Origine et histoire
La citadelle du Château-d'Oléron, édifiée entre 1630 et 1704, protège la partie méridionale de l'île d'Oléron et constitue l'un des principaux monuments historiques de la ville. Le site est fortifié dès le XIe siècle et un château-fort, fréquenté par la duchesse Aliénor d'Aquitaine au XIIe siècle, y existait ; c'est à l'issue de son séjour qu'elle ordonne la publication des rôles d'Oléron. L'ancien château, probablement ruiné au milieu du XVIe siècle lors des conflits entre catholiques et protestants, est remplacé au début du XVIIe siècle par un ouvrage bastionné ordonné par le cardinal de Richelieu. Entre 1630 et 1640 l'ingénieur Pierre d'Argencourt construit un dispositif triangulaire cantonné de deux bastions tournés vers la ville, embryon de l'actuelle citadelle. La place est jugée insuffisante et, sous l'autorité de Louis Nicolas de Clerville puis d'ingénieurs successifs, elle fait l'objet d'importants agrandissements et de renforcements défensifs. Sébastien Le Prestre de Vauban intervient à partir de 1685 et élabore des projets que François Ferry reprend et modifie : on rase l'enveloppe de Clerville, on construit des ouvrages à cornes et l'on démolit une partie orientale du bourg pour dégager la forteresse, mais certains travaux s'effondrent ou restent inachevés et les chantiers s'arrêtent définitivement en 1704. La guerre exige des mobilisations massives de main-d'œuvre à la fin du XVIIe siècle, entraînant la destruction d'une large partie de la ville médiévale, y compris deux églises et un couvent ; l'hiver 1689-1690 provoque de nombreux décès parmi les ouvriers et impose des révisions de l'ouvrage, comme le remplacement d'un bastion par une demi-lune. À partir de 1691 Vauban prévoit un nouvel agrandissement avec tours bastionnées, contre-garde et chemins couverts, opérations poursuivies par Ferry, avec réalisation du glacis vers 1695 et création d'une ville neuve organisée en damier autour d'une place d'armes, l'enceinte urbaine commençant en 1699. La citadelle sert ensuite de casernement, de batterie et de lieu d'entraînement et d'embarquement pour des troupes destinées à la Nouvelle‑France, accueillant notamment des soldats de l'Acadie et de la Louisiane. Par la suite on aménage un magasin à poudre Saint-Nicolas, les parapets sont remaniés vers 1860 et la place subit de nouveaux renforcements au XVIIIe siècle sous la conduite du marquis de Montalembert. Transformée en prison pendant la Terreur puis de nouveau en 1870, elle retrouve un rôle militaire et abrite une garnison jusqu'en 1911 ; son armement est enlevé en 1914-1915. Occupée par la Wehrmacht en 1940, la citadelle est gravement endommagée lors d'un bombardement allié le 17 avril 1945. Elle fait l'objet de campagnes de restauration de 1959 à 1971, puis d'interventions reprises à partir de 1988. Classée monument historique par arrêté du 14 juin 1929, elle voit toutefois deux éléments déclassés par décret du 8 février 1935. Établie sur un relief dominant l'océan et les terres basses des marais, la citadelle conserve les traces de ces différentes campagnes de construction, ainsi que plusieurs bâtiments, bastions et casemates. La Porte Royale, sans doute édifiée vers 1640, présente des armes attribuées au cardinal de Richelieu ; elle est précédée d'un pont dormant et d'une demi-lune. La cour principale s'organise autour de l'arsenal, un corps de bâtiment longitudinal du XVIIe siècle qui comprenait un magasin aux vivres, un magasin aux farines, une chapelle et, à droite du portail, le logis du gouverneur. Les bastions de la Brèche et Royal, de part et d'autre de l'arsenal, accueillent des expositions et manifestations culturelles, tandis que l'ancien magasin à poudre, isolé au sud de la citadelle, marque l'entrée principale. L'Arsenal, achevé en octobre 2015, abrite aujourd'hui une salle de spectacle de 250 places, une salle de réception avec vue sur la mer et une salle d'exposition modulable, et depuis 2014 le parcours de la citadelle est ponctué de personnages historiques sculptés par Alain Nouraud.