Période
XIXe siècle, XXe siècle
Patrimoine classé
Sol du cimetière ; monuments funéraires suivants : Dijon-Dubrulle (D 4) , Lapostolle (K 48) , Corroyer (L 111) , Lambert Lucas (S 623) , Maintenay (S 992) ; les zones définies ci ; après telles qu'elles figurent sur le plan annexé à l'arrêté, à savoir : tous les murs de clôture et murs intérieurs, avec les monuments funéraires qui leurs sont adossés ; la bordure de la plaine A comprenant les concessions A 1 à A 98 ; les bordures de la plaine B comprenant les concessions B 1 à B 122, ainsi que les concessions bordant les murs : concessions B 123 à B 154 ; la plaine C, en totalité ; la bordure de la plaine D comprenant les concessions D 1 à D 98 ; les bordures de la plaine E : concessions E 134 à E 136ter, E 11 à E 36, E 36C, E 38 à E 130, ainsi que la partie bordant le mur : concessions E 147 à E 173, et la partie contenant les concessions E 1A à E 9, E 137 à E 146, E 182 et E 183 en totalité ; la plaine F, en totalité ; les bordures de la plaine G comprenant les concessions G 1 à G 1O6 et G 163 à G 165, ainsi que les concessions bordant les murs : concessions G 110 à G 161bis ; les bordures de la plaine H comprenant les concessions H 1 à H 123, ainsi que l'enclos des soldats français et la partie comprenant les concessions H 19 à H 70 en totalité ; la plaine I, en totalité ; les bordures de la plaine K comprenant les concessions K 1 à K 41, ainsi que les concessions bordant les murs : concessions K 42 à K 114 ; les bordures de la plaine L comprenant les concessions L 246 à L 305, L 307 à L 331bis et L 332 à L 348, ainsi que les concessions bordant les murs : consessions L 2 à L 211A ; les bordures de la plaine M comprenant les concessions M 1 à M 48 et M 116 à M 178, ainsi que les concessions bordant les murs : concessions M 49 à M 115 ; la plaine N, en totalité ; la bordure de la plaine O comprenant les concessions O 138A à O 276, ainsi que les concessions bordant les murs : concessions O 1 à O 175, et la partie contenant les concessions O 176 à O 182L en totalité ; les bordures des murs de la plaine P : concessions P 1 à P 173, et la partie contenant les concessions P 301 à P 326 en totalité ; les bordures des murs de la plaine S : concessions S 1 à S 146 et S 740 à S 815, ainsi que les parties contenant les concessions S 147 à S 2121 et S 640 à S 1026 en totalité (cad. IZ 37, 39) : inscription par arrêté du 25 juin 1986. Monuments funéraires suivants : Duthoit (L 173) , Grimaux-Dufetel (F 34) , Morgan de Belloy (G 110) , Bruno Vasseur (F 3) , Jules Verne (L 211 A) (cad. IZ 37) : classement par arrêté du 10 mai 1995
Origine et histoire
Le cimetière de la Madeleine, ouvert en 1817, est un cimetière-jardin faisant office de panthéon pour les personnages illustres d'Amiens et rassemblant un large éventail de sépultures et d'œuvres d'architectes et sculpteurs amiénois du XIXe siècle. Situé rue Saint-Maurice, au nord-ouest de la ville, il s'étend sur environ 18 hectares et se découvre comme un parc arboré et vallonné où de nombreuses tombes de familles de notables témoignent de la prospérité du XIXe siècle. Conçu comme un parc à l'anglaise, il combine vallons, plaines, allées, espaces arborés et mausolées, selon les aménagements confiés à l'architecte François‑Auguste Cheussey. Le site conserve des arbres plantés au XIXe siècle — frênes, érables, tilleuls, pins sylvestres — et a été enrichi après une étude paysagère par des alignements d'arbres, des bosquets et un arboretum dans le jardin du souvenir, fréquenté par diverses espèces d'oiseaux. Un alignement d'ifs, plantés pour certains en 1811, a été labellisé « Arbres remarquables de France » par l'association ARBRES en 2018. Le cimetière comprend un carré militaire de la guerre de 1870, entretenu par le Souvenir français, et un monument aux morts en forme d'obélisque surmonté d'une croix, portant les noms de 199 soldats morts au combat et la mention de dix soldats inconnus. À proximité se trouvent la tombe du commandant Jean‑François Vogel, surmontée d'un buste d'Albert Roze, et la tombe du capitaine Charles Zacharie Petit, situées près du carré militaire. Le carré dit des « croix noires » regroupe des victimes des bombardements aériens de la Seconde Guerre mondiale ; certaines ont péri lors de l'opération Jéricho et d'autres lors des raids des 27 et 28 mai 1944, qui firent 209 victimes, ainsi que lors des bombardements des 18 et 19 mai 1940 et du 16 mars 1944. Ces tombes sont matérialisées par 250 croix noires en chêne d'1,50 m de haut et 5 cm de large, et une stèle commémorative rend hommage aux victimes civiles de 1939‑1945. Plusieurs tombeaux remarquables sont protégés au titre des monuments historiques, parmi lesquels la tombe de Jules Verne, œuvre du sculpteur Albert Roze, qui illustre le thème de la résurrection et bénéficie d'une inscription et d'un classement au titre des monuments historiques. La sépulture de Jules Verne, intitulée Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse, représente un personnage sortant du tombeau et s'inspire d'un monument funéraire réalisé à Paris ; elle attire de nombreux visiteurs. D'autres sépultures importantes évoquent des figures locales — Victor et Victorine Autier, Jules Barni, François‑Auguste Cheussey qui a aménagé le cimetière, la famille Corroyer, Albert Dauphin, la famille Duthoit, Abraham Fatton — certains de ces monuments étant inscrits ou classés au titre des monuments historiques. La concession de la famille Morgan de Belloy, acquise par Adrien Morgan de Belloy en février 1829, présente une pierre tombale posée en 1817 pour un enfant ; les corps de Jean‑Baptiste Morgan, de sa femme et de son gendre, initialement inhumés au cimetière Saint‑Honoré, ont été transférés en 1869. La sépulture Morgan de Belloy, décrite par S. Comte, est attribuée aux frères Duthoit et à l'entrepreneur Mangot fils ; elle a été restaurée par l'association Les Amis de la Madeleine et porte la signature des Duthoit frères. De nombreux autres monuments portent la marque d'artistes et d'entrepreneurs locaux, Albert Roze signant plusieurs bustes et bas‑reliefs et François‑Auguste Cheussey intervenant sur plusieurs tombeaux restaurés. Le cimetière conserve également des vitraux à iconographie religieuse réalisés par divers maîtres verriers et un important ensemble de décors en fonte et en fer forgé témoins du XIXe siècle. L'association Les Amis de La Madeleine, créée en 1985, veille à préserver le caractère romantique du site, à restaurer les tombes, à valoriser le patrimoine par des publications et des visites guidées, et à constituer un fonds documentaire. Le cimetière a fait l'objet d'inscriptions et de classements au titre des monuments historiques et reste un lieu de mémoire pour de nombreuses personnalités amiénoises. Il a également servi de décor pour le film La Rose de fer de Jean Rollin. Plusieurs ouvrages et ressources en ligne permettent d'approfondir la connaissance du site et de ses sépultures.