Origine et histoire de la Citadelle
Les fortifications de Port-Louis comprennent une citadelle et une enceinte urbaine qui ferment l'accès de la rade de Lorient. Les premières intentions de défense remontent à 1486, date à laquelle le duc François II proposa d'édifier une tour à la pointe de la presqu'île, mais le projet resta en sommeil après sa mort. Au tournant des guerres de la Ligue, la place prit une importance stratégique : occupée par les troupes du duc de Mercœur puis par des forces espagnoles, elle fut dotée à la fin de 1590 d'un fort commencé par l'architecte Cristóbal de Rojas, avec des bastions à orillons et flancs casematés. Les Espagnols occupèrent la citadelle jusqu'au traité de Vervins en 1598 ; une destruction partielle fut alors ordonnée par le maréchal de Brissac, mais des éléments comme deux bastions, une courtine et des casernes subsistèrent. La citadelle fut reconstruite au début du XVIIe siècle sous l'autorité de Louis XIII, son achèvement étant situé entre 1616 et 1622, et elle conserva son rôle défensif pendant les siècles suivants. En 1636 Richelieu fit édifier une demi-lune au débouché du grand port, ouvrage achevé par Charles de la Meilleraye en 1643, et l'enceinte urbaine fut bâtie entre 1649 et 1653. La Compagnie des Indes s'implanta dans la rade en 1666, contribuant à l'intérêt stratégique de Port-Louis et à la création de Lorient ; la citadelle devint alors un poste avancé de défense. Des aménagements utiles en temps de siège — citernes, puits, jardins potagers — furent réalisés au XVIIIe siècle, tandis que peu d'évolutions majeures eurent lieu jusque‑là. Au XIXe siècle des transformations importantes affectèrent une partie des remparts et bastions, notamment l'établissement en 1850 d'une rampe d'accès reliant la porte de la Pointe à la place aux canons. La grande poudrière, située face à la tour de Nesmond, fut construite de 1750 à 1752 sur les plans de Félix‑François Le Royer de la Sauvagère par l'entrepreneur Jacques Robinet dit Bourbonnais et son associé Gallen ; son décor de pignon réalisé par François Gourier du Rocher portait les armes de la duchesse de Mazarin, grattées en 1792. Cet édifice rectangulaire en granite, enfermé dans une enceinte et voûté d'un berceau maçonné en briques, stockait les poudres des forts et des vaisseaux en escale pour une capacité de 120 000 livres et constitue un exemple représentatif des poudrières du XVIIIe siècle. Vauban n'intervint que dans la basse‑cour, où furent édifiés plus tard l'arsenal et le parc à boulets. La citadelle a continué à servir à la défense de la rade jusqu'à la Seconde Guerre mondiale — elle fut occupée par les Allemands de 1940 à 1945 — puis à la surveillance du trafic maritime ; les derniers militaires ont quitté les lieux en 2007. Aujourd'hui l'ensemble fortifié abrite le musée de la Compagnie des Indes, le musée national de la Marine de Port‑Louis et des annexes consacrées au sauvetage en mer. La citadelle et les remparts sont protégés au titre des monuments historiques depuis le 29 avril 1948. Architecturalement, le site présente portes, ponts d'accès, bastions, échauguettes, remparts et bâtiments de la cour, offrant des perspectives variées depuis la rade, le chenal et Larmor‑Plage.