Période
XIe siècle, XIIIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties bâties et non bâties de la citadelle (cad. AW 1 à 13, 15, 17, 19 à 21, 23, 58, 61 à 63, 66, 67) : classement par arrêté du 11 mai 2009
Origine et histoire de la Citadelle
La citadelle de Blaye domine l'estuaire de la Gironde et forme un vaste ensemble fortifié en hémicycle, ceinturé par des courtines, quatre bastions, trois demi-lunes, des fossés et des glacis. Le site, occupé par des fortifications dès l'Antiquité et attesté par un premier château au VIIe siècle, a largement conservé ou intégré des vestiges plus anciens dans ses sous-sols. La forteresse telle qu'on la connaît résulte d'un important chantier mené à la fin du XVIIe siècle sous la supervision de Vauban et réalisé par l'ingénieur François Ferry ; elle comprend des bastions à orillons, des demi-bastions en bordure de la Gironde, ainsi que deux portes monumentales précédées de ponts et de demi-lunes. Conçue pour contrôler la navigation sur l'estuaire, la citadelle faisait partie d'un dispositif comprenant le fort Paté sur l'île Pâté et le fort Médoc sur la rive opposée, formant le « verrou de l'estuaire ». À l'intérieur, l'enceinte fonctionne comme une caserne organisée autour d'une place d'armes, du couvent des Minimes et de plusieurs casernements destinés au logement de la troupe. Plusieurs éléments médiévaux subsistent dans l'ensemble, notamment le château des Rudel (XIIe siècle), la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) et la tour de l'Éguillette (XVe siècle). Les travaux de la citadelle ont entraîné la destruction d'une grande partie de la ville médiévale et de l'ancienne basilique Saint-Romain, dont des ruines ont été mises au jour au XXe siècle. La citadelle a servi à divers usages militaires et politiques : prison pour prêtres réfractaires pendant la Révolution, lieu d'internement de la duchesse de Berry en 1832–1833, et lieu de détention après le coup d'État de 1851. Elle a également subi un siège en 1814 lorsque des forces britanniques bombardèrent la place avant la cessation des hostilités liée à l'abdication de Napoléon. Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dans l'entre-deux-guerres, la citadelle a échappé à la démolition partielle grâce à une mobilisation locale ; ses fortifications et glacis furent classés monument historique en 1937. L'ensemble a été inscrit en 2008 au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des Fortifications de Vauban et l'intégralité du site a été classée monument historique en 2009 ; il est aussi reconnu comme site majeur d'Aquitaine. Aujourd'hui, la citadelle conserve tous ses bâtiments et accueille des activités culturelles et touristiques, marchés et manifestations, ainsi qu'un jumping international annuel depuis 1977. L'accès se fait par deux portes principales, la porte Dauphine et la porte Royale, chacune précédée d'un pont dormant en pierre et d'une demi-lune ; ces ponts datent d'une campagne de modernisation du XVIIIe siècle. Les bastions, ordonnés pour permettre des tirs croisés, sont plantés d'arbres en quinconce et portent les noms de bastion des Cônes, bastion du Château, bastion Saint-Romain et bastion du Port. Le bastion dit « des Pères » ou « du Port », aménagé sur les plans de Vauban, est bordé d'échauguettes en pierre et accueille depuis 1974 un petit vignoble, le « Clos de l'échauguette ». Le couvent des Minimes, désacralisé, comprend une église, un clocher couronné d'un dôme, des bâtiments conventuels et un cloître avec des voûtes portant des traces de décor peint. L'ancien hôpital de siège, aménagé en 1739, est semi-enterré et réparti sur trois niveaux avec des casemates en sous-sol et des salles de soins aux étages ; il conserve des vestiges d'une barbacane médiévale. L'ancien château des Rudel, intégré par Vauban et transformé en logis pour les gouverneurs, est en cours de restauration après un état d'abandon au XIXe siècle. Le bâtiment de la manutention, anciennement prison puis boulangerie, abrite aujourd'hui le musée archéologique et un musée de l'estuaire, qui présentent objets et vestiges issus des fouilles locales, tels que modillons, chapiteaux et céramiques. Divers aménagements intérieurs accueillent aujourd'hui locaux associatifs, ateliers d'artisans, commerces et logements, faisant de la citadelle une « ville-close » vivante. Le site a servi de décor à des tournages, notamment pour le film La Menace en 1977 et pour des séquences de l'émission Secrets d'Histoire en 2020.