Origine et histoire de la Cité radieuse
La cité religieuse de Rocamadour, sanctuaire marial bâti au flanc de la falaise du canyon de l'Alzou, s'est imposée depuis le Moyen Âge parmi les grands lieux de pèlerinage chrétiens. La plus ancienne attestation du culte marial remonte à une bulle du pape Pascal II en 1105, qui confirme la possession de l'église dédiée à la Vierge. La plupart des édifices visibles aujourd'hui datent du XIIe siècle : Notre-Dame, Saint-Michel, Saint-Sauveur et Saint-Amadour existaient déjà au milieu du siècle, et la découverte d'un corps momifié, identifié comme celui de l'ermite Amadour, a renforcé la dévotion locale. Le palais abbatial apparaît dans les sources en 1223 ; les documents et le style des bâtiments conduisent à situer la construction des églises et des annexes principales entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Les pèlerinages se sont développés sous l'abbatiat de Géraud d'Escorailles et furent soutenus par d'importantes donations royales et princières, consignées pour certains cas avec les dates figurant dans les sources. Dès 1172, un liber miraculorum recense 126 miracles attribués à Notre-Dame depuis 1140, tandis que la dévotion à saint Amadour n'est mentionnée pour la première fois qu'en 1183, à l'occasion d'un pillage qui entraîna la disparition d'une châsse d'argent. Les rivalités entre abbayes et les cessions de desserte au XIe et XIIe siècles sont attestées dans les cartulaires, et les moines de Tulle obtiennent leur confirmation définitive de droits sur le site à la fin du XIIe siècle. La cité fut plusieurs fois prise et pillée jusqu'au XVIe siècle, puis le pèlerinage déclina aux XVIIe et XVIIIe siècles ; les documents révolutionnaires relèvent l'état de ruine des bâtiments. À partir de 1842, les évêques de Cahors engagèrent la restauration matérielle du sanctuaire, reprise et conduite par l'abbé Jean-Baptiste Chevalt, avec des campagnes importantes entre 1858 et 1872 portant sur les différents sanctuaires, la chapelle Saint-Jean-Baptiste, le palais abbatial et l'aménagement du parvis ; ces travaux, réalisés hors du contrôle des services des Monuments historiques, firent l'objet de critiques dès 1865. L'ensemble comprend l'escalier historique de 216 marches que les pèlerins gravissaient depuis la ville basse, la Voie sainte qui relie le hameau de l'Hospitalet au sanctuaire, et un parvis dallé en deux niveaux aménagé au XIIe siècle autour duquel s'articulent la basilique, la crypte et sept chapelles, dont celle abritant la Vierge noire du XIIe siècle. La chapelle Saint-Jean-Baptiste, de plan octogonal, renferme la tombe de Jean de Vallon, des portraits de pèlerins et un chapiteau remployé en bénitier classé ; elle a été transformée en baptistère au XIXe siècle. La chapelle Saint-Blaise, de dimensions modestes, conserve de beaux vitraux et des peintures, tandis que la chapelle Sainte-Anne, de la fin du Moyen Âge, abrite un retable baroque illustrant les mystères de la Vierge noire. La chapelle Notre-Dame figure au cœur du dispositif cultuel, et la chapelle Saint-Michel, semi-troglodyte et la plus haute du sanctuaire, s'appuie sur la falaise ; sa façade porte une fresque romane classée représentant l'Annonciation et la Visitation, et son abside conserve des peintures gothiques du XIIIe siècle. La septième chapelle, située sous Saint-Michel, est depuis 2011 consacrée à Notre-Dame de l'Ovalie et accueille des souvenirs offerts par le monde du rugby. Le site, protégé au titre des monuments historiques et inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, a par ailleurs inspiré des œuvres artistiques, notamment les Litanies à la Vierge noire composées par Francis Poulenc en 1936.