Origine et histoire
La cité gréco-romaine d'Olbia-Pomponiana, située sur la commune de Hyères, au lieu-dit l'Almanarre, a été transférée de l'État à la commune par convention du 28 décembre 2009. Olbia, nom grec signifiant « la bienheureuse » ou « la prospère », est une colonie fondée par Massalia vers 325 avant notre ère ; l'archéologue Michel Bats l'appelle « Olbia de Provence » pour la distinguer d'autres sites du même nom. Des auteurs anciens comme Strabon et le pseudo-Scymnos citent Olbia parmi les colonies massaliètes du littoral, et le site a vraisemblablement servi de poste d'escale, d'abri et de protection militaire pour les navires de commerce. À l'époque romaine, la localité a été désignée sous le nom de Pomponiana, nom attesté dans l'itinéraire d'Antonin et par le géographe Pomponius Mela, tandis que des textes tardifs mentionnent encore « Olbia ligystide ». L'archéologie situe la fondation dans le dernier quart du IVe siècle av. J.-C. et la découverte en 1909 d'un fragment de statue portant une inscription latine du IIIe siècle a permis d'identifier formellement le castellum des Olbiens.
Selon les estimations de Michel Bats, la population initiale pouvait être d'environ 720 personnes, hommes, femmes, enfants et esclaves compris ; les habitants vivaient de la pêche, de l'agriculture et du service militaire. La prise de Massalia par Jules César en 49 av. J.-C. engage la romanisation de la région et conduit probablement au détachement d'Olbia de sa métropole massaliète. Le site reste occupé après la fin de l'Empire romain et n'est abandonné qu'au VIIe siècle, sous le règne de Gontran Ier ; cet abandon est attribué à la submersion du port et à l'aggravation de l'insécurité en bord de mer, qui poussent la population vers les hauteurs.
L'urbanisme d'Olbia repose sur un plan orthogonal inscrit dans un carré de 165 mètres de côté : un rempart épais, flanqué de tours aux angles et aux points intermédiaires, enclôt quarante îlots d'habitation théoriques. La porte unique, alignée sur l'axe est-ouest, ouvrait à l'est sur le port aujourd'hui partiellement submergé et ensablé. Les îlots rectangulaires mesuraient 11 mètres de large sur 34,50 mètres de long et étaient séparés par des ruelles de 2,20 mètres ; chaque îlot était divisé à la fondation en trois lots d'environ 120 m², destinés chacun à une famille de colons.
Plusieurs lieux de culte ont été mis au jour : le grand sanctuaire de l'Ouest, visible depuis l'entrée, est attribué par Strabon à Artémis, et un sanctuaire d'Aphrodite adossé au rempart nord a également été identifié. Des inscriptions témoignent de la vénération d'un « Héros » anonyme et des « Déesses-mères », symboles de fécondité, et un phallus sculpté, retrouvé en remploi, ornait probablement la porte de la cité. Le site ne paraît pas avoir comporté d'agora ; la place du puits, au centre de la cité, a peut‑être tenu lieu de lieu de réunion publique.
Les vestiges sont connus depuis le XIXe siècle et les premiers sondages datent du Second Empire. Le site a été protégé à plusieurs reprises au titre des monuments historiques, par une inscription en 1926 et des classements en 1947 et 1951. Les fouilles systématiques ont été lancées par Jacques Coupry entre 1947 et 1951 puis de 1956 à 1971, permettant de préciser l'extension et le plan urbain d'Olbia. Des campagnes dirigées par Michel Bats dans les années 1980 puis de 2002 à 2008 ont étudié notamment l'îlot VI depuis les niveaux de la fondation jusqu'à l'époque médiévale, et des fouilles de 2010 à 2013 ont dégagé un complexe thermal romain et affiné le tracé du rempart ; ces recherches ont donné lieu à deux monographies majeures.
D'autres opérations ont concerné la période médiévale et la nécropole : une fouille du cimetière de l'abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre a été dirigée par Muriel Vecchione en 1988 puis par Michel Pasqualini et Bertrand Mafart de 1989 à 1992. Depuis 2019, des campagnes menées par Clément Sarrazanas, dans le cadre d'un PCR dirigé par Réjane Roure, reprennent l'étude du sanctuaire de l'Ouest et de l'Aphrodision pour compléter des fouilles inachevées. Dans le cadre de la requalification de la RD 559, une fouille préventive de l'INRAP en 2025 sur une parcelle extérieure à l'enceinte a mis au jour une nécropole de 24 tombes à crémation, un mur réutilisant des matériaux antérieurs, une pierre de pressoir et des fragments de sol en béton tuileau, indices d'activités artisanales extérieures à la cité.
Parmi d'autres découvertes figurent cinq fragments de tuiles en calcaire de La Couronne trouvés hors contexte et un dépôt monétaire d'environ cent monnaies du IIIe siècle av. J.-C., lié au sanctuaire d'Aphrodite et rapprochant Olbia de Massalia ; ce dépôt a disparu puis réapparu après avoir été soustrait pendant un temps.