Origine et histoire de la Collégiale Saint-Cerneuf
La collégiale Saint-Cerneuf, située à Billom dans le Puy-de-Dôme, est un ancien édifice canonial aux origines roman-gothiques. L'implantation initiale remonte à la fin du XIe ou au XIIe siècle; la crypte romane, le déambulatoire et une partie du chevet avec mosaïque de pierre en sont les principaux vestiges, et témoignent d'un chœur circulaire entouré probablement de chapelles rayonnantes aujourd'hui disparues. Des peintures murales datées de la fin du XIIe siècle et une statue en bois de saint Sérène de Sirmium, classée mobilier historique, subsistent dans l'édifice. Initialement dédiée à la Vierge Marie, la collégiale formait l'une des quatre paroisses de Billom. D'importants travaux au XIIIe siècle ont remplacé l'ancienne église par une nef à trois vaisseaux et des bas-côtés, en réutilisant les fondations romanes; le portail occidental, la nef et les bas-côtés datent de la première moitié du XIIIe siècle, tandis que le premier niveau du chœur roman subsiste avec de beaux chapiteaux sculptés et que les niveaux supérieurs furent remaniés vers 1250. Les chapelles rayonnantes furent démolies puis reconstruites aux XIVe et XVe siècles. La chapelle du Rosaire, à droite du chœur, fut réalisée grâce aux dons de la famille Aycelin de Montaigut; mentionnée dans le testament de Gilles Aycelin en 1314, elle présente un chevet pentagonal, une travée droite voûtée d'ogives, trois baies géminées, un important décor peint et un tombeau en pierre de Volvic surmonté d'un baldaquin, orné de figures représentant des saints et des membres probables de la famille Aycelin. La chapelle centrale, dédiée au Précieux-Sang, est attribuée aux XVe–XVIe siècles ; la relique associée, rapportée par deux chanoines après la première croisade, aurait été retrouvée le Vendredi Saint 1255, un premier miracle est signalé en 1274, sa reconnaissance pontificale date de 1444 et la relique fut détruite le 17 novembre 1793. La Révolution entraîna la destruction de la plupart des tombeaux, seule subsiste la sépulture de Gilles Iᵉʳ Aycelin de Montaigut, archevêque de Rouen, classée au titre des monuments historiques. Un bâtiment du XIIe siècle, primitivement contigu au côté sud de la collégiale et relié par une porte entre deux chapelles absidiales, formait un côté du cloître; il a servi de salle ou chapelle capitulaire, a été occupé par les confréries des Pénitents et de la manécanterie, puis, après la disparition de ces confréries, affecté à un tribunal de commerce et mutilé sur sa face méridionale par l'architecte A. Mallay. Au cours des siècles, l'abside a été remaniée, notamment au XVIIIe siècle, lorsque des chapiteaux furent recouverts d'un ordre ionique en stuc et que des décors stuqués investirent la partie haute; parallèlement, des baies romanes furent transformées en niches. Les remaniements et restaurations se succédèrent : démolition de la tribune entre la nef et le chœur en 1791 et du clocher en 1794; reprise de travaux au XIXe siècle (projets et restaurations menés par A. Mallay, chantiers de 1863 à 1866 et reconstruction du clocher à partir de 1868); interventions datées en 1884; déblaiements et restaurations menés sous la direction de Ruprich-Robert au tournant du XXe siècle, avec rétablissement d'un accès méridional à la crypte et rabaissement des niveaux de sol du chœur, de la nef et des bas-côtés entre 1906 et 1908; restauration du porche nord en 1909; puis, en 1957, dépose de la balustrade du toit et remplacement de l'ardoise par une tuile plate. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1862 puis de nouveau en 1923. Malgré les pertes subies pendant la Révolution, la collégiale conserve un mobilier notable, parmi lequel un tableau représentant Jésus guérissant les possédés, L'Annonciation d'Horace Le Blanc (1622) et un groupe en calcaire de la mise au tombeau datant de la première moitié du XVIe siècle, réunissant huit personnages.