Origine et histoire de la Collégiale Notre-Dame
La collégiale Notre‑Dame de Poissy trouve ses origines dans un lieu de culte mérovingien et a été fondée par le roi Robert le Pieux autour de 1016 ; de l'église du xiie siècle antérieure il ne subsiste que la base du clocher‑porche occidental. À partir du second quart du xiiie siècle la collégiale est reconstruite : l'édifice conserve un plan à trois nefs, une abside dotée d'un déambulatoire et une chapelle axiale, et une seconde tour est élevée au centre de l'édifice. Au début du xiv e siècle des dommages touchent la quatrième et la cinquième travée, entraînant la reprise des fenêtres hautes et des parties hautes du chœur, ainsi que la transformation de la chapelle axiale de la Vierge sur un plan carré. Après la guerre de Cent Ans, le bas‑côté nord, le plus endommagé, est repris : les cinq premières travées y reçoivent des voûtes d'ogives pénétrant dans les piles et plusieurs chapelles latérales sont ajoutées, dont l'une fait retour vers l'ouest ; la sixième travée et la chapelle de la Vierge voient aussi leurs voûtes refaites. Au xve siècle le côté sud s'enrichit d'une petite entrée et de deux chapelles, puis au début du xvie siècle un porche méridional double est construit et le clocher occidental, après s'être effondré, est reconstruit à l'identique ; ces travaux se poursuivent jusqu'en 1570. Au xviiie siècle des aménagements et consolidations ont lieu, dont la modification du petit porche par une porte en plein cintre, un œil‑de‑boeuf et une balustrade. La Révolution entraîne la suppression du chapitre des chanoines et la collégiale devient essentiellement paroissiale, bien que son titre reste d'usage traditionnel ; l'église est fermée puis rouverte au culte au début du xixe siècle. Dans les années 1830 l'architecte départemental Goy conduit de larges travaux de consolidation et de reconstruction des parties hautes du chœur, des arcs‑boutants et du flanc nord, et le porche sud est déposé. Classée monument historique au début des années 1840, la collégiale voit l'intervention d'Eugène Viollet‑le‑Duc à partir de 1843, assisté de l'architecte municipal Greppin : la restauration s'étend sur plusieurs campagnes et combine reconstitutions fidèles et remaniements plus libres. Entre 1844 et le début des années 1850 Viollet‑le‑Duc restaure notamment des éléments de l'abside, le triforium et les parties basses de la nef en s'efforçant d'en reproduire l'aspect d'origine ; à partir de 1851 il adopte des orientations nouvelles—nouvelle sacristie de style xiiie, création d'une entrée en anse de panier, reprise profonde des piliers de la nef et restitution d'éléments romans—puis, entre 1861 et 1869, il procède à des reconstructions plus audacieuses, parfois au détriment d'apports postérieurs. En 1861 le chœur est démoli pour être refait et les chapelles Saint‑Louis et Saint‑Pierre sont reprises ; en 1866 la chapelle de la Vierge est reconstruite sur plan demi‑circulaire avec couverture en cul‑de‑four. Les travaux marquent une pause à la fin des années 1860 ; une troisième campagne menée par Jean‑Camille Formigé entre 1881 et 1905 achève la restauration : il refait notamment la charpente de la flèche centrale en 1884 et la flèche de pierre du clocher ouest en 1896. Des interventions extérieures sur le double porche sont menées en 1982‑1984. La collégiale est surtout célèbre pour le baptême de Louis, futur Saint‑Louis, célébré quelques jours après sa naissance à Poissy le 25 avril 1214 ; les fonts baptismaux de cette époque sont conservés et ont été vénérés comme relique après la canonisation. Les restaurations du xixe siècle, largement influencées par Viollet‑le‑Duc, ont donné à l'édifice une forte physionomie néo‑médiévale et suscitent des débats critiques, mais elles ont permis de sauvegarder la structure, le plan sans transept, l'élévation à trois niveaux et un ensemble notable de chapiteaux et d'éléments romans. Une nouvelle campagne de restauration a été lancée en novembre 2024 pour remédier à des infiltrations, à une colonisation végétale et à des désordres structurels, avec des travaux programmés entre la fin 2025 et 2029 et un appel aux fonds via la Fondation du patrimoine.
