Origine et histoire du Cirque romain d'Arles
Le Cirque romain d'Arles, l'un des rares cirques fouillés du monde romain, est le plus vaste édifice antique de la cité. Il a été érigé à partir de l'année 149 et est classé au titre des monuments historiques depuis 1992. Situé au sud‑ouest d'Arles, près du Rhône, il occupe un terrain marécageux dont la construction a exigé environ 30 000 pieux en bois de 2,50 à 3 m pour l'assise. Bâti au IIe siècle, le cirque était destiné principalement aux courses de chars ; on y tenaient aussi des combats de cavalerie et des venationes, sortes de chasses. Monument imposant de 450 m de long sur 101 m de large, il pouvait accueillir jusqu'à 20 000 spectateurs. L'édifice s'organisait autour d'une vaste piste damée, l'area, séparée en son centre par la spina ornée de sculptures, d'un obélisque et de bassins, et bordée à ses extrémités par les metae que contournaient les concurrents. La piste était protégée des spectateurs par le podium, et les gradins reposaient sur une structure modulaire similaire à celle d'un amphithéâtre. Le départ se faisait depuis les carceres, situés dans la partie convexe, dont les stalles de départ avaient des portes à ressort. Après son abandon et les destructions de la fin du VIe siècle, il ne subsiste que peu de vestiges ; certains éléments ont été réemployés pour renforcer les remparts ou bâtir des constructions privées, et quelques pièces sont conservées au Musée départemental Arles antique. Aujourd'hui, en contrebas du musée, on peut encore voir des restes de la substruction de la cavea et l'extérieur de la sphendonè, l'extrémité arrondie du cirque. L'obélisque de la spina, transporté au XVIIe siècle sur la place Royale — l'actuelle place de la République — en l'honneur de Louis XIV, est toujours visible devant l'hôtel de ville. Le cirque témoigne d'une importante extension urbaine et montre la continuité des aménagements entamés à l'époque flavienne, notamment la construction des arènes vers 80, jusqu'à l'époque d'Antonin le Pieux, à l'apogée de l'Empire. Le bâtiment a connu de profonds remaniements au IVe siècle ; les fouilles ont montré que la spina avait été partiellement détruite puis rénovée avec un nouveau plaquage de marbre et un obélisque. Au Ve siècle, probablement après le transfert de la préfecture des Gaules de Trèves à Arles en 407 et l'accroissement démographique qui s'ensuivit, de petites habitations se développent autour du cirque. Au début du VIe siècle, Saint Césaire, évêque d'Arles, évoque le site dans ses sermons pour condamner l'attrait des Arlésiens pour les spectacles païens ; le cirque est encore fréquenté en 536 quand les rois francs s'établissent en Provence et ses dernières représentations connues ont lieu peu avant 550. Au milieu du VIe siècle, insécurité et épidémies de peste provoquent un repli de la population vers le centre‑ville : l'abandon du monument favorise son pillage pour matériaux et son enfouissement sous les alluvions de la crue de 580. Oublié pendant plus d'un millénaire, l'obélisque est mentionné à la fin du Moyen Âge comme une curiosité dont l'origine reste mal connue, et les vestiges du cirque sont exhumés aux XVIIe et XIXe siècles avant d'être fouillés plus profondément au siècle suivant.