Patrimoine classé
La Citadelle Miollis et l'ensemble foncier appartenant à l'État contenu dans l'enceinte de la citadelle, les édifices contenus dans l'enceinte de la citadelle, numérotés et décrits sur le plan annexé n°2 à savoir : n°1 (anciennes cuisines), n°2 (casernes adossées, dont la cellule Fred Scamaroni), n°3 (château génois), n°4 (ancienne caserne génoise surélevée), n°5 (poudrière et maçonnerie attenantes), n°6 (corps de garde), n° 7 (maison du gouverneur), n°8 (manutention), n°9 (logements attenants à la manutention), n°10 (pavillon des officiers), n°11 (pavillon du général), n°121 (chapelle), n°13 (phare du XIXème siècle dominant la baie), n°14 (redoute sud sur le domaine maritime), leurs cavités contenues dans l'enceinte de la citadelle, numérotées et décrites sur le plan annexé n°3 à savoir : n°1 (souterrain du corps de garde), n°2 (souterrain nord), n°3 (maison du gouverneur), n°4 (redoute nord), n°5 (citerne du donjon), n°6 (casemates), n°7 (sous-sol de la tour), n°8 (citernes), n°9 (cavités de la redoute sud), n°10 (souterrain sud) (cad. BY 34, 35, 36, 37, 38, 39, 283, 284) : inscription par arrêté du 9 octobre 2017
Origine et histoire
La citadelle Miollis, à Ajaccio, est un ouvrage militaire principalement construit au XVIe siècle pour contrôler la baie. Un premier établissement appelé Castel Vecchio avait été détruit par les Angevins au XIIIe siècle. Une tour d'origine génoise, probablement construite entre 1487 et 1488, semble avoir été intégrée à l'ensemble ultérieur. En 1453, la république de Gênes confia l'administration de la Corse à l'Office de Saint-Georges, qui reprit le contrôle de l'île en 1483 et chercha à établir des points d'appui faciles à défendre et à ravitailler par mer. Après hésitation entre le golfe de Sagone et celui d'Ajaccio, une commission visita le site en 1491-1492 sous la direction de Domenico de Negroni, assisté de l'architecte lombard Cristofaro de Gandino. Les Génois avaient déjà élevé un fort au XIIIe siècle, abandonné au XIVe, et la commission choisit finalement la Punta della leccia, protégée par la mer sur trois côtés et proche d'un mouillage pour vaisseaux de fort tonnage. Les premiers ouvriers débarquèrent le 15 avril 1492 ; la première pierre fut posée le 30 avril et le bastion terminé le 5 mai. Cet état initial comprenait une tour carrée d'une dizaine de mètres, des baraques pour les troupes, des fossés, des courtines sans flanquements et un bastion, d'allure plutôt médiévale. Des familles corses fidèles à Gênes, comme les Ornano et les Pozzo di Borgo, s'installèrent à proximité, et en 1502 la république fit entourer le nouveau quartier de murailles et creuser un fossé dans le rocher. En 1553 la citadelle fut occupée par les troupes françaises commandées par Paul de La Barthe de Thermes, avec l'aide de Sampiero Corso, et la place fut transformée sous la direction de Giordano Orsini. La Corse fut rendue à Gênes par les traités du Cateau-Cambrésis en 1559 ; l'Office de Saint-Georges récupéra l'île en 1559, puis le Sénat de Gênes en 1562. À partir de 1559, face à la menace des vaisseaux turcs, la République décida de renforcer ses fortifications ; craignant particulièrement les attaques après l'ambassade de Sampiero Corso auprès du Grand Turc en 1562-1563, elle fit appel à l'ingénieur Giovan Giacomo Paleari Fratino. Fratino arriva le 29 janvier 1563 accompagné du colonel Giorgio Doria ; il opéra une coupure entre la citadelle et la ville en détruisant d'anciens murs, une vingtaine de maisons et deux églises, dont Santa Croce, ancienne cathédrale d'Ajaccio. Il mit au point un système de tours pour protéger la côte et conçut la première tour Martello à la pointe de Mortella. La nouvelle porte de la ville, le rastello, ne fut réalisée que dans les années 1570 et la tour du Diamant transformée en bastion en 1584. Les troubles de Pâques de 1792 débutèrent le 8 avril après une dispute lors d'une partie de quilles, qui dégénéra à la suite de l'intervention de gardes nationaux ; Napoléon Bonaparte, récemment élu lieutenant-colonel en second, fut au centre des événements. Des tirs partirent de la tour Saint-Georges le 9 avril sur des fidèles sortant de la messe, faisant cinq morts, et d'autres gardes occupèrent le couvent des capucins et la tour des Génois, qui commande la route de Corte. Certains gardes cherchèrent à s'emparer de la citadelle, tandis que le colonel François-Charles de Maillard et les 500 hommes du 42e régiment stationnés dans la citadelle rétablirent progressivement le calme avec l'aide de commissaires envoyés par le Directoire du département. Les députés corses à l'Assemblée législative, Pozzo di Borgo et Peraldi, imputèrent les troubles à Napoléon. L'État a officialisé la cession de la citadelle à la commune le 4 juillet 2014 par la signature d'un contrat, puis un protocole d'accord portant transfert de propriété du ministère de la Défense à la ville d'Ajaccio a été signé le 17 avril 2015. La citadelle a été classée monument historique en totalité par arrêté du 5 septembre 2012, après que différentes de ses composantes eurent été classées en 1914, 1921 et 1934, et sa restitution à la commune engage des efforts importants en matière de revalorisation du site.