Origine et histoire de la Collégiale Saint-Florent
La collégiale Saint-Florent de Niederhaslach, édifice à trois nefs, figure parmi les exemples les plus représentatifs de l’architecture gothique dans le Bas‑Rhin en dehors de Strasbourg. Selon la tradition, elle trouve son origine dans le monastère fondé par saint Florent, évêque de Strasbourg au VIIe siècle ; les fouilles menées lors de la restauration de 1853 ont confirmé l’existence d’un premier bâtiment d’époque ancienne à cet emplacement. Les reliques du fondateur furent transférées à l’église dès 810, ce qui fit de l’édifice un lieu de pèlerinage. L’église, successivement dédiée à la Trinité, à la Vierge, puis à saint Florent, devint au XIe siècle une collégiale de chanoines et demeura liée à l’évêché de Strasbourg jusqu’à la suppression du chapitre en 1789.
La construction de l’édifice actuel s’étend des XIIe et XIIIe siècles jusqu’à la fin du Moyen Âge ; la campagne engagée à partir de 1274 remplaça une église antérieure et se poursuivit jusqu’en 1385, parfois ralentie par des incendies et des accidents, dont la destruction par le feu qui n’épargna que le chœur et ses vitraux, et la mort du maître d’œuvre Gerlach von Steinbach. L’église subit encore des violences au cours des siècles suivants : pillages en 1525, incendie par des soldats suédois en 1633, et utilisations profanes ponctuelles au XVIIIe siècle ; les biens du chapitre furent confisqués pendant la Révolution.
Restaurée de manière approfondie entre 1853 et 1870 sous l’impulsion du curé Kramer et la direction d’Émile Boeswillwald, la collégiale a retrouvé un état général stable et cohérent, avec une grande partie des charpentes, couvertures, maçonneries et remplages de fenêtres refaits ou consolidés ; les vitraux ont fait l’objet d’interventions prolongées entre 1870 et 1887 et d’une campagne de restauration plus récente menée entre 1990 et 2006. Les travaux du XIXe siècle comportèrent des restitutions importantes — surélévation de la tour-porche, réfection des pinacles et des gâbles, choix d’une couverture en ardoise — qui furent ensuite discutées au regard des données archéologiques et des principes modernes de conservation.
La restauration entreprise de 1990 à 2006 a pris le parti de préserver l’unité créée au XIXe siècle en consolidant les maçonneries, en remplaçant les pierres altérées par un grès adapté, en éliminant les accessoires ferreux au profit de métaux non corrosifs et en améliorant l’étanchéité des couvertures et des écoulements. Les interventions ont été précédées d’études pluridisciplinaires et guidées par les principes contemporains de modestie et de respect de la valeur documentaire du monument.
L’enclos collégial était vaste et comprenait autrefois un cloître roman au nord‑est, des cimetières, deux chapelles et des bâtiments canoniaux ; il ne subsiste aujourd’hui que le corps conventuel gothique accolé à l’avant‑chœur, qui accueille la sacristie et la chapelle Saint‑Joseph, avec ses voûtes médiévales et une salle à l’étage dont l’affectation reste incertaine. Des dessins et relevés anciens, notamment dans les "Papiers Straub" et les vues de Karl Weysser, témoignent des galeries du cloître et des arcades aujourd’hui en grande partie disparues.
La collégiale conserve un ensemble exceptionnel de vitraux médiévaux, le plus important d’Alsace après la cathédrale de Strasbourg, principalement des XIIIe et XIVe siècles, illustrant les vies de Jésus, de la Vierge et de saint Jean‑Baptiste ; la verrière dite du Baptiste et la rosace hexalobe de la façade attestent de la qualité et de l’intensité chromatique de ces ensembles.
Le décor sculpté extérieur et intérieur est riche : le grand portail de 1310 présente l’Annonciation, le Couronnement de la Vierge et des scènes de la vie de saint Florent, tandis que gargouilles et sculptures jurent des comportements sociaux et des motifs de dévotion. Dans l’enceinte du cimetière subsistent des tombes et monuments datés du XIVe au XVIIIe siècle ainsi qu’un bas‑relief du Christ sur le Mont des Oliviers.
À l’intérieur, la chapelle de la Vierge abrite un saint sépulcre monumental du XIVe siècle, la dalle funéraire de Gerlach von Steinbach et des clés de voûte sculptées ; le chœur conserve le monument de l’évêque Rachio et le reliquaire en cuivre doré réalisé par l’orfèvre Jacques Fajard, ainsi que d’autres éléments liturgiques et sculptés ; la nef présente une chaire de 1691 et un baptistère octogonal du XIIIe siècle. Les stalles et boiseries en chêne, pour partie attribuées à Dominique Stoll de Rosheim, datent du XVIIe siècle et de la fin du XVIIIe siècle et témoignent d’un travail de sculpture sur bois d’une grande finesse.
L’orgue actuel, de la maison Rinckenbach, date de 1903. La tour‑porche atteint 42 mètres de hauteur et la longueur de la nef centrale est de 26,25 mètres.
