Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin
L'église Saint-Martin, dernier vestige du monastère bénédictin de La Canourgue, conserve une histoire ancienne marquée par des remaniements successifs. La fondation du monastère est mal assurée mais semble remonter aux VIe–VIIe siècles ; des monnaies datées autour de 628 attestent une présence religieuse ancienne. Un collège de chanoines est installé entre les IXe et Xe siècles, et c'est de ce collège que serait née la dénomination « La Canourgue ». Pour renforcer la discipline monastique, l'évêque Aldebert Ier de Peyre cède le monastère à l'abbaye Saint-Victor de Marseille, acte qui mentionne l'existence d'une église conventuelle avant 1060. L'édifice actuel, entamé au XIe siècle, est largement reconstruit au XIIe siècle et achevé à l'époque ogivale. Au fil des siècles, des chapelles et des aménagements ont été ajoutés : quatre chapelles carrées semblent dater du début du XVe siècle et d'autres chapelles rectangulaires ont été insérées entre les chapelles rayonnantes aux XVe ou XVIe siècles. Le plan de l'église est orienté ; il comprend une nef de trois travées flanquée de deux collatéraux, un chœur fermé par un mur à cinq pans et un déambulatoire ouvrant sur sept chapelles rayonnantes. La transformation du chœur, qui a conduit au remplacement des colonnes romanes par un mur plein, ainsi que la reprise de la partie haute du chœur de la nef, paraissent attribuables à la fin du XVe siècle. Vers le porche d'entrée se trouvent quatre chapelles tombales, dont deux ogivales et deux datées du XVe siècle. En 1591, le monastère et une partie de la ville furent pillés, et en 1670 l'effondrement du clocher-porche entraîna la destruction des deux premières travées de la nef, qui ne furent jamais reconstruites, donnant à l'église son aspect tronqué. À la fin du XVIIe siècle, une nouvelle façade fut élevée et la nef ainsi que le chœur reçurent sans doute leur voûtement d'ogives ; les travaux de couverture de la même période entraînèrent la disparition de la frise d'arceaux des absidioles, arceaux qui retombaient alternativement sur des consoles et des colonnes engagées encore en place. Le clocher actuel, de plan carré, est d'époque moderne. Les bâtiments monastiques ont disparu au cours des guerres de religion, mais leur implantation reste lisible sur le cadastre contemporain. Peu avant la Révolution, la vie monastique s'interrompt et la collégiale devient église paroissiale ; elle est aujourd'hui rattachée à la paroisse Saint‑Frézal du diocèse de Mende.