Origine et histoire du Collège
Le Collège Stanislas, fondé en 1804 par l'abbé Claude Rosalie Liautard, est un établissement privé catholique sous contrat d'association avec l'État, installé dans le quartier Notre‑Dame‑des‑Champs sur un site hérité d'un ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle. Il a été créé par la collaboration de trois prêtres — Liautard, Augé et Froment — qui voulaient réunir les traditions de l'Université et des congrégations enseignantes. Installé à l'origine dans l'hôtel Traversaire puis dans l'hôtel de Fleury, l'établissement connaît une croissance rapide et ouvre dès le début du XIXe siècle une succursale à Gentilly et des cours préparatoires aux grandes écoles. La loi universitaire napoléonienne puis l'organisation du baccalauréat contraignent temporairement Liautard à envoyer ses élèves au lycée impérial, mais le collège retrouve son statut et reçoit la reconnaissance de l'État comme « collège de plein exercice » en 1821, puis prend le nom de Stanislas par une ordonnance de 1822. Les difficultés financières et les enjeux de propriété marquent les décennies suivantes : après des ventes et baux avec la Ville de Paris, la direction passe entre plusieurs mains, dont celles des abbés Augé, Buquet, Gratry, Lalanne et Louis de Lagarde, qui contribuent chacun à l'organisation des études et au développement des locaux. Henri Lacordaire y tient des conférences en 1834 ; sous l'abbé Gratry sont créées des écoles préparatoires, notamment une « école de mathématiques » où enseignent Paul Desains et Urbain Le Verrier. En 1847, des problèmes financiers entraînent le transfert provisoire des locaux et, au milieu du siècle, l'établissement est placé sous la direction des Pères marianistes qui l'élargissent et construisent de nouvelles chapelles, dont certaines furent équipées d'orgues Cavaillé‑Coll. À la fin du XIXe siècle, le collège développe des classes préparatoires civiles et militaires, modernise des façades et acquiert des propriétés annexes pour les activités extérieures. Menacé par les lois anti‑congrégationnistes du début du XXe siècle, Stanislas est finalement transformé en société anonyme au début des années 1900, opération soutenue par ses anciens élèves et qui permet de préserver son autonomie. Sous la direction d'Adrien Pautonnier, le collège célèbre son centenaire en 1905 ; les chapelles sont rendues au culte la même année et les effectifs augmentent jusqu'à la Première Guerre mondiale, pendant laquelle l'établissement sert d'ambulance et perd de nombreux anciens élèves au combat. Au XXe siècle, Stanislas poursuit son expansion matérielle et pédagogique, crée des annexes en France et à l'étranger sous la direction de François Méjecaze et engage d'importants travaux de reconstruction et de modernisation dans les années 1960 et 1970 sous l'impulsion du père Roger Ninféi et de l'architecte Jacques Barge. La mixité est introduite progressivement à partir des années 1970‑1990, l'internat féminin ouvre en 2013, et la direction devient laïque à partir de 1994 avec des responsables issus du monde universitaire et de l'enseignement. Le collège, souvent salué pour ses résultats au baccalauréat et en classes préparatoires et considéré par certains comme l'un des meilleurs établissements de France, a cependant fait l'objet de critiques récurrentes pour son conservatisme et des controverses médiatisées liées à des affaires d'agressions sexuelles et à des pratiques jugées discriminatoires ou hostiles à certaines évolutions de la société. Des enquêtes administratives et judiciaires ont été menées sur plusieurs affaires impliquant d'anciens membres du personnel, et une inspection ministérielle de 2023 a pointé des manquements à l'obligation de rendre certaines activités facultatives, des problèmes dans le contrôle des intervenants et des risques d'atteintes aux valeurs de la République, conclusions qui ont fait l'objet de débats et de suites administratives et judiciaires. La gouvernance reste assurée par une société anonyme administrée en grande partie par des anciens élèves, sous convention avec l'archevêché de Paris, et l'établissement continue d'entretenir des équipements modernes tout en faisant l'objet d'un contrôle public et d'un suivi renforcé. Parmi ses anciens élèves figurent des personnalités connues, et l'histoire du collège mêle ainsi une longue tradition éducative, des succès académiques, des transformations architecturales et des tensions publiques liées à son identité et à son fonctionnement.