Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin
La Collégiale Saint‑Martin de Bollène, en Vaucluse, est une ancienne collégiale datant du XIIe siècle ; elle ne doit pas être confondue avec l'église Saint‑Martin de la même ville. La présence de Bollène est attestée dès le Xe siècle par un diplôme de Conrad le Pacifique daté de 971, et la cité se développe autour de la colline du Puy où s'établit un prieuré placé sous le vocable de Saint‑Antoine et dépendant de l'abbaye de l'Île‑Barbe. L'église du prieuré, consacrée entre 1112 et 1119 par Hugues de Bourgogne, archevêque de Vienne et légat pontifical, portait initialement les vocables du Saint‑Sauveur, de la Vierge et de Saint‑Martin ; seule l'appellation Saint‑Martin restera en usage. Le prieuré est annexé en 1427 par le Collège Saint‑Nicolas d'Annecy. Au début du XVIe siècle, un nouveau portail est exécuté par le sculpteur Nicolas de Ventuéjous (1505) et la sacristie voûtée est édifiée en 1515 à l'emplacement actuel ; en 1526 la confrérie de Saint‑Crépin fait construire une chapelle contiguë à celle de la Vierge. En 1562 les troupes protestantes du Baron des Adrets s'emparent de Bollène, incendient l'église et précipitent les chanoines depuis la tour Saint‑Antoine ; les catholiques reprennent la ville l'année suivante et un rapport d'expert de 1569 recense les réparations nécessaires. Un bref papal du 24 octobre 1579 ordonne la reconstruction de l'édifice, mais la ville, pour des raisons économiques, renonce à refaire des voûtes ; pendant ces travaux Bertrand de Roquard fait bâtir une chapelle côté nord, près du chœur. Les travaux semblent achevés en 1584, la ville vend les matériaux non utilisés et, l'année suivante, le grand vicaire de Saint‑Paul autorise l'emploi de pierres pour réparer la chapelle Notre‑Dame du Pont. À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle sont élevées plusieurs chapelles : celle au sud du chœur par Jean de l'Hôtel, évêque de Viviers (1596/97, démolie en 1948), la chapelle du Rosaire par la confrérie du Chapelet (1601) et une chapelle côté nord‑ouest par Paul de Rippert (1602). Le clocher prend sa forme actuelle en 1618. En 1640 le Conseil de Communauté confie à Philippe Mézangeau la confection d'un tabernacle pour le grand autel ; celui‑ci est détruit par un incendie en 1654, puis un nouveau tabernacle est commandé à Mézangeau en 1655 et doré en 1668 par le sieur Carraffa. Les cloches de l'église sont datées de 1584 et 1691. En 1727 le prieuré est sécularisé et l'église du Puy est érigée en collégiale desservie par un chapitre de chanoines qui subsiste jusqu'à la Révolution. Classée au titre des Monuments historiques le 14 avril 1909, la collégiale fait l'objet de restaurations au XXe et XXIe siècles : remise en état des absidioles entre 1948 et 1950, restauration de la sacristie en 2009 et travaux de restauration intérieure et extérieure conduits de 2010 à 2014.