Origine et histoire de la Chapelle Saint-Yves
La Cité du Souvenir, érigée en béton armé revêtu de briques entre 1926 et 1930 à l'initiative de l'abbé Alfred Keller, a été conçue par les architectes Besnard et D. Boulenger pour accueillir les familles des soldats morts pendant la Première Guerre mondiale. Marqué par la misère qu'il rencontrait au quotidien, l'abbé Keller voulut abriter ces familles et « honorer les morts par une œuvre de vie ». En 1925, le cardinal Louis-Ernest Dubois approuva le projet ; après avoir réuni un million de francs en un mois grâce à sa fortune personnelle et à des appels aux dons, Keller acheta le plateau Saint-Yves et fonda un ensemble d'habitations à bon marché. Les logements sont répartis en trois immeubles disposés en triangle autour d'une chapelle centrale, symbolisant la place de Dieu au centre du complexe. La chapelle Saint-Yves, édifiée au centre de la cité dans le 14e arrondissement de Paris, se situe au 11 rue Saint-Yves, sous un corps de bâtiment. Petit édifice en briques et béton, elle présente une façade à pignon centrale encadrée de deux porches d'entrée latéraux ; le pignon est ajouré de trois baies simples et d'un oculus, et cinq petites cloches sont accrochées au mur de l'immeuble au‑dessus de la chapelle. Le décor de la chapelle a été confié à Georges Desvallières, l'un des fondateurs en 1919 des Ateliers d'Art Sacré : il a entièrement orné le chœur entre 1931 et 1932. Le thème principal des peintures est la montée au ciel du poilu, encadrée par les saints ; le fils du peintre, mort au front à l'âge de 17 ans, y figure notamment, enveloppé dans le drapeau français. Parmi les œuvres et vitraux se trouvent notamment la représentation d'un soldat mort emporté par le Christ, les Saintes Femmes au tombeau et une Nativité. Classée monument historique par arrêté du 5 août 1996, la chapelle appartient à une propriété privée rattachée à la paroisse Saint-Dominique et demeure ouverte au culte ; une messe en polonais y est célébrée chaque dimanche à 11 h.