Origine et histoire de la Collégiale Saint-Frambourg
La collégiale Saint‑Frambourg de Senlis a été fondée au Xe siècle par la reine Adélaïde, épouse d’Hugues Capet, comme chapelle royale desservie par un chapitre de douze chanoines et destinée à la vénération des reliques de saint Frambourg. Une première église préromane fut alors édifiée ; l’édifice gothique actuel a été entrepris à partir de 1169 et son gros œuvre achevé à la fin du XIIIe siècle au terme de deux campagnes de construction. La première campagne porta essentiellement sur le chœur, les travées orientales de la nef et les premières travées de l’axe, la seconde sur la façade occidentale, l’achèvement de la nef et la base du clocher, tandis que la partie haute du clocher et des chapelles entre les contreforts furent complétées à la fin du XIIIe siècle. L’architecture adopte un plan à vaisseau unique, une élévation à un seul niveau, un chevet en hémicycle à cinq pans et des voûtes sexpartites couvrant les travées, avec des volumes généreux pour une chapelle royale. Longue de 46 mètres et large de 9,70 mètres à l’intérieur, la collégiale se caractérise par une élégante sobriété : proportions harmonieuses, exécution soignée et décor limité plutôt que recherche d’un ornement abondant. Au fil des siècles l’édifice a connu peu de remaniements mais a souffert d’abandon et d’usages détournés : fermé à la Révolution, transformé en temple de la Raison puis vendu comme bien national, il servit ensuite de manège aux troupes prussiennes et fut utilisé comme magasin, atelier et entrepôt. Des démolitions et pillages, notamment au XIXe siècle, ont entraîné le démontage du clocher et la dispersion d’éléments sculptés, et la toiture de la nef s’est effondrée au milieu du XIXe siècle ; l’abside s’est effondrée en 1914. Après un long état de dégradation, l’ancienne collégiale fut rachetée par György Cziffra et, dès l’acquisition, des fouilles archéologiques et des travaux de restauration furent engagés : ces campagnes ont mis au jour la chapelle d’Adélaïde, des niveaux carolingiens et des vestiges gallo‑romains dont une tour de l’enceinte, précisant la succession des bâtiments antérieurs. La restauration intérieure menée dans les années 1970 a restitué la lisibilité architecturale de l’édifice, consolidé voûtes et parements et restitué des éléments supprimés en adoptant un parti sobre sans reconstitutions excessives. Trois vitraux dessinés par Joan Miró et réalisés par Charles Marq furent posés dans la façade dès 1977, et des travaux ultérieurs sur la façade, les abords et la toiture ont restitué le volume et la silhouette d’origine de la chapelle. Les interventions ont également permis de mettre en valeur et d’aménager en sous‑sol des vestiges de la collégiale préromane et de l’enceinte gallo‑romaine pour la visite. Implantée au cœur de Senlis, à proximité immédiate de la cathédrale Notre‑Dame, la collégiale intègre la base du clocher primitif et s’ouvre sur la place Saint‑Frambourg ; son chevet donne sur la rue Saint‑Hilaire. À l’extérieur, le bâtiment présente un aspect massif marqué par de puissants contreforts et des fenêtres largement ébrasées qui privilégient l’éclairement intérieur. L’intérieur révèle un espace unifié, des modénatures et des sculptures de qualité et une exécution qui font de Saint‑Frambourg un exemple remarquable de l’architecture gothique du XIIe siècle. Propriété de la Fondation Cziffra, la collégiale accueille aujourd’hui concerts, festivals et activités pédagogiques centrés sur le piano et la musique de chambre, tout en conservant en surface et en sous‑sol les témoins archéologiques de son histoire longue et complexe.