Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin de Brive
La collégiale Saint‑Martin de Brive, ancienne collégiale située place Charles‑de‑Gaulle à Brive‑la‑Gaillarde (Corrèze), est classée au titre des monuments historiques depuis 1862. Un premier édifice paléochrétien, mentionné par Grégoire de Tours et édifié sans doute à la fin du Ve siècle à l'emplacement du tombeau de Martin l'Espagnol, est incendié au VIe siècle puis reconstruit par l'évêque Ferréol et complété à la période carolingienne. Les fouilles menées en 1986‑1988 dans la crypte ont confirmé le récit de Grégoire de Tours et mis au jour une chapelle cimetériale associée à une nécropole mérovingienne. Elles ont révélé des vestiges de la chapelle primitive, une cloison transversale, des inscriptions en ocre rouge et un sarcophage trapézoïdal placé dans l'angle nord‑est, signe probable de la tombe du saint. Des fragments de colonne, une cuve baptismale d'environ un mètre de diamètre et des fragments de pavage rouge et blanc, attributs d'une phase carolingienne, ont également été retrouvés. Ces éléments permettent de restituer une chapelle rectangulaire d'environ 11 à 12 mètres de long sur 5 mètres de large, avec le tombeau au coin nord‑est, l'autel orienté à l'est et un chœur séparé de la nef par deux murs bas supportant des colonnes. À la fin du XIe siècle, l'édifice est pris en charge par un collège de chanoines suivant la règle de saint Augustin; à cette époque sont élevés au nord les premiers bâtiments du prieuré et la collégiale intègre des maçonneries plus anciennes. La nef romane, détruite pour une raison inconnue, est remplacée par une nouvelle nef au cours de la première moitié du XIIIe siècle. Vers 1500 sont ajoutées une chapelle au flanc nord de la nef et une autre au bras nord du transept, et une partie du prieuré, comprenant le logis du prieur, est reconstruite entre 1479 et 1517. Les chanoines abandonnent la vie commune en 1574 mais continuent d'assurer le service divin jusqu'à la seconde moitié du XVIIIe siècle, leur situation financière conduisant à une union avec le prieuré de Port‑Dieu en 1746. La surélévation du chœur et son aménagement intérieur sont financés par la famille Dubois entre 1726 et 1730; le cloître est détruit en 1764 et les bâtiments conventuels acquis par la ville à la Révolution sont démolis en 1835. Plusieurs projets de restauration proposés entre 1860 et 1874 n'aboutissent pas, puis entre 1876 et 1906 l'architecte communal Louis Bonnay, sous la direction d'Anatole de Baudot, réalise d'importants travaux : réfection des combles, stabilisation des piles de la nef, reconstruction du porche occidental, du clocher et de la chapelle axiale du chevet, et construction d'une sacristie. Douze verrières sont créées par Oudinot en 1880 et un complément de décor sculpté néo‑roman (chapiteaux et modillons) est exécuté en 1906 par Max Braemer; le dégagement de l'édifice par la démolition des maisons voisines se poursuit jusqu'en 1940. En 1953 la voûte de la nef est stabilisée par une structure en béton sous la direction de Georges Duval, architecte des Monuments historiques, et une restauration générale des maçonneries extérieures est réalisée en 1997. La collégiale conserve des éléments sculptés de diverses époques : la nef du XIIIe siècle présente des chapiteaux ornés de crochets, de boules, de palmettes et de cervidés, et les armoiries de la ville figurent sur la clé de voûte de la chapelle nord. L'édifice offre encore des portails à l'ouest et au sud, une chapelle aux murs peints, des chapiteaux du portail sud, une cuve baptismale du XIIe siècle couronnée d'une statuette de Jean‑Baptiste du XIXe siècle et des bustes reliquaires attribués à saint Martin. En janvier 2025, un homme nu et armé a pénétré dans la collégiale; décrit comme menaçant, il a été abattu par les forces de l'ordre.