Origine et histoire du Collège
Le Collège Sainte-Barbe, établissement privé laïque fondé en 1460 sur la montagne Sainte-Geneviève (rue Valette), est l'un des rares collèges médiévaux à avoir conservé son nom sur son site d'origine jusqu'au XXe siècle. L'identité de son fondateur fait l'objet de débats : Jean Hubert aurait ouvert une pension dans l'hôtel des Coulons, tandis que Geoffroy Lenormand est associé à l'achat et à la renommée de l'institution au milieu du XVe siècle. Lenormand plaça sa pension sous l'invocation de sainte Barbe et, sans dotation provinciale, accueillit des élèves de toutes les provinces, ce qui contribua rapidement à la réputation du collège. Au fil des siècles l'établissement se développa et connut des périodes difficiles liées aux troubles religieux et à l'insalubrité de ses locaux. Robert Dugast, principal en 1553, fit reconstruire et agrandir des bâtiments et institua des bourses qui consolidèrent l'institution. Au XVIIe siècle Sainte-Barbe perdit le statut de collège de plein exercice et ne conserva qu'une fonction de « petit collège », ses élèves suivant parallèlement les cours des collèges de plein exercice de l'Université. À la Révolution, les locaux furent réquisitionnés et le collège ferma en 1793, les bâtiments étant vendus comme biens nationaux. La restauration de l'établissement intervint à la fin du siècle grâce à Victor de Lanneau, qui racheta des locaux et relança l'enseignement sous le nom de Collège des Sciences et des Arts, puis reprit le nom de Sainte-Barbe. Fidèle à l'esprit familial et au système de bourses, la direction privilégia la sélection au mérite et maintint une organisation interne hiérarchisée. En 1831 une société racheta l'établissement pour en assurer la continuité, puis, confrontée à de nouvelles difficultés financières et à l'insalubrité des bâtiments, la transformation en société anonyme en 1841 permit de réunir les capitaux nécessaires à une reconstruction. Alexandre Labrouste, appelé à la direction du collège, lança la vaste reconstruction dont les travaux, menés par ses frères Théodore et Henri Labrouste, aboutirent à de nouveaux bâtiments inaugurés au cours des années 1840 et 1850. Parallèlement l'institution développa des classes préparatoires, installées séparément et renouvelées par un programme de démolitions et de constructions dans les années 1880 selon les plans d'Ernest Lheureux. Le collège s'ouvrit aussi à des annexes, comme le château de Fontenay-aux-Roses, et sa préparation aux grandes écoles connut un grand succès. Sur le plan architectural, les façades conservées de l'école préparatoire, édifiées par Lheureux en 1884, présentent un style éclectique associant meulière, pierre et brique, tandis que l'intérieur, malgré des transformations, a gardé l'essentiel de ses distributions et en particulier ses escaliers. Le grand réfectoire est orné de mosaïques exécutées par Facchina, et l'amphithéâtre de physique et de chimie ainsi que la salle de dessin comportent des structures métalliques remarquables. Au XXe siècle les quadrilatères reconstruits au XIXe siècle furent en grande partie démolis dans les années 1960 ; seuls furent préservés les bâtiments de l'école préparatoire. Les difficultés financières persistantes amenèrent l'État à acquérir les locaux, puis à les relouer à la société anonyme ; à partir de 1950 les élèves occupèrent les anciens locaux de l'école préparatoire. Le collège, resté privé et sans contrat durable avec l'État, a continué de lutter sur le plan financier jusqu'à la fermeture définitive de son internat en juin 1999. Les bâtiments anciens ont été réhabilités et accueillent désormais la bibliothèque Sainte-Barbe, bibliothèque interuniversitaire, ainsi qu'un des centres universitaires de l'université Panthéon‑Assas.