Origine et histoire de la Citadelle
La citadelle d'Entrevaux occupe un éperon rocheux dominant le village, dans un méandre du Var. Le site est accessible uniquement par un chemin piéton de 800 mètres, composé de neuf rampes et présentant un dénivelé de 156 mètres. Le pont qui en permet l'accès a été construit entre 1655 et 1658 pour remplacer un ouvrage plus en aval emporté par une crue le 8 septembre 1651 ; il a été réalisé par les maîtres maçons niçois Étienne Pino et Jean-Baptiste Chiarra pour la somme de 950 livres, avec des pierres extraites à proximité de la chapelle Saint-Clair. À l'origine, le pont-levis constituait le seul élément défensif intégré au franchissement ; des ouvrages aux deux têtes furent ajoutés lors des travaux entrepris par Vauban à partir de 1690. Le site fut habité dès l'Antiquité par la cité de Glanate, située quelques mètres en aval, puis la population migra au Moyen Âge vers l'emplacement actuel, jugé plus facile à défendre et à fortifier. Les barons de Glandevès lièrent durablement leur destin à celui du comté de Provence. Devenue ville frontière entre la Savoie et la Provence, Entrevaux connût une vocation militaire qui dura cinq siècles, jusqu'au rattachement du comté de Nice à la France en 1860. En 1536, l'armée de Charles-Quint envahit la Provence et prend la ville en août ; un mois plus tard, la population se soulève après qu'un barbier a tué le gouverneur espagnol pendant qu'il le rasait, ce qui déclencha la révolte générale, permit de remonter les ponts-levis et aboutit au massacre de l'occupant à l'intérieur de la cité. Après la victoire en septembre de la même année, le dauphin puis le roi déclarèrent Entrevaux « ville royale » et l'exemptèrent des tailles, emprunts, services et devoirs. Les remparts de la citadelle furent renforcés en 1624 par Richelieu, puis le bastion et diverses fortifications furent consolidés par Vauban entre 1683 et 1702. En 1704, pendant la guerre de Succession d'Espagne, la forteresse résista aux assauts des troupes du duc de Savoie, allié de l'empereur d'Autriche. Jusqu'en 1860, la ville et sa citadelle constituèrent une frontière vers la vallée du Var et jouissaient d'une réputation d'inexpugnabilité fondée sur leurs exploits passés et leur architecture. Durant la Première Guerre mondiale, le fort accueillit des officiers allemands prisonniers, marquant sa dernière mission militaire. L'édifice a été classé et inscrit au titre des monuments historiques en 1921, 1927 et 1937.