messes se poursuivirent jusque dans les années 1990, puis reprirent à partir de 2014, célébrées les jeudis de juillet et d'août.

Liens externes