Origine et histoire du Cimetière de l'Est
Le cimetière de l'Est, le plus vaste de Metz, a été aménagé à partir de 1829 en lisière du quartier des Plantières-Queuleu, à la limite de Borny. Au début du XIXe siècle, la ville ne disposait que des cimetières de Bellecroix et de Chambière, et la création d'un nouvel espace funéraire fut décidée en 1833 à l'initiative de l'inspecteur des voiries Marie‑Lucien Silly. Les travaux d'aménagement, comprenant des opérations de drainage et d'amélioration sanitaire, se sont déroulés entre 1839 et 1870, avec des phases importantes qui s'achevèrent en 1864. Le cimetière ouvrit ses portes en 1834. Initialement Silly proposa de céder un terrain d'environ deux hectares et demie sous réserve d'avantages fiscaux sur les concessions, proposition que la municipalité refusa. Face à une épidémie de choléra, la vente du terrain à la ville devint urgente et fut finalement conclue malgré les réserves du ministre du Commerce et des Travaux publics et les critiques portant sur la formule de cimetière privatif. La partie ancienne du cimetière — les sols des quatre sections organisées autour du rond-point, l'ensemble des monuments qui s'y trouvent, ainsi que les entrées datées de 1834 et 1864 et leurs murs — a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 29 juillet 2003. Dès 1829, le terrain fut clos et doté d'une loge de gardien, et la chapelle fut construite au cours du XIXe siècle. En 1864 de nouvelles entrées furent percées, notamment celle de l'avenue de Strasbourg destinée à la section protestante ; auparavant l'accès unique se faisait par la rue du Roi‑Albert. Des extensions successives ont fait passer la superficie d'environ 2,5 hectares à 17,5 hectares, et le cimetière a été doté d'un crématorium au cours du XXe siècle. Environ une centaine de monuments funéraires présentent un intérêt historique ou artistique ; les styles dominants sont le néo‑antique (égyptien, grec, romain) et le néo‑médiéval (roman, gothique, flamboyant), et les matériaux couramment employés sont le calcaire et la pierre de Jaumont. On y relève des tombes néo‑gothiques, des monolithes évoquant le bâton d'Asclépios, des mausolées néo‑égyptiens, des tombes éclectiques mêlant néo‑gothique et néo‑mauresque, ainsi qu'une chapelle et plusieurs statues, dont une représentation en terre cuite d'un ange en deuil. Le cimetière rassemble de nombreuses personnalités locales : le général Paul‑Joseph Ardant (homme politique), Paul Théodore Auguste Bezanson (maire de Metz et député au Reichstag), Barthélemy Bompard (maire et député), Félix Maréchal (maire de Metz) et Paul Vautrin (maire de Metz), ainsi que le baron Gilbert Dufour (administrateur militaire, maire de Metz, pair de France) et le général Antoine Alexandre Rousseaux (général de la Révolution et de l'Empire). Parmi d'autres inhumés figurent Jean‑Baptiste Bouchotte (ministre de la Guerre sous la Révolution, dont la chapelle est de style égyptien), Joseph Daga (philanthrope et médecin militaire, commemoré par un obélisque monumental), les peintres Fernand Coustans et Auguste Hussenot, l'organier Antoine Sauvage (commémoré par un bas‑relief d'orgue), le juge Pierre Michel et la famille Carré de Malberg.