Origine et histoire du Cirque Jules-Verne
Le Cirque municipal d'Amiens, aujourd'hui nommé Cirque Jules-Verne, est situé place Longueville et inscrit au titre des monuments historiques depuis le 29 octobre 1975 pour ses façades et toitures. L'usage du site pour des constructions provisoires en planches remonte à 1845, lorsque la Foire de la Saint-Jean s'y tenait après le démantèlement des fortifications et la transformation de l'ancien bastion de Longueville en esplanade. Une Société du Cirque se constitue en 1865 pour encourager la construction d'un cirque en dur ; la ville fait toutefois édifier en 1874 un cirque provisoire en bois qui subsiste jusqu'à la fin des années 1880. Le projet d'un cirque permanent se concrétise en 1887 sous l'impulsion du maire Frédéric Petit, avec le soutien actif de Jules Verne, conseiller municipal et défenseur du projet. Les plans sont confiés à Émile Ricquier, architecte en chef du département de la Somme, qui s'inspire des cirques parisiens de Jacques Hittorff pour concevoir un édifice polygonal à seize pans. La construction, commencée en 1887, nécessite un emprunt municipal et des modifications importantes des devis initiaux ; le coût final atteint 815 630,30 francs. L'inauguration solennelle a lieu le 23 juin 1889 en présence de Jules Verne et d'autres personnalités. L'édifice reçoit en 1895 une cheminée élevée à l'arrière ; celle-ci est ensuite raccourcie et consolidée lors d'une campagne de restauration en 1958. Pendant la Première Guerre mondiale, le cirque subit des dommages : un obus endommage notamment la toiture, les buvettes et l'une des marquises de fer forgé. Malgré la disparition de nombreux cirques en dur en France au XXe siècle, celui d'Amiens conserve son enveloppe d'origine et continue d'accueillir des activités variées. Conçu pour être polyvalent, il a servi de cirque, de palais des congrès et de salle de spectacles pour meetings, fêtes, séances de cinéma, compétitions sportives et spectacles de variétés. De grands noms du cirque et du spectacle s'y sont produits, et le bâtiment a aussi été choisi pour des tournages cinématographiques, parmi lesquels Les Clowns de Federico Fellini, Roselyne et les Lions de Jean-Jacques Beineix et Les Équilibristes de Nico Papatakis. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, des émissions de télévision y sont tournées, et dans les années 1980 l'École de Cirque d'Amiens est créée avec le soutien d'Annie Fratellini. Une première campagne de restauration des façades a lieu en 1992, suivie au début des années 2000 d'une rénovation intérieure profonde conduite par les architectes Éric Dubosc, Marc Landowski et Michel Lefort pour un montant total de 3,04 millions d'euros. Les travaux mettent l'édifice aux normes modernes de confort et de sécurité tout en respectant son esprit d'origine : la capacité passe d'environ 3 100 à 1 700 places assises, les sièges sont remplacés mais conservent un velours rouge traditionnel, et les vitraux du lanterneau sont restaurés. Une œuvre picturale de l'artiste Ernst Caramelle orne désormais la coupole et évoque la toile des chapiteaux itinérants ; à l'issue des travaux, en novembre 2003, le bâtiment prend officiellement le nom de Cirque Jules-Verne et accueille le Pôle régional des arts du cirque. Le Cirque Jules-Verne est aujourd'hui un EPCC labellisé Pôle national cirque, qui propose chaque année une saison d'arts du cirque et une programmation accueillant également concerts et spectacles vivants. Depuis 2011, le Cirque, le Hangar pour les arts de la rue et l'École de Cirque forment un Pôle national cirque. Des travaux extérieurs d'envergure, engagés à partir de novembre 2016 pour lutter contre des infiltrations et restaurer les façades, ont représenté un chantier d'environ 1,6 million d'euros comprenant la restitution des couleurs d'origine des menuiseries et ferronneries, le remplacement de 120 ouvrants et la recréation d'une marquise disparue. Une lanterne d'origine a été réinstallée dans le hall après avoir été retrouvée à l'étranger et restituée au bâtiment. Le plan du cirque est un polygone à seize pans de 44 mètres de diamètre centré sur une piste circulaire de 13 mètres de diamètre, suffisante pour permettre à un cheval de courir au galop au bout d'une longe. Les fonctions usuelles — loges, écuries, selleries et magasins — ont été intégrées au rez-de-chaussée sous l'amphithéâtre afin de ne pas altérer l'enceinte principale. La façade principale, en avant-corps, porte l'inscription CIRQUE MUNICIPAL en lettres d'or sur fond de pierre blanche ; le tambour présente deux niveaux de baies rythmés par des contreforts coiffés de vases d'aération et se termine par un toit à seize versants convergeant vers un lanterneau zénithal. À l'intérieur, une charpente métallique apparente formée de seize poutres convergeant autour du lanterneau permet d'obtenir un volume sans appuis gênants pour le public, et l'ornementation d'origine, de style pompéien et éclectique, subsiste par endroits sous des décors plus récents. Le Cirque Jules-Verne est accessible place Longueville, à proximité du centre-ville et de la gare, desservi par plusieurs lignes de bus, doté d'un parking devant l'entrée et d'aménagements pour les personnes à mobilité réduite.