Origine et histoire du Collège
Depuis le XVIe siècle, deux établissements en France portaient le nom de Collège des Écossais, l'un à l'université de Douai et l'autre à l'ancienne université de Paris, et accueillaient de jeunes Écossais catholiques en exil. Ces deux collèges furent administrativement fusionnés par un arrêté du Consulat du 24 vendémiaire an XI (16 octobre 1802). Un troisième collège, créé à titre privé à Montpellier par Patrick Geddes en 1924 et réalisé par l'architecte Edmond Leenhardt, est classé monument historique par l'arrêté du 19 décembre 2013.
Le collège de Douai fut établi en 1573 par John Lesley, évêque et historien de Marie Stuart, et refondé en 1608. En vertu de l'Auld Alliance, les Écossais résidant en France jouissaient de la double nationalité, ce qui facilita l'accueil des exilés partisans des Stuart, notamment des réfugiés jacobites entre 1688 et 1692. Des collections historiques y furent déposées par le roi Jacques II et par des exilés catholiques écossais, en complément des dépôts faits au collège de Paris. Le collège de Douai se trouvait à proximité de la collégiale Saint-Pierre.
Le collège de Paris, ou collège de Grisy, fut érigé par acte le 8 juillet 1333 par Jean, évêque de Murray, dans une maison de la rue des Amandiers (actuelle rue Laplace). Les étudiants écossais logeaient alors dans la rue du Chauderon voisine, qui devint sous cette influence la rue d'Écosse. L'ambassadeur Jacques de Béthun forma une communauté de prêtres écossais réfugiés en France ; en 1639 cette communauté fut adjointe au collège avec l'accord de l'archevêque de Paris. En 1662, Robert Barclay, alors principal, acquit un emplacement sur les fossés Saint-Victor et y fit édifier une maison réunissant la double fonction de séminaire et de collège. Dans une des chapelles se trouvait une urne en bronze doré contenant la cervelle de Jacques II, mort à Saint-Germain-en-Laye en 1701.
Un arrêt du Conseil du 17 avril 1685 ordonna la démolition de la porte Saint-Marcel et le comblement des fossés entre les portes Saint-Victor et Saint-Jacques, entraînant un abaissement du terrain pouvant atteindre cinq mètres ; le collège dut être repris en sous-œuvre et on lui ajouta un rez-de-chaussée, ce qui lui donna son aspect particulier. Le bâtiment servit de prison sous la Terreur, puis fut rendu à l'église écossaise en 1806. Le collège de la rue des Fossés Saint-Victor, devenue rue du Cardinal-Lemoine, abrite aujourd'hui une école primaire et un foyer d'étudiantes en classes préparatoires aux grandes écoles Louis-le-Grand et Henri-IV. Les bâtiments sont protégés au titre des monuments historiques par arrêtés des 22 février 1945 et 6 août 1975 ; ils se situent au 65, rue du Cardinal-Lemoine dans le 5e arrondissement et sont accessibles à proximité par la ligne 10, station Cardinal Lemoine.