Origine et histoire du Collège
Le collège Fortet, situé dans le 5e arrondissement de Paris, était un établissement de l'ancienne faculté des arts de l'université de Paris. Il a été fondé en 1394 par le testament de Pierre Fortet, chanoine et chancelier de Notre-Dame de Paris, qui ordonnait la création d'un collège de huit écoliers dans l'une de ses maisons parisiennes, situées rue des Cordiers, au clos Brunel ou rue Saint-Victor. Quatre places étaient réservées à des écoliers nés à Aurillac (ultérieurement rattachés au diocèse de Saint-Flour), de préférence de la famille du fondateur, et quatre à de pauvres du diocèse de Paris, chacun recevant cinq sols par semaine. L'établissement fut définitivement installé en 1397 au 21, rue Valette, près de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Au printemps 1396, les exécuteurs testamentaires firent visiter plusieurs bâtiments pour décider d'un siège, choisissant finalement la maison où résidait le prieur de Saint-Étienne de Nevers, alors propriété de Loys de Listenois. Le collège se trouvait en vis-à-vis du collège de Montaigu et dans une paroisse déjà riche de nombreux collèges. Il fut agrandi en 1415, puis a vu son effectif porté à onze écoliers en 1562 et à vingt en 1574, en conservant la même proportion d'écoliers originaires d'Aurillac. Une tour, dite « tour de Calvin », située au nord de la parcelle, fut vendue en 1413 puis acquise par le collège en 1417 ; elle servit, selon les sources, à Jean Calvin pour fuir par les toits lorsqu'il fut menacé d'arrestation à Paris. Le collège a été rénové en 1505 sous Louis XII, partiellement reconstruit en 1560 et agrandi par l'achat de l'hôtel des évêques de Nevers en 1564. Le corps de logis perpendiculaire à la rue, visible sur le plan de 1764 et dont une partie subsiste, semble avoir été édifié par Jean Chanteprime en 1409-1410. En 1764, le collège fut réuni à Louis-le-Grand tout en conservant des places de boursiers pour les Aurillacois. Le bâtiment d'origine, datant du XIVe siècle et comportant une tour, a été en partie inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1925. Les écoliers de Fortet étaient des « artiens » suivant les cours de la faculté des arts : grammaire, rhétorique et dialectique en première instance, puis arithmétique, géométrie, astronomie et musique pour le niveau supérieur, préparant au grade de maître ès arts et à l'accès aux facultés de droit, médecine ou théologie. En 1585, le collège accueillit une assemblée de soixante-dix-huit à quatre-vingts personnes du parti du duc de Guise, qui y formèrent la « Sainte Ligue » et élurent le Conseil des Seize. Parmi les personnalités liées au collège figurent Jean Chanteprime, premier principal et exécuteur testamentaire ; Arnaud de Bruxelles, élève devenu imprimeur et légataire d'une bibliothèque ; Jean Cinquarbres, écolier boursier puis principal ; Jean Calvin, qui s'y trouvait comme lecteur lors d'une tentative d'arrestation ; Pierre Robert, maître de la maîtrise de Notre-Dame et ensuite de la musique de la Chapelle du roi ; Bernard Collot, chanoine, professeur et principal ayant recueilli et copié des manuscrits ; Jean-Aimar Piganiol de La Force, historiographe du roi ; le graveur Pierre Jean-Baptiste Bradel ; et Louis de Boissy, académicien. Le collège possédait notamment des manuscrits tels que Genesis et Exodus et les Libri regum cum glossa. Un panneau « Histoire de Paris » au 21 rue Valette rappelle aujourd'hui l'histoire du lieu.