Origine et histoire
Le clocher des Accoules, vestige de l'ancienne collégiale Notre-Dame-des-Accoules, se dresse dans le quartier des Accoules au n°10 de la place Daviel, dans le 2e arrondissement de Marseille. L'église médiévale, de style gothique méridional, fut rasée pendant la Révolution ; seul le clocher et le mur du fond ont été conservés. Le nom "Notre-Dame-des-Accoules" pourrait venir de sa structure arquée (arcuatim constructa), hypothèse privilégiée face à une autre étymologie liée à une source. Selon la tradition, l'église aurait été édifiée sur les ruines d'un temple de Minerve. Aux XIe et XIIe siècles, les religieuses de l'abbaye Saint-Sauveur puis l'abbaye Saint-Victor sont associées à son histoire, et la paroisse est délimitée en relation avec celle de Saint-Martin ; la justice se rendait devant son portail sur la place du Palais, aujourd'hui place Daviel. Une inscription conservée atteste une reconstruction en 1205 et l'édifice présente des éléments gothiques suggérant une campagne de travaux aux XIVe siècle. Implantée contre la butte de l'observatoire, l'église comportait deux sanctuaires superposés et s'ouvrait au sud par un vaste perron au bas de la montée des Accoules. Avant sa destruction, elle mesurait cinquante mètres de long sur vingt de large et comprenait trois nefs hautes de dix à dix-sept mètres. Pendant la Révolution, l'édifice servit de rassemblement pour une section engagée dans l'insurrection fédéraliste ; après la défaite, les représentants du peuple ordonnèrent la démolition. La démolition, confiée à l'entrepreneur J.-Ch. Caillol, transforma la place du Palais en un chantier désolé dont les travaux ne prirent fin qu'en 1808 grâce à la main-d'œuvre des ateliers de charité. Le clocher fut épargné en raison de son horloge, utile aux travaux du port et de la ville, et le mur du fond conserva les traces ogivales des trois nefs ; le clocher est classé monument historique par arrêté du 7 juillet 1964. En 1820, une crypte figurant le Saint-Sépulcre et un calvaire en rocaille furent aménagés contre le mur du fond de l'ancienne église, et la place du Calvaire fut nivelée et close par une grille. Cette réalisation s'inscrit dans une mission évangélisatrice dirigée par l'abbé de Forbin-Janson, qui proposa le calvaire après un voyage en Palestine, tandis qu'Eugène de Mazenod prêchait en langue provençale dans la vieille ville. La croix de fin de mission fut solennellement érigée lors d'une procession qui traversa la ville, geste interprété comme une restauration religieuse après la Révolution. L'opération suscita à la fois une ferveur populaire et des tensions politiques : spectacles, caricatures dans la presse libérale et la nouvelle de l'assassinat du duc de Berry provoquèrent une surveillance renforcée des autorités. Après la mission, la place du Calvaire devint lieu de pèlerinage ; en 1821 les Missionnaires de Provence prirent en charge le service religieux et s'installèrent à proximité, aménageant d'abord une chapelle provisoire. Les travaux d'une nouvelle église commencèrent en 1824 ; l'édifice, dédié sous le vocable de Notre-Dame-du-Bon-Secours, fut ouvert au culte puis consacré par l'évêque Charles-Fortuné de Mazenod. Construite à droite du calvaire et encastrée dans les rochers de la montée du Saint-Esprit, la nouvelle église adopte un plan centré avec une coupole inspirée du Panthéon, et une façade plane à trois travées à pilastres et fronton masque sa forme circulaire pour dialoguer avec le palais de justice voisin. L'église fut endommagée lors d'un bombardement en 1940 et restaurée en 1951 grâce aux indemnités de guerre ; un important chantier de restauration eut lieu de 2007 à 2013, incluant la canalisation d'une source, la reconstruction de la coupole et la restauration du clocher. L'histoire locale comporte aussi des épisodes dramatiques, comme l'affaire Gaufridy : en 1610 le curé Louis Gaufridy fut accusé de sorcellerie par deux religieuses, jugé coupable après détention et soumis à la question, puis brûlé à Aix-en-Provence en 1611. Le clocher a inspiré des artistes, notamment Jacques Van den Bussche qui a peint une vue conservée au Musée des Beaux-Arts de Marseille.