Origine et histoire de la Citadelle
La citadelle de Saint‑Tropez, de type « pré‑Vauban » et remontant au début du XVIIe siècle, abrite aujourd’hui le musée d’histoire maritime de la ville. Le donjon est classé monument historique depuis le 12 décembre 1921, l’enceinte depuis le 4 juillet 1995 et le glacis de la contrescarpe a été inscrit le 23 août 1990.
Après la décadence de la ville à la fin du XIVe siècle, le roi René confia la baronnie de Grimaud au sénéchal Jean Cossa, qui fit appel au Génois Raphaël de Garezzio pour repeupler Saint‑Tropez. Raphaël de Garezzio arriva le 14 février 1470 avec soixante familles génoises ; Jean Cossa lui céda ses droits et la convention, ratifiée par le roi le 18 janvier 1472, accorda aux habitants libertés et exemptions. Une première enceinte protégea le port, dont subsiste la tour Vieille, et les remparts résistèrent au connétable de Bourbon en 1524. L’accroissement de la population entraîna en 1534 la construction d’une enceinte bastionnée en terre, qui permit de repousser les attaques barbaresques de 1556. En 1564 Pierre de Renaud fit édifier la tour du Portalet par des maçons venus d’Antibes.
En 1583 une première fortification fut élevée sur les collines des moulins dominant la ville et le golfe, destinée à défendre la côte contre pirates, corsaires et Ottomans. Lors des guerres de Religion la place fut l’objet de luttes de pouvoir : la citadelle, occupée par des ligueurs, fut reprise par les Tropéziens puis démolie en 1596 sur ordre du parlement de Provence. Pour la remplacer, Henri IV envoya l’ingénieur Raymond de Bonnefons qui, entre 1602 et 1607, fit édifier le donjon hexagonal actuel avec une vaste cour intérieure, un pont‑levis, une plate‑forme d’artillerie et trois tourelles circulaires. La grande enceinte bastionnée, dotée de douves et de contrescarpes, fut achevée dans les années 1620 et résista, pendant la guerre de Trente Ans, à une attaque de 21 galères espagnoles le 15 juin 1637.
Un édit royal de 1649 institua la lieutenance générale d’Amirauté de Saint‑Tropez, avec une circonscription et des officiers pour gérer le port, principale ressource entre Toulon et Antibes. En 1652 la citadelle fut brièvement prise par les Frondeurs puis reprise le 8 août 1652 par le duc de Mercœur, qui confia sa garde au marquis de Castellane‑Grimaud. Le 20 juillet 1672 Louis XIV supprima les privilèges de Saint‑Tropez. Au XVIIIe siècle Vauban apporta quelques aménagements, attestés par un plan en relief daté de 1716, et une chapelle plus vaste fut construite. À partir de 1749 Simon Claude Grassin de Glatigny prit le commandement ; la garnison fut ensuite composée d’une compagnie d’invalides, liée par ordonnance de 1764 à la Grosse tour de Toulon.
En 1918 la citadelle quitta le domaine militaire pour le domaine privé de l’État. Le donjon fut transformé en musée naval en 1958. La commune acquit la citadelle en 1992. Le musée, qui présentait le patrimoine naval tropézien de l’Antiquité à l’époque contemporaine sur une dizaine de salles, ferma en 2002 pour restauration. Un projet de nouveau musée municipal fut lancé en 2008 ; après dix ans de travaux, de recherches et d’acquisitions, le musée d’histoire maritime de Saint‑Tropez ouvrit ses portes le 24 juillet 2013.