Origine et histoire du Clocher-porche
L’ancienne église prieurale Sainte-Marie de Mimizan, située dans les Landes, a largement disparu : subsistent aujourd’hui une partie du mur occidental de la nef et un clocher‑porche quadrangulaire, massif, construit en brique et en alios, couvert de bardeaux de châtaignier et surmonté d’une flèche octogonale. Le prieuré dépendait de l’abbaye bénédictine de Saint‑Sever, donnée par Guillaume Sanche, et son histoire reste fragmentaire ; une tradition le rattache à un sanctuaire plus ancien consacré au martyre de saint Galactoire, assertion que l’archéologie n’a pas pu confirmer. Des fouilles menées en 1992 permettent toutefois de dater la construction actuelle de l’église entre la première moitié du XIIe et le début du XIIIe siècle. Au cours du Moyen Âge le prieuré joue un rôle important : il est à la fois un établissement dépendant de Saint‑Sever, une sauveté offrant asile et une étape fréquentée sur la voie littorale vers Saint‑Jacques‑de‑Compostelle ; il fut aussi, entre le XIe et le XIIIe siècle, un allié politique des rois d’Angleterre. L’édifice originel comprenait jadis un chœur et une nef voûtés, un transept avec clocher à la croisée et un clocher‑porche ; au XVIIIe siècle on signalait encore une grande église à trois nefs et deux clochers. Après des dégradations successives — pillage par les huguenots en 1569, abandon progressif des moines au XVIIe siècle et effondrement du clocher de la croisée en 1790 qui détruisit le chœur et le transept — l’essentiel de la partie orientale fut démoli entre 1898 et 1899 sur décision de restauration, ce qui laissa intact le clocher‑porche. Le clocher‑porche, entièrement en briques, est pourvu d’une voûte d’ogives intérieure haute d’environ quinze mètres dont les ogives retombent sur des consoles sculptées ; la partie basse, conçue comme un porche, était autrefois ouverte au nord et au sud par des arcades portées par des colonnettes géminées. Le portail occidental, daté vers 1220, constitue l’un des ensembles de sculpture médiévale les plus remarquables des Landes ; il a été classé monument historique en 1903 et la totalité du bâtiment a été classée en 1990. Le tympan en forme de croissant, rare en France, représente l’adoration des mages ; il est surmonté de trois voussures qui illustrent respectivement la parabole des Vierges sages et folles, une série de prophètes et le roi David, puis un cycle mêlant les travaux des mois et les signes du zodiaque. Une galerie de statues polychromes du début du XIIIe siècle présente le Christ entouré d’apôtres dans une mandorle au goût hispanisant ; on y reconnaît notamment saint Jacques le Majeur en pèlerin, signe de l’importance du lieu sur la voie littorale. Au‑dessus du portail, sous un arc brisé, subsistent des peintures murales d’environ 26 m2, datées de la seconde moitié du XVe siècle et représentant des épisodes de la Passion : un Trône de grâce en ogive et, en dessous, l’arrestation, le jugement devant Pilate, la flagellation et le portement de croix. Ces fresques, d’un réalisme marqué par un emploi primitif de la perspective, ont été recouvertes puis redécouvertes et restaurées à la fin du XXe siècle. Le portail associe des thèmes théologiques, prophétiques et cosmologiques — apôtres, prophètes, cycles calendaires et scènes bibliques — qui ont été interprétés comme une évocation de la Jérusalem céleste et du Jugement dernier. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2000 au titre des chemins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle en France, le clocher‑porche de Mimizan reste le témoin principal de l’ancienne église prieurale et de son rôle religieux et social dans la région.