Origine et histoire du Collège des Jésuites
Le Collège des Jésuites de Billom, fondé au milieu du XVIe siècle par l'évêque Guillaume Duprat, est présenté comme le premier collège de la Compagnie de Jésus construit en France. Les premières démarches remontent à janvier 1555 par un concordat avec le chapitre de Saint‑Cerneuf de Billom pour transférer la régence des écoles aux jésuites, et des lettres patentes en 1556 et 1557 confirmèrent la décision municipale visant à financer la construction. Les terrains, achetés en 1556 par Duprat et la municipalité au sud de Billom, accueillirent la fondation officielle le 19 novembre 1558 ; la première pierre de l'église fut bénie en mai 1559, Duprat léguant 5 000 livres en 1560 pour l'achèvement, et l'église fut dédiée en avril 1564. Édifié de 1558 à 1564, l'ensemble correspond au premier type de collèges jésuites, organisé en quadrilatères autour de cours fermées. Les locaux scolaires se développaient autour de la cour des classes, avec une salle de théâtre et des chapelles pour les congrégations des maîtres, des élèves et des habitants ; les espaces domestiques comprenaient cuisine, réfectoire, apothicairerie, jardin, ainsi que l'église et la sacristie. Le quadrilatère nord‑ouest, aujourd'hui très transformé, abritait la partie scolaire ; le quadrilatère est, mieux conservé, regroupait les habitations et l'église autour de la cour domestique et du jardin. Après l'interdiction générale des jésuites en 1593 et la soumission de la ville à Henri IV en 1594, les Jésuites furent chassés et remplacés par les chanoines ; ils revinrent en 1604 et le collège prospéra aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un incendie durant l'hiver 1621 détruisit une grande partie de l'établissement, suivi de travaux de reconstruction, et des rénovations eurent lieu vers 1750. En 1762 les jésuites furent de nouveau expulsés et le collège passa sous contrôle diocésain jusqu'à sa fermeture pendant la Révolution. Au XIXe siècle, les bâtiments connurent de multiples affectations et transformations : restauration en 1802, hébergement de la gendarmerie et des tribunaux jusqu'en 1803, réouverture comme collège la même année, petit séminaire de 1826 à 1828 et reconstruction de l'aile sud du bâtiment nord‑ouest en 1827. L'établissement resta communal jusqu'en 1853 puis devint collège libre ; les ailes est et sud furent transformées en caserne de hussards vers 1843‑1844, avec construction d'un manège et d'écuries, et la caserne subsista jusqu'en 1877. Après le départ de la garnison, la totalité des bâtiments fut affectée vers 1884 à une école d'enfants de troupe ; l'église fut aménagée par un plancher et des cloisons pour y installer dortoirs et salle de spectacle. L'école militaire préparatoire des enfants de troupe, créée en 1886, fonctionna jusqu'en 1963 et forma environ 11 000 élèves. L'établissement devint collège d'État en 1963, puis fut définitivement fermé en 1994 ; il subit un important incendie en 1998. Le décor comprenait dans la chapelle un grand tableau allégorique, le Typus Religionis, exécuté autour du XVIIe siècle et aujourd'hui conservé aux Archives nationales à Paris. Le site fait actuellement l'objet d'un projet de rénovation soutenu par la Fondation du patrimoine et la Mission Stéphane Bern.