Origine et histoire de la Collégiale Notre-Dame
La collégiale Notre-Dame de Mello, située au cœur du village de Mello dans l’Oise, est une église catholique paroissiale classée au titre des monuments historiques le 16 août 1921. Martin de Mello y fonde un chapitre de six chanoines en 1103 et une église est attestée à Mello dès 1160. L'édifice actuel résulte d'au moins deux grandes campagnes de construction : la première, de 1190 à 1200, voit l'élévation de grandes arcades et la mise en place d'un triforium ; la seconde, vers 1210-1220, porte sur l'étage des fenêtres hautes, le voûtement et la toiture. À la fin du XIIIe siècle, la rosace du croisillon nord est en grande partie obturée et remplacée par deux lancettes ; au XIVe siècle les roses de la façade ouest et du croisillon sud sont refaites. Avant 1530, les parties occidentales sont remaniées et un second bas-côté est ajouté au nord, puis au XVIe siècle une chapelle est construite dans la seconde travée du bas-côté sud. En 1741 la moitié orientale du chœur s'écroule ; une reconstruction partielle du mur oriental est entreprise entre 1741 et 1742 et le nouveau chœur est béni le 7 mai 1742, l'édifice portant la date 1741. Une flèche en charpente est élevée à la croisée au XVIIIe siècle, mais l'église est fermée au culte en 1793 ; des restaurations ont lieu au XIXe siècle et une importante campagne de travaux est lancée en 1927 sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques A. Collin. Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale endommagent les parties hautes, entraînant de nouvelles opérations de restauration.
Sur le plan historique, Mello fut le siège d'une seigneurie importante et compta plusieurs établissements religieux : en 1157 Renaud de Mello fonde un prieuré dédié à sainte Marie-Madeleine et le donne à l'abbaye de Vézelay ; Louise de Nelle fonde un hôtel‑Dieu à Cires-lès-Mello au début du XVIe siècle. La collégiale devint église paroissiale lorsque, par concordat en 1502, les chanoines se virent confier les fonctions curiales, source de conflits ultérieurs ; en 1618 l'évêque de Beauvais ordonne la nomination d'un curé en titre en raison de la négligence des chanoines. La relique d'un morceau supposé de la Vraie Croix suscita des convoitises et des querelles ; transférée au château en 1571, elle disparut pendant la Révolution et ne fut jamais retrouvée ; l'église du prieuré est démolie en 1791.
L'église présente un plan cruciforme singulier par son étroitesse est-ouest qui n'excède pas l'extension nord-sud. Elle se compose d'une nef de deux travées flanquée de bas-côtés — le bas-côté nord ayant été doublé au XVIe siècle — d'un transept saillant et d'un chœur au chevet plat, flanqué de deux bas-côtés prolongés par de petites chapelles qui ne communiquent pas avec le transept. Le seul accès est le portail sous le porche méridional. À l'intérieur, l'élévation s'organise sur trois niveaux — grandes arcades, triforium et fenêtres hautes — et le triforium, présent sur presque toutes les parois, constitue un élément structurant remarquable, l'un des premiers exemples de triforium ajouré pour les extrémités du transept. La nef, le transept et le chœur sont voûtés d'ogives ; la croisée a reçu une voûte à liernes et tiercerons lors des réparations de la période flamboyante.
L'extérieur paraît disparate mais traduit une ambition intérieure : la silhouette compacte met en valeur la largeur du transept et l'élévation sur trois niveaux. La façade méridionale, tournée vers la place de l'Église, fait office de façade principale, tandis que la façade occidentale donne sur une ruelle et le site de l'ancien château d'Argyle ; le chevet est enclavé dans une propriété privée et la façade nord s'ouvre sur une partie gazonnée de la place. La lecture des parements permet de distinguer les deux campagnes médiévales, la pierre étant plus sombre en bas et plus claire en haut ; la façade du croisillon sud présente deux fenêtres basses d'inspiration romane et une grande rosace d'époque postérieure, tandis que la façade ouest conserve une rosace très travaillée et un ancien portail bouché muni d'un tympan sculpté. Les arcs-boutants sont inégalement répartis selon les côtés, la toiture du second bas-côté nord ayant entraîné la suppression de certains d'entre eux.
À l'intérieur, la qualité des élévations et l'équilibre des proportions compensent l'aspect extérieur hétérogène : les supports combinent tores, bandeaux et consoles, les faisceaux de colonnettes diffèrent selon les fonctions des voûtes, et le triforium adopte deux variantes selon qu'il longe les murs gouttereaux ou les murs d'extrémité. Le mur septentrional de la nef contient deux grandes arcades ouvrant sur une tribune profonde qui, selon la tradition, aurait servi de tribune seigneuriale avec accès depuis le château.
Le mobilier comprend deux éléments classés au titre des monuments historiques : un banc d'œuvre composé de panneaux sculptés en bas-relief datant du début du XVIe siècle (les panneaux du XVIIe siècle sont exclus du classement) et le lambris d'appui de la chapelle baptismale du premier quart du XVIe siècle, actuellement déposé pour restauration. Une statue en bois de saint Jean‑Baptiste, datée du XVe siècle et haute de 96 cm, a été volée à la fin de la Première Guerre mondiale. L'église est aujourd'hui rattachée à la paroisse Sainte‑Claire de Mouy.