Période
4e quart XIVe siècle, 2e quart XVIe siècle, 1er quart XVIIe siècle
Patrimoine classé
La porte Montre-Ecu (François Ier) : classement par liste de 1840 ; L'ensemble des parties subsitantes du ravelin ou boulevard dit de François Ier ou de Montrécu, ou Montre-Ecu, comprenant notamment : les parties conservées en élévation de part et d'autre de la route d'accès à l'avenue du Général-de-Gaulle ; au sud, la porte dite de François Ier et la salle des gardes ou boulangerie contiguë ; au nord, les maçonneries conservées sous un talus, ainsi que les maçonneries et la galerie de contre-mine souterraine s'étendant sous la porte de François Ier, sous la boulangerie et sous l'ancienne place d'armes de la citadelle, figurant au cadastre section BV, parcelle n°1, telles que représentées par un liseré rouge sur le plan annexé à l'arrêté : arrêté de classement du 4 juin 2015 ; L'ensemble des parties subsistantes du ravelin ou boulevard dit de François Ier ou Montre-Ecu, comprenant notamment : les parties conservées en élévation de part et d'autre de la route d'accès à l'avenue du Général-de-Gaulle ; la porte dite de François Ier et la salle des gardes ou boulangerie contiguë ; les maçonneries conservées sous un talus, ainsi que les maçonneries et la galerie de contre-mine souterraine s'étendant sous la porte de François Ier, sous la boulangerie et sous l'ancienne place d'armes de la citadelle (cad. BV 294) : classement par arrêté du 7 novembre 2016
Origine et histoire
Le site de la citadelle d'Amiens est occupé depuis l'époque gallo-romaine : des fouilles menées de 2011 à 2015 ont révélé un quartier suburbain des Ier‑IIIe siècles et une nécropole de la fin de l'Empire romain. À la fin du Moyen Âge la ville s'étendit vers le nord et la porte Montre-Écu, intégrée au rempart, fut édifiée en 1390 ; en 1471 Louis XI la fit renforcer par un bolvert. Au XVIe siècle François Ier fit édifier au nord de cette ancienne porte un ravelin et une porte richement sculptée, dite porte François Ier, dont la décoration se situe dans les années 1524‑1531. Confronté à la menace espagnole, Henri IV chargea Jean Errard de renforcer les défenses ; Errard intervint à la fin du XVIe siècle, approfondit fossés et bastions et conserva certaines fortifications anciennes. La ville, prise par les Espagnols le 11 mars 1597 grâce à un stratagème, fut assiégée et reprise par les troupes françaises le 25 septembre 1597. Après la reddition, Henri IV ordonna la construction d'une citadelle confiée à Jean Errard, ce qui entraîna l'abattage d'une partie de l'habitat et des remparts et l'installation d'une garnison; la ville perdit ainsi certaines de ses libertés communales. L'ouvrage, réalisé principalement entre 1598 et 1610 et achevé en 1622, a la forme d'un vaste pentagone à cinq bastions, entouré de larges fossés et ceint d'un chemin couvert ; la porte royale, construite en 1620, resta l'entrée principale jusqu'en 1859. L'ancienne porte Montre-Écu perdit ses tours et fut arasée au-dessus de ses voûtes pour servir d'assise au logis du gouverneur, construction commencée au début du XVIIe siècle et vraisemblablement reprise aux XVIIe‑XIXe siècles. Après la Paix des Pyrénées (1659) la citadelle perdit une grande partie de son intérêt stratégique et Vauban jugea inutile d'y apporter des perfectionnements ; la démolition d'une partie de l'enceinte ne fut autorisée qu'en 1788. Lors de la guerre de 1870, les Prussiens entrèrent dans Amiens le 28 novembre ; la citadelle, tenue par une garnison réduite, capitula le 1er décembre 1870. En mai 1940 la citadelle fut le dernier point de résistance lors de l'entrée des troupes allemandes ; pendant l'occupation elle servit de lieu de détention, de torture et d'exécution : 35 résistants y furent fusillés entre novembre 1940 et août 1944, et des prisonniers, y compris des Juifs du département, y furent détenus avant transfert. Dans les années 1960 des harkis et leurs familles furent rapatriés d'Algérie et près de 800 d'entre eux furent installés dans des conditions précaires à la citadelle jusqu'en 1965, selon un rapport préfectoral de 1964. De 1871 à 1979 la citadelle fut un site de garnison pour diverses unités, dont des bataillons de chasseurs et des régiments d'infanterie ; l'armée a ensuite transféré le site à la ville d'Amiens. Au XXe siècle l'ouvrage a été mutilé par la destruction de deux bastions pour permettre le percement d'une grande voie, et seuls trois des cinq bastions originels subsistent. La porte du ravelin dite Montre‑Écu a été classée parmi les monuments historiques dès 1840 ; les fortifications, la porte royale, la porte Montrescu et le logis du gouverneur ont été inscrits en 1978, et des parties du ravelin, y compris des maçonneries et galeries souterraines, ont fait l'objet d'un classement complémentaire en 2016. Des galeries et salles souterraines constituent une ZNIEFF de type 1 (4 500 m²) abritant environ 70 chiroptères en hibernation, dont des murins à oreilles échancrées protégés au plan national et au titre de la directive « Habitats » ; le suivi de la colonie est assuré depuis 2008 par Picardie Nature et le Conservatoire d'espaces naturels, et des accès protégés ont été aménagés. Rachetée à l'armée par la ville et couvrant 18 hectares aux portes du centre, la citadelle a été rénovée sous la direction de Renzo Piano pour accueillir un pôle universitaire : environ 5 000 étudiants du pôle « humanités » y ont pris place à la rentrée de septembre 2018, tandis que les murs font l'objet d'un programme de restauration engagé depuis 2000 porté par le chantier d'insertion « La Citadelle ».