Origine et histoire
La collégiale Saint-Pierre-de-la-Cour est une ancienne collégiale du Mans, dans la Sarthe, qui occupe une position de prestige sur la place Saint-Pierre, dans la Cité Plantagenêt, en surplomb du centre-ville moderne. L’implantation de l’édifice suit la paroi interne du flanc sud de l’enceinte gallo-romaine et, au fil du temps, la collégiale s’est élargie au-delà du rempart pour débordER sur la ville basse. L’église primitive, liée à la protection des reliques de sainte Scholastique, remonte au haut Moyen Âge et connaît des remaniements et des reconstructions successives aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. Relevée et modifiée à plusieurs reprises, elle est profondément remaniée au XIVe siècle; le chœur est prolongé au XIIIe siècle avec le soutien de la maison d’Anjou, la première pierre étant posée en 1267 et le chœur étant consacré en 1378. La collégiale a également été restaurée et enrichie au cours des siècles suivants, avec la construction de chapelles, la surélévation d’une tour et des adaptations diverses aux XVe, XVIe et XVIIe siècles.
Jusqu’à la Révolution, l’église abrite une châsse richement ornée contenant les reliques de sainte Scholastique, patronne invoquée contre les incendies. Désacralisée à la fin du XVIIIe siècle, elle sert comme caserne en 1716 puis comme arsenal pendant la Révolution; son mobilier est dispersé ou détruit, mais l’édifice survit aux bouleversements. L’agrandissement de la place Saint-Pierre au XIXe siècle entraîne des destructions importantes, notamment la démolition du clocher roman et d’une grande partie de la nef de style du XIIe siècle. Transformée en établissement scolaire, la collégiale subit de nouvelles modifications architecturales : rehaussement de la nef, abaissement du chœur, création d’un étage dans la partie haute et percement de nombreuses fenêtres, entraînant la disparition des chapelles et des arcades.
Des découvertes archéologiques ont marqué sa redécouverte : en 1876 on met au jour sous un pilier six tombeaux du XIVe siècle, et la crypte accueille un musée archéologique aménagé en 1903. L’intérêt pour le lieu conduit à des protections au XIXe siècle : une partie liée à l’école communale de dessin figure sur la première liste des monuments historiques et la collégiale elle‑même est classée en 1889. Restaurée, la chapelle basse du chœur, qui a conservé ses voûtes du XIIIe siècle, sert depuis le début du XXe siècle de musée archéologique et, après restauration, d’espace d’exposition depuis 1980, tandis que les autres niveaux accueillent des services municipaux. Jusqu’aux aménagements du XXe siècle, le chevet était masqué par des constructions qui ont été dégagées lors de l’ouverture de l’avenue de Rostov-sur-le-Don. La collégiale témoigne ainsi d’une histoire longue et complexe, marquée par des adaptations successives à ses fonctions religieuses, militaires et civiques.