Origine et histoire de la Collégiale Saint-Ermel
La collégiale Saint-Ermel de Vireux-Molhain, située dans la commune de Vireux-Molhain (Ardennes), est dédiée à saint Ermel. Les vestiges les plus anciens conservés sont la crypte en pierre bleue de style préroman, datée du VIIIe siècle. Selon un registre découvert par Hubert de Charleville, la collégiale aurait été fondée en 752 par dame Ada, épouse de Wibert, comte de Poitiers, qui y apporta des reliques et y dota des biens ; Pépin le Bref aurait ensuite augmenté la dotation en 760. L'hypothèse selon laquelle Pépin le Bref y aurait été enterré n'est confirmée par aucun document connu. L'église fut longtemps lieu de pèlerinage et conserva les reliques de saint Ermel jusqu'en 1563. Du bâtiment primitif, seule la crypte subsiste ; la partie actuelle édifiée au-dessus date du XVIIIe siècle. L'édifice et plusieurs de ses éléments sont classés au titre des monuments historiques depuis le 19 janvier 1964. Extérieurement, la collégiale présente un aspect massif de tradition romane, construite en grande partie avec des pierres de récupération issues du site gallo‑romain du mont Vireux, dotée de contreforts et couverte en schiste. À l'intérieur, le mobilier religieux retient l'attention, tandis que la décoration en stuc des voûtes et du plafond est jugée d'un intérêt moindre. Un buste de saint Ermel domine la voûte, et de nombreuses dalles et lames funéraires occupent les bras du transept, dressées contre les murs depuis 1917 ; parmi elles figurent notamment celles d'Alard IV de Chimay, compagnon de Philippe-Auguste à Bouvines, et d'Evrars de Rayves, seigneur de Haybes. Dans le bras sud du transept se trouve une Mise au tombeau en bois polychrome attribuée à l'art liégeois du XVe siècle, classée Monument historique. Le retable du maître-autel comporte un bas-relief en bois du XVIIe siècle, lui aussi classé, et les stalles des chanoines subsistent dans le chœur. L'église conserve par ailleurs plusieurs tableaux du XIXe siècle et des statues en bois polychrome des XVe et XVIe siècles, parmi lesquelles deux Vierges à l'Enfant du XVe siècle, saint Michel terrassant le dragon et saint Roch en bois peint du XVIe siècle, ainsi que une représentation de sainte Anne avec la Vierge et l'Enfant. Un lé ou pièce de cuir de Cordoue ornée de médaillons polylobés ou circulaires, d'arabesques et de rinceaux végétaux fait également l'objet d'une protection au titre des monuments historiques. La crypte, classée et appartenant à la fondation initiale du VIIIe siècle, est adossée au chœur ; elle a une forme en T et présente quatre voûtes d'arêtes soutenues au centre par deux colonnes.
