Citadelle de Doullens dans la Somme

Patrimoine classé Patrimoine défensif Citadelles

Citadelle de Doullens

  • N25
  • 80600 Doullens
Citadelle de Doullens
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Citadelle de Doullens
Crédit photo : Markus3 (Marc ROUSSEL) - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Patrimoine classé

Ensemble des fortifications ; façades et toitures du logis du gouverneur ; porte royale avec les vestiges du pont dormant correspondant ; porte de secours de l'ancien château (cad. AE 46, 47) : inscription par arrêté du 17 juillet 1978

Origine et histoire de la Citadelle

La citadelle de Doullens, dans la Somme, est l’un des plus remarquables ensembles d’architecture militaire d’époque moderne du Nord de la France, antérieur à l’œuvre de Vauban. Sa création s’inscrit aux XVe et XVIe siècles dans un contexte d’affrontements entre le royaume de France et les territoires bourguignons devenus habsbourgeois, alors que la généralisation de l’artillerie rendait obsolètes les fortifications médiévales. Après la guerre de Succession de Bourgogne, Doullens devient ville frontière et, en 1523, l’artillerie française occupe un retranchement élevé par Antoine de Créquy. François Ier ordonne la construction, en 1530, d’une citadelle de grès confiée à Robert Mailly, qui édifie une forteresse à quatre bastions à orillons et flancs casematés, disposition typique des années 1530-1540 ; François Ier puis Henri II surveillent l’avancement des travaux. Bâtie au pied du confluent de la Grouche et de l’Authie, entre la côte d’Amiens et les collines de l’Artois, la citadelle devient au XVIIe siècle l’une des plus vastes de France. En 1599, Henri IV confie à Jean Errard l’agrandissement et le renforcement du front sud‑ouest par une seconde ligne de défense composée de trois bastions de brique avec chaînage de pierre, illustrant le système d’Errard aux flancs à angle aigu. L’intervention de Vauban sur la citadelle fait l’objet d’un débat : Paul Rudet avance qu’il n’intervient que pour les derniers travaux, tandis que le colonel Pierson estime qu’il n’est jamais venu et s’est limité à donner des directives. Après le rattachement de l’Artois à la France, la citadelle perd son rôle militaire et se transforme en lieu de détention : assignation à résidence, prison d’État, maison de préservation pour jeunes filles, puis prison pour femmes. Au XIXe siècle, Auguste Blanqui, Armand Barbès, Victor de Persigny, Proudhon et François‑Vincent Raspail y furent détenus ; Charles Jeanne y meurt de la tuberculose en 1837. Pendant la Première Guerre mondiale, située à environ 30 km de la ligne de front, la citadelle sert d’hôpital militaire canadien et subit dans la nuit du 29 au 30 mai 1918 un bombardement allemand qui provoque la mort de deux chirurgiens, trois infirmières, seize membres du personnel médical et onze patients. En 1940 elle fonctionne comme Frontstalag, détenant plusieurs milliers de soldats français et britanniques, et de 1941 à 1943 elle est utilisée comme camp d’internement français ; à partir de 1943 les Allemands construisent un blockhaus pour un poste de commandement de missiles V1. De mars à avril 1944, la citadelle accueille plus de 2 500 déportés provenant de Buchenwald, rattachés au commando extérieur SS‑Baubrigade V placé sous l’autorité du commandant SS Gerhard Weigel. C’est du haut des remparts qu’Albertine Sarrazin s’échappe en avril 1957, récit qu’elle relate dans son roman L’Astragale, adapté au cinéma en 1968 par Guy Casaril et en 2015 par Brigitte Sy ; une enquête publiée en 2024 par Gilles Prilaux et Margot Lepage a retracé son parcours à partir d’archives. Après l’indépendance de l’Algérie, en 1962, 83 familles de harkis rapatriées sont logées dans les locaux du ministère de la Justice de la citadelle, derniers occupants du site ; des témoignages décrivent un lieu inadapté, sans eau ni électricité et soumis à un contrôle militaire, et une version parlementaire validée en 2022 reconnaît ces conditions indignes et demande pardon aux personnes enfermées, la citadelle étant désormais reconnue comme un camp. À partir de 1973, l’association Les Amis de la citadelle mène une campagne de débroussaillage et de nettoyage, et le site, propriété du Conseil départemental de la Somme depuis 1978, a été géré par la communauté de communes du Doullennais puis, depuis le 1er janvier 2018, par l’Établissement public de coopération culturelle Somme Patrimoine ; l’association La Citadelle et Les Amis de Somme Patrimoine ont organisé des nettoyages des fossés et d’ouvrages avec des jeunes et des scouts, et des travaux sont en cours, financés par le département. Des visites guidées, limitées et sur réservation, permettent de découvrir l’intérieur de la citadelle, ses murailles de grès, ses bastions en as de pique, ses anciennes prisons pour femmes et son réseau de galeries de contre‑mines, avec un dispositif sonore pour une immersion historique. Le site accueille des manifestations culturelles et sportives variées : les Journées doullennaises des jardins d’agrément le dernier week‑end de mai, un hommage aux victimes du bombardement de 1918 avec la plantation d’un érable du Canada, les Pages historiques (festival multi‑époques), les Journées européennes du patrimoine en septembre, des courses extrêmes comme celles organisées par Devil Ride, ainsi que des concentrations de voitures anciennes, festivals de musique, expositions (dont celle sur Albertine Sarrazin en 2015), publications et concours (livret sur l’histoire de la citadelle en 2016, dictionnaire illustré des prisonniers et prisonnières par Fabrice Dehaene en 2021 primé par le Crédit Agricole et distingué par plusieurs hautes autorités, concours de poésie en 2021), des ouvrages récents sur l’évasion d’Albertine Sarrazin et un recueil de cartes postales édité en 2024 ; le site accueille aussi des épreuves sportives telles que championnats de VTT, de motocross et de tir.

Liens externes