Origine et histoire de la Collégiale Notre-Dame
La collégiale Notre-Dame de Dole, située dans le Jura, est l'église principale de la ville ; elle dépend du diocèse de Saint-Claude et dessert la paroisse Notre-Dame de Dole-ville. Édifiée au XVIe siècle dans un style hybride gothique et Renaissance à l'emplacement d'une ancienne collégiale, elle a conservé par tradition le titre de « collégiale » malgré son érection en basilique mineure en 1951. Classée au titre des monuments historiques depuis 1910, elle a connu une histoire marquée par des destructions, des reconstructions et des transformations liturgiques. La volonté de transférer le chapitre à Dole apparaît dès 1277 dans le testament d'Alix de Méranie, mais c'est Mahaut d'Artois qui obtient en 1304 l'érection de l'église en collégiale. Après le siège et la mise à sac de Dole en 1479, la reconstruction de la ville et de la collégiale est autorisée par la régente Anne ; les plans du nouvel édifice sont établis dès 1483 et les travaux se structurent au début du XVIe siècle. Le Conseil municipal fonde en 1508 une commission pour diriger les travaux et collecter des fonds par la concession de chapelles, et la première pierre est posée le 9 février 1509 par l'archevêque Antoine de Vergy ; l'édifice est consacré en 1571 par l'archevêque Claude de La Baume. À la Révolution la collégiale sert d'entrepôt puis est transformée en Temple de la Raison en 1793 puis en Temple de l'Être suprême en 1794, avant de retrouver le culte catholique en 1802. Des campagnes de restauration récentes ont concerné la Sainte-Chapelle en 1991, l'extérieur de l'édifice en 1995 et l'intérieur de 2006 à 2009 sous la direction de l'architecte Paul Bernoud. L'architecture, sobre et imposante, s'inscrit dans la tradition religieuse comtoise ; son clocher-porche occidental, achevé en 1596, traduisait la renaissance doloise et les libertés comtoises. Le dôme initial dessiné par Hugues Sambin, inspiré de Santa Maria del Carignano à Gênes, élevait le clocher à 82 m ; endommagé en 1636 puis emporté par un orage, il est remplacé en 1640 par un couronnement ramené à 73 m. Le grand portail occidental en pierre de Sampans, réalisé en 1577 par Hugues le Rupt dans un langage de la Renaissance, remanie une entrée gothique antérieure et ouvrait sur un porche anciennement orné de sculptures. La nef du XVIe siècle, longue de 58 m et haute de 26 m sous voûte, s'élève sur deux niveaux sans triforium ; elle comprend trois vaisseaux éclairés par de larges baies et une voûte quadripartite reposant sur des piliers cylindriques sans chapiteaux. Le jubé sculpté par Denys Le Rupt entre 1560 et 1568, déplacé en 1562 pour préserver la perspective, sert depuis 1750 de tribune pour l'orgue. Le mobilier liturgique comprend notamment un bénitier et une chaire de marbre rouge de Sampans sculptés par Denys Le Rupt en 1556, une seconde chaire en bois du XVIIIe siècle et un baptistère baroque du même siècle, près duquel sont apposées des plaques commémorant la pose de la première pierre et le baptême de Louis Pasteur en 1823. Le cycle pictural de Laurent Pécheux, réalisé entre 1753 et 1781, se compose de douze grands tableaux relatant des épisodes de la vie du Christ, tandis que Claude-François Attiret a sculpté au XVIIIe siècle deux statues de saints présentes près de la chapelle du Rosaire. Le grand orgue, construit entre 1750 et 1754 par Karl-Joseph Riepp, repose sur le jubé et se distingue par un buffet conçu par Claude-François Attiret et Michel Devosge ; l'instrument a été modifié et restauré à plusieurs reprises aux XVIIIe et XIXe siècles, puis réajusté au XXe siècle, conservant cependant une part importante de sa tuyauterie et de sa mécanique anciennes. Le transept, long de 33 m, présente deux portails gothiques achevés en 1555 par Antoine Le Rupt et des verrières modernes : le vitrail nord de 1957 de Jacques Le Chevallier et le vitrail sud de 1933 de Jacques Grüber. Le chœur, profond de deux travées et bordé de bas-côtés, comporte des baies dans l'abside et conserve un fragment du tombeau du chancelier Jean Carondelet, œuvre de Jean Mone au milieu du XVIe siècle. Les stalles et boiseries du chœur datent du XVIIIe siècle ; un lutrin de 1765 dessiné par Nicolas Nicole, un autel constitué de la partie basse d'un maître-autel de 1850 et les insignes basilicaux accordés en 1951 (ombrellino et tintinnabule) y sont visibles. Les bas-côtés abritent de nombreuses chapelles remaniées au XIXe siècle et restaurées entre 2006 et 2009, lesquelles conservent des œuvres et vitraux d'époques diverses, de la pierre médiévale aux peintures et verrières du XIXe siècle. La Sainte-Chapelle, jouxtant le chœur au sud et édifiée entre 1609 et 1612 par l'atelier de Hugues le Rupt pour conserver une hostie miraculeuse de Faverney, présente un portail du XVIIe siècle, des reliefs de 1611 d'Anathoile Chastel, un intérieur remanié au XVIIIe siècle et des vitraux du XIXe siècle illustrant le miracle de Faverney et l'adoration de la Sainte-Hostie par Louis XIV. Parmi les personnalités liées à l'édifice figurent Mahaut d'Artois, les archevêques Antoine de Vergy et Claude de La Baume, le chancelier Jean Carondelet, le facteur d'orgues Karl-Joseph Riepp, François Callinet, Louis Pasteur dont le baptême est commémoré, Marcel Aymé et la présence, en 1951, du nonce Angelo Roncalli lors de l'érection en basilique mineure. Enfin, la collégiale occupe une place importante dans la vie culturelle de Dole : elle figure sur le logo de la ville, sur des timbres et inspire peintres, dessinateurs, mosaïstes et photographes, ce qui a donné lieu à expositions et films, notamment à l'occasion du 500e anniversaire en 2009.