Origine et histoire de la Collégiale de la Conversion-de-Saint-Paul
La collégiale de la Conversion-de-Saint-Paul, devenue l'église paroissiale Saint-Paul, se trouve à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes. Elle a été édifiée au point haut du castrum, à côté de l'ancien château des seigneurs de Saint-Paul dont la tour subsiste et sert aujourd'hui de mairie. À l'origine, la communauté présentait deux pôles : le castrum et un centre d'habitation situé autour de l'église Saint-Michel, peut‑être antérieur au château. Aucun document ne précise la fondation de Saint‑Paul ; en 1322 la paroisse est devenue une vicairie perpétuelle. La première église comportait une nef unique charpentée fermée par un chœur carré plus étroit voûté en berceau brisé, caractéristique qui fait penser, selon Jean‑Claude Poteur, à une construction de la seconde moitié du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle. Les collatéraux ont été ajoutés ultérieurement, peut‑être à la fin du Moyen Âge ou au début du XVIe siècle ; le collatéral nord ne devait pas être voûté à l'origine, les voûtes en briques actuelles ayant condamné des baies. La première travée du collatéral nord était surmontée d'un clocher mentionné dans un procès‑verbal de visite de 1699 et déjà évoqué en 1671 ; il pourrait avoir été édifié lors de l'érection en collégiale par l'évêque de Vence Antoine Godeau en 1666, décision contestée par la communauté mais confirmée par le parlement de Provence en 1671. En 1674, deux baies furent ouvertes dans le chevet pour améliorer l'éclairage du chœur, et en 1710 l'oculus de la façade occidentale fut remplacé par une fenêtre. La faiblesse des murs des collatéraux suggère qu'aucun clocher n'avait été prévu à cet endroit, ce qui expliquerait l'effondrement du clocher au début du XVIIIe siècle et la destruction partielle de la nef. Un nouveau clocher, plus haut, fut construit contre le collatéral sud en 1740 ; une plaque à sa base indique qu'il a été financé en 1728 par Flodoard Moret de Bourchenu, évêque démissionnaire de Vence, et qu'à cette date la réparation de la nef était achevée. La façade occidentale conserve les traces de l'élévation de la nef centrale, réalisée lors de la reconstruction : le procès‑verbal de 1699 signale une charpente masquée par une voûte lambrissée et la poursuite des toitures des collatéraux dans l'axe de la nef ; la surélévation se lit aux rampants primitifs visibles sur la façade. Les voûtes d'arêtes de la nef centrale datent de 1740 tandis que les arcs doubleaux sont d'origine. Deux chapelles hors‑œuvre ont été ajoutées : la chapelle Saint‑Mathieu, alignée sur le collatéral sud et prolongée par une sacristie, qui n'apparaît pas sur le plan de 1589 et existait sans doute au moment de l'édification de la chapelle des Pénitents blancs en 1654 ; et la chapelle Saint‑Clément, bâtie en 1681 perpendiculairement au collatéral sud sur la dernière travée après autorisation des consuls et financée par les frères Alexandre et Pierre‑Jean Bernardi. Un canonicat sous le titre de saint Clément martyr y fut érigé le 19 juin 1689 et le tableau qui y figure date probablement de cette époque. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 2 septembre 1921. L'église conserve un important mobilier, lui aussi classé et répertorié dans la base Palissy : plusieurs autels sont ornés de retables et de tableaux, notamment Donation et les mystères du Rosaire (1580), une Sainte Catherine d'Alexandrie probablement exécutée à Rome au XVIIe siècle et qualifiée de «fort belle peinture» par l'évêque de Vence lors de sa visite de 1699, Saint Charles Borromée et saint François de Sales présentant des séminaristes, Saint Mathieu écrivant son Évangile sous la dictée d’un ange de Jean Daret dans la chapelle Saint‑Mathieu, La Vierge et l'Enfant avec saint Charles Borromée et saint Jean l'Évangéliste dans la chapelle Saint‑Clément — copie contemporaine d'un tableau de Carlo Maratta — et La Conversion de saint Paul, exécutée vers 1680 par Sébastien Canavesi, chanoine de Saint‑Paul. La majeure partie du mobilier et du décor a été acquise après l'érection en collégiale ; les stalles du chœur datent de 1668. Enfin, l'acte d'érection d'une confrérie du Rosaire à Saint‑Paul remonte à 1588 ; la permission accordée par le vicaire général Barthélémy de Miranda précise que le tableau de la confrérie représente la Vierge et l'Enfant remettant le chapelet à saint Dominique, avec sainte Catherine de Sienne et treize mystères en médaillons.