Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin
La collégiale Saint-Martin de Léré, dans le Cher, occupe un site qui a connu un oratoire au XIe siècle lié à Saint-Martin de Tours. Cette origine, associée à une crypte qui abrita des reliques de saint Martin lors des invasions normandes, a favorisé l'essor d'une collégiale. Un chapitre autonome de douze prêtres s'y établit et développa un enseignement réputé jusqu'à la Révolution, ce qui explique l'importance de l'édifice dans une ville portuaire protégée par des remparts attribués à Philippe Auguste. L'église conserve une nef romane du XIIe siècle, sans transept, précédée d'une tour-porche dont le rez-de-chaussée forme un porche accessible par une porte centrale. La tour-porche date du XIVe siècle; son étage supérieur a été reconstruit au XVIe siècle. Le vaisseau principal s'achève à l'est par un sanctuaire muni d'une abside en demi-cercle; il est divisé en deux parties inégales par un arc doubleau dont les piédroits intérieurs, très saillants, marquent nettement la séparation entre la nef et le chœur. Sous le sanctuaire s'étend une crypte à trois nefs comprenant deux travées voûtées en voûtes d'arêtes reposant sur des arcs saillants. Dans l'axe de cette crypte, derrière le chevet, existe une seconde crypte communiquant avec la première par une porte; les accès primitifs de la crypte ouvraient sur le chœur mais ont été fermés ultérieurement. À l'exception de la crypte et du sanctuaire, l'édifice a subi de nombreuses transformations: la nef paraît avoir possédé des bas-côtés aujourd'hui disparus et les murs latéraux furent percés au XVIe siècle de baies établies à travers d'anciennes fenêtres romanes. Sur la façade ouest subsiste une porte romane contemporaine du chœur et du chevet, tandis qu'une porte gothique orne la tour-porche. En 1569 l'église fut incendiée par les protestants et resta à ciel ouvert pendant deux siècles, faute de moyens pour la restauration. La crypte et la porte ouest ont été classées par arrêté du 2 mars 1912; le reste de l'église a été inscrit par un arrêté de mars 1926.