Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin
La collégiale Saint‑Martin de Candes, située à Candes‑Saint‑Martin en Indre‑et‑Loire, est une ancienne collégiale devenue église paroissiale. Une première église dédiée à saint Maurice, fondée par saint Martin où il mourut en 397, attira des pèlerins dès le Ve siècle malgré l'absence de reliques. Vers 1050, l'église est mentionnée comme collégiale et son chapitre compte douze chanoines. Au XIIe siècle la vieille église et la maison mortuaire de Martin tombent en ruine ; en 1175 ces bâtiments sont démolis et la construction d'une nouvelle collégiale est engagée. Les travaux, marqués par plusieurs reprises et changements de programme, se poursuivent jusqu'au milieu du XIIIe siècle sous la direction de différents maîtres d'œuvre, dont le Maître de Candes. Le chantier débute par le chœur et le transept : l'ensemble comprend une abside principale, deux absidioles et des chapelles dont la chapelle dite Saint‑Martin, peut‑être établie sur l'emplacement de la maison mortuaire et dont les fondations posent encore des questions. La chapelle de la Vierge au nord et le transept richement sculpté semblent dater du premier quart du XIIIe siècle. La nef, remaniée selon un nouveau projet inspiré des grandes réalisations de l'Ouest, est élevée ensuite et impose des ajustements au transept préexistant ; sa réalisation est attribuée plausiblement au second quart du XIIIe siècle. Le porche monumental ouvert sur le flanc nord, destiné aux pèlerins, est voûté en ogives, abondamment sculpté mais resté en partie inachevé. Après la guerre de Cent Ans, au XVe siècle, la collégiale reçoit des aménagements de défense — tours crénelées, mâchicoulis, chemin de ronde, bretèche et chambres de guet — qui font d'elle l'une des rares églises fortifiées de Touraine. Malgré ces dispositifs, l'édifice subit des destructions lors des guerres de Religion, notamment en 1562 et 1568, avec pillages, incendie du chartrier et mutilations de sculptures. Deux séismes, en 1711 et 1840, causent d'importants dégâts ; l'effondrement de voûtes et la chute du clocher au début du XVIIIe siècle entraînent des réparations qui modifient l'architecture du transept et la position du clocher. Au XIXe siècle la collégiale fait l'objet de restaurations importantes, notamment entre 1852 et 1856 sous l'architecte Charles Joly‑Leterme, puis de travaux complémentaires en 1882 et d'interventions pour la chapelle Saint‑Martin ; ces campagnes ont entraîné la disparition ou le remploi de certains éléments anciens et ont été critiquées par des historiens. Lors de ces travaux on découvre dans le maître‑autel une fiole attribuée aux martyrs thébains, authentifiée en 1875 par l'archevêque de Tours. Classée au titre des monuments historiques dès 1840 et visitée par Prosper Mérimée, la collégiale voit plusieurs de ses objets mobiliers protégés, dont le maître‑autel, le tabernacle, des tableaux, un groupe de statues et la cloche. Aux XXe et XXIe siècles l'édifice a fait l'objet de consolidations et de restaurations, notamment des travaux sur la charpente, la couverture et la maçonnerie achevés en 2015, suivis d'un réaménagement intérieur en 2016. L'étude de la chronologie de construction, des ateliers de sculpture et du programme iconographique reste active : la diversité des styles, la succession d'équipes et la rareté des sources anciennes rendent l'interprétation complexe. Le porche nord, attribué à plusieurs « maîtres », présente des statues achevées et inachevées dont l'iconographie a suscité diverses hypothèses, tandis que le décor intérieur mêle motifs du gothique de l'Ouest et scènes bibliques. Depuis la Révolution, la collégiale a perdu son statut canonique mais demeure un lieu de culte et un monument patrimonial largement étudié.