Origine et histoire
Le cimetière de Liers, généralement appelé cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, se situe au 8 rue Léo-Lagrange à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) et constitue la plus importante nécropole de l'émigration russe dans le monde. Il rassemble les sépultures de plusieurs milliers de personnes venues de Russie ou d'origine russe, les sources évaluant les effectifs entre environ 10 000 et 15 000, réparties sur environ 5 220 tombes. Implanté au sein du cimetière communal de Liers, il dépend administrativement de la commune, laquelle a décidé la création d'un nouveau cimetière en 1879 ; le site accueille toutes les confessions, avec notamment des tombes juives et musulmanes. La présence russe s'est accentuée avec la création de la Maison russe dans les bâtiments du château de la Cossonnerie par Dorothy Paget et Elena Kirilovna Orlova, à laquelle la princesse Vera Mechtcherskaïa a ensuite participé, et la première inhumation d'une pensionnaire en 1927, qui marque l'origine du « carré russe ». Le cimetière a reçu les dépouilles des émigrés fuyant la révolution bolchevique, ainsi que celles des réfugiés arrivés en France au milieu des années 1940 et dans les années 1970-1980. Le carré russe est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 31 janvier 2001. L'aménagement, qualifié « à la russe », associe petits bancs et cadre pastoral, avec bouleaux, pins, cèdres et épicéas qui évoquent le paysage russe. L'église orthodoxe Notre-Dame-de-l'Assomption, inaugurée en 1939, se trouve sur un terrain privé totalement indépendant du cimetière ; elle présente un toit vert, un bulbe bleu et un campanile de style novgorodien des XVe-XVIe siècles. Cette parcelle avait été acquise par l'archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale ; depuis 2019 elle dépend de la métropole de Doubna relevant du patriarcat de Moscou. L'église est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 1er juillet 1974. Les patriarches Alexis II et Cyrille, ainsi que le président Vladimir Poutine, se sont rendus au cimetière et y ont fleuri des tombes. Depuis 2005 la fédération de Russie finançait le paiement des concessions échues dont les ayants droit restaient introuvables pour éviter le déplacement des dépouilles ou la revente des emplacements, mais la mairie refuse ces flux financiers depuis la guerre menée par la Russie en Ukraine à partir de 2022. De nombreuses personnalités russes et françaises d'origine russe y sont inhumées : danseurs et chorégraphes comme Rudolf Noureev et Serge Lifar, cinéastes et acteurs tels qu'Andreï Tarkovski et Ivan Mosjoukine, ainsi que peintres et sculpteurs comme Serge Poliakoff et Zinaïda Serebriakova. Le cimetière accueille aussi des écrivains — parmi eux Ivan Bounine et Andreï Amalrik —, des architectes, des membres de la noblesse comme la princesse Irina Alexandrovna et le prince Félix Ioussoupov, ainsi que d'anciens officiers et hommes politiques de l'émigration. On y trouve par ailleurs des sépultures remarquables telles qu'Alexandre Petrovitch Fabergé, le photographe Sergueï Prokoudine-Gorski ou le violoniste Yoska Nemeth, ainsi que plusieurs carrés militaires et monuments dédiés aux régiments, cosaques et cadets. Des guides et inventaires existent, notamment deux volumes recensant 241 notices sur les quelque 5 220 tombes, ainsi que des études analysant l'histoire et les enjeux identitaires du site.