Origine et histoire
L'église Saint-Pierre est un édifice catholique implanté sur la commune du Mont-Saint-Michel, dans la Manche, en Normandie. Son état actuel résulte d'aménagements des XIVe, XVe et XVIIe siècles et, depuis la fin du XIXe siècle, elle assure à la fois la fonction d'église paroissiale et celle de sanctuaire de pèlerinage pour le culte de saint Michel. Elle relève du diocèse de Coutances et Avranches, du doyenné de l'Avranchin et de la paroisse Notre-Dame-de-la-Paix de Pontorson. L'église est enserrée dans le village, sur le flanc est du rocher : elle s'appuie à l'ouest contre le rocher, borde le cimetière au sud et communique à l'est avec la Grand'rue par son abside en encorbellement qui franchit une venelle voûtée. Selon la tradition et une charte de 1022, elle aurait été fondée au VIIIe siècle et est dédiée à saint Pierre. De la période romane subsistent notamment des piliers à impostes à l'entrée du chœur. Avant la fin du XIVe siècle, le vaisseau central avait été doublé au sud par un vaisseau latéral et l'édifice présentait alors, d'après une enluminure des Très Riches Heures, un clocher peigne au-dessus du pignon oriental. Dans la seconde moitié du XVe siècle, les absidioles du transept furent remplacées par des chapelles à chevet plat et une tour de clocher fut édifiée au sud ; à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle, le chœur fut agrandi par la construction d'une abside à pans coupés. Le culte de saint Michel fut transféré de l'abbatiale à l'église paroissiale le 4 novembre 1886, faisant de l'édifice un sanctuaire de pèlerinage. Construite en granite, l'église présente une nef à vaisseau central doublée au sud, un chœur à travée unique et une abside à pans coupés ; l'entrée principale se fait par le bras nord du transept, qui ouvre sur une chapelle dédiée à saint Jean, tandis que le vaisseau latéral aboutit à une chapelle dédiée à la Vierge. Contre le mur sud du vaisseau latéral se dresse, hors d'œuvre, une tour de clocher coiffée d'une toiture en bâtière ; son rez-de-chaussée, qui ouvrait à l'origine vers le cimetière, fut condamné et transformé à la fin du XIXe siècle en chapelle dédiée à saint Michel, unique chapelle voûtée en pierre de l'église. Les charpentes lambrissées ont été refaites au début du XXe siècle (1928-1929 pour la nef, 1931 pour la tour, 1936-1937 pour le chœur et la chapelle sud) et les couvertures restaurées en ardoises d'Angers ; une nouvelle campagne de restauration a été lancée en 2003. L'ensemble du mobilier a été répertorié par la Conservation des antiquités et objets d'art de la Manche. L'église conserve des fonts baptismaux du XIVe siècle, classés dès 1907, et un maître-autel du XVIIe siècle inscrit en 1990 ; la cuve baptismale est un monolithe polygonal en granit orné d'arcatures trilobées. La chapelle Saint-Michel abrite un autel en feuilles d'argent repoussé sur âme de bois, œuvre de l'orfèvre Jean-Alexandre Chertier, transféré en 1895 et inscrit depuis 1976. Divers éléments du mobilier du XIXe siècle subsistent, tels qu'un aigle-lutrin en chêne, deux sièges de célébrants armoriés et un Prie-Dieu armorié portant notamment les armoiries de l'abbaye. La statuaire comprend des sculptures en bois de saint Aubert et saint Roch (XVIIe siècle), une statue monumentale de saint Michel en lames d'argent sur âme de bois attribuée probablement à Jean-Alexandre Chertier et distinguée par une décision pontificale en 1875, ainsi que plusieurs œuvres sur pierre et albâtre des XVe et XVIe siècles. La couronne initiale, attribuée à l'orfèvre Mellerio et réalisée avec des bijoux offerts par les fidèles, fut volée en 1906 ; la statue porte aujourd'hui une couronne de verroterie rappelant la distinction de 1877. Parmi les autres œuvres figurent une sainte Catherine d'Alexandrie en albâtre de Nottingham (XVe siècle), un groupe représentant sainte Anne et la Vierge (fin XVe-début XVIe siècle), une statue de l'apôtre Pierre (début du XVIe siècle), une grande Vierge à l'Enfant en pierre calcaire polychromée et une statue de saint Étienne (XVe siècle), la plupart inscrites au titre des monuments historiques. Le Christ en croix en bois peint, attribué au sculpteur Pierre Loudel de Rouen, fut commandé en 1645 pour remplacer le christ de la poutre de gloire. Le maître-autel porte une peinture représentant la Vocation de saint Pierre, adaptée au format du retable et identifiée comme un modèle gravé d'après un original du XVIIIe siècle ; d'autres tableaux et peintures datés du XVIIe au XIXe siècle se répartissent dans la tribune et la nef, et des vestiges de peintures murales polychromes du XVe siècle subsistent dans la chapelle sud. Le mur ouest de la chapelle Saint-Michel conserve des lambris à armoiries du XIXe siècle et le sanctuaire possède une collection de bannières offertes par des pèlerins du troisième quart du XIXe siècle. La tour de clocher est équipée depuis 1964 d'un carillon qui joue l'air « Saint-Michel à votre puissance ». Le cimetière et son enceinte sont classés depuis 1934 : réparti sur deux terrasses et d'une superficie réduite aujourd'hui, il comprend un jardin du souvenir, expose plusieurs dalles funéraires et conserve une croix de granite du XVIe siècle inscrite, ainsi qu'un monument aux morts de la Première Guerre mondiale portant huit noms. Des fouilles réalisées en 2017 ont mis au jour un cimetière médiéval autour de l'église ; l'étude des sépultures sauvegardées devrait fournir un aperçu de la population du village avant le XIIIe siècle. L'ensemble de l'église est classé au titre des monuments historiques par l'arrêté du 15 mars 1909, classement motivé par son intérêt historique et la volonté de préserver son intégrité extérieure.
