Origine et histoire de la Collégiale Notre-Dame de Roscudon
L’église Notre-Dame de Roscudon, à Pont-Croix, a été fondée par les seigneurs de la ville au XIIIe siècle et témoigne d’un long chantier marqué par des adjonctions jusqu’au second quart du XVIe siècle. De la construction primitive subsistent la longue nef de sept travées et les premières travées du chœur, le reste ayant été remanié aux XVe et XVIe siècles. Malgré ces transformations, l’édifice reste l’expression la plus caractéristique de l’« école de Pont-Croix », un courant stylistique probablement influencé par l’architecture anglaise et diffusé dans le Pays Bigouden et le Cap-Sizun. Située à l’embouchure du Goyen, la ville de Pont-Croix doit son développement à un gué devenu pont, défendu par une motte féodale, et il est vraisemblable que l’église fut à l’origine la chapelle du château des seigneurs de Pont-Croix, dont Sinquin et son fils Gourmalon sont cités dans les sources. L’histoire de la construction est complexe ; René Couffon a proposé une chronologie plaçant la nef, le transept et les quatre premières travées du chœur au milieu du XIIIe siècle, une datation fondée notamment sur le modèle des bases à plinthe, quart-de-rond et tore. Une seconde campagne, à la fin du XIIIe siècle selon Couffon, aurait prolongé le chevet vers l’est et fait édifier, au sud du chœur, une grande chapelle en équerre ultérieurement dédiée au Rosaire, même si certains auteurs estiment possible un achèvement de la partie ancienne au dernier tiers du XIIIe siècle ou un report de l’extension au XIVe siècle. En 1391 la seigneurie passe aux Rosmadec par mariage, et les transformations importantes du XVe siècle — porche méridional, création de la chapelle des fonts sur le flanc sud de la nef, modification des maçonneries du transept et renforcement des piles pour porter un clocher et une flèche de pierre — sont généralement attribuées à Jean II de Rosmadec, sous l’influence des chantiers quimpérois. Au début du XVIe siècle, Alain II de Rosmadec prolonge le chœur vers l’est par un chevet à trois pans, portant la longueur totale de l’édifice à 52 m, et fait remanier plusieurs fenêtres du côté sud. À l’époque classique, on ajoute une sacristie au sud, on élargit des baies du bas-côté nord du chœur, on modernise la façade ouest et on surélève les combles. Classée monument historique en 1851 après la visite de Lassus, l’église reçoit des subventions d’État qui permettent des réparations du clocher et des murs dans les années 1850 ; l’architecte diocésain Joseph Bigot dirige ensuite des interventions sur la charpente et constate l’état ruiné des lambris de la nef. Au tournant du siècle, un badigeon blanc a couvert l’édifice puis a été retiré à partir de 1895 sous la conduite de Paul Gout, qui consolide alors les pignons du transept et refait en pierre la pointe de la flèche, auparavant en charpente et tôle depuis 1820. La flèche, inspiratrice des clochers voisins et modèle pour les flèches élevées à la cathédrale de Quimper par Bigot, fut abattue par la tempête de 1987 puis restaurée par la suite. L’édifice abrite plusieurs objets protégés, dont des retables, une chaire à prêcher, une tribune d’orgue de style flamboyant et une sculpture de la Cène. Extérieurement, la façade ouest a conservé des éléments anciens remaniés au XVIIIe siècle et redessinés au XIXe siècle, tandis que le front méridional est animé par le porche gothique, la chapelle des fonts, le pignon du transept et la grande chapelle méridionale du chevet, le portail méridional présentant un décor de gâbles et de résille rappelant les grands portails de la fin du XIIIe siècle. La tour élevée sur la croisée du transept, liée aux travaux du XVe siècle, reprend des galeries superposées à la manière de la cathédrale de Quimper ; la flèche octogonale, fine et ajourée, porte des clochetons et décorations qui lui confèrent une grande légèreté, la flèche mesurant 24,90 m pour un clocher culminant à 67 m. À l’intérieur, la planimétrie complexe résulte des multiples campagnes : une nef à trois vaisseaux de huit travées s’ouvre sur des collatéraux et une voûte lambrissée en berceau, les arcs reposant sur supports variés et chapiteaux simples évoquant à la fois des modèles anglais et des héritages romans locaux. La nef conserve une tribune en bois de style flamboyant, classée, et une chaire sculptée en 1697 ; la chapelle sud, voûtée et remaniée au XVe siècle, abrite depuis le XVIIe siècle les fonts et un riche mobilier liturgique. Le chœur associe travées anciennes et travées postérieures influencées par le déambulatoire de la cathédrale de Quimper, et s’achève par un chevet à pans coupés réalisé au XVIe siècle ; le maître-autel et plusieurs retables datent du XVIIe siècle, parmi lesquels un grand retable représentant l’Assomption. Les vitraux anciens subsistants se concentrent dans deux verrières principales : la baie 3, qui réunit des fragments de la Passion du dernier quart du XVIe siècle remployés lors d’une restauration vers 1990, et la grande verrière de la chapelle du Rosaire, composée de panneaux datables d’environ 1540 et complétés par d’autres pièces du XVIe siècle, le tympan ayant été restauré en 1991. À ces ensembles anciens s’ajoutent des verrières du XIXe et du XXe siècle, offertes par des familles locales et réalisées par divers ateliers, qui complètent la décoration lumineuse de l’église.