Origine et histoire de la Collégiale Saint-Martin
La collégiale Saint-Martin de Montmorency, située dans le Val-d'Oise en Île-de-France, est un édifice gothique flamboyant du XVIe siècle qui domine la vallée depuis un éperon rocheux précédé d'une terrasse. Conçue à l'origine comme lieu de sépulture de la maison de Montmorency, elle est surtout célèbre pour une série exceptionnelle de quatorze vitraux de la Renaissance, reconnus au plan national. L'édifice sert d'église paroissiale depuis 1631 et relève du diocèse de Pontoise ; son curé depuis 2018 est le Père Émeric Dupont.
Les origines de la collégiale sont liées à l'expansion de la famille de Montmorency ; Mathieu Ier y fonde un prieuré et la collégiale, et des chanoines sont déjà nommés en 1132, montrant l'existence d'une première église. De cette première construction subsistent seulement des vestiges lapidaires médiévaux, retrouvés au XIXe siècle et conservés au musée du Louvre, tandis qu'aucune représentation ancienne de l'édifice primitif n'est confirmée.
L'édification de l'édifice actuel débute en 1515 sous Guillaume de Montmorency selon un plan flamboyant ; la partie orientale, comprenant un chœur de quatre travées et sa flèche en charpente, est achevée seize ans plus tard. Anne de Montmorency reprend la construction en 1557, exigeant la continuité stylistique avec le chœur ; Jean Bullant élabore la maquette et Jean Désilles dirige le gros œuvre, la nef étant achevée en 1563. Le tombeau du connétable est installé au centre de la nef avant la mort d'Anne de Montmorency en 1567.
La collégiale perd ensuite de son rôle seigneurial : la maison de Montmorency décline, les offices s'ouvrent aux habitants et l'édifice est donné aux Oratoriens, qui choisissent les chanoines et fondent un collège agrandi en 1696 et 1735. Les princes de Condé, successeurs lointains des Montmorency, reprennent des travaux sur la façade selon un projet de Jean Bullant en 1687, mais l'achèvement reste inachevé. La Révolution entraîne le vandalisme du mobilier et la destruction des tombeaux, seules quelques pièces sont sauvées et conservées au Louvre, tandis que l'église elle-même est préservée comme lieu de culte communal. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, la collégiale bénéficie d'importantes restaurations menées par Lucien Magne entre 1881 et 1887, et d'achèvements néo-gothiques du clocher et de la façade entre 1892 et 1909.
La paroisse de Montmorency a longtemps reposé principalement sur la collégiale, qui conservait des reliques, dont un os attribué à saint Martin et des reliques de saint Félix à l'origine d'un pèlerinage et d'une foire le 12 août. Après la Révolution la paroisse est d'abord rattachée au diocèse de Versailles, puis intégrée au diocèse de Pontoise lors de sa création en 1966 ; la paroisse s'est ensuite développée avec la construction de l'église Saint-François et le rattachement de l'église de Groslay. Aujourd'hui la paroisse propose de nombreux services et activités pour tous les âges, notamment des ateliers pour les jeunes enfants, le catéchisme, des groupes d'aumônerie et de fraternité pour les adolescents, un groupe pour jeunes adultes, ainsi qu'un tiers-lieu écologique et une escale solidaire.
L'édifice, orienté presque régulièrement, comprend un vaisseau central de neuf travées barlongues avec abside à pans coupés, deux collatéraux de même composition, une flèche en charpente culminant à 42 m au-dessus du bas-côté sud, une ancienne sacristie et une sacristie néogothique de 1881 ; il n'y a pas de transept net et les quatre travées orientales forment traditionnellement le chœur tandis que les cinq autres constituent la nef. L'intérieur mesure 36 m de longueur pour une largeur totale de 16 m incluant les collatéraux ; la collégiale possède deux portails principaux, le portail septentrional seigneurial, achevé avant 1531, et le portail occidental de la fin du XIXe/début du XXe siècle.
À l'extérieur, la nef aveugle cache ses murs gouttereaux derrière les toits des bas-côtés ; le petit clocher-lanternon octogonal de 1524 est coiffé d'une flèche d'ardoise et l'appareil est en pierre de taille. Les fenêtres des bas-côtés sont à lancettes avec remplages flamboyants variés, l'abside se distingue par des baies hautes et soignées et des niches à statues aux angles ; l'ornementation privilégie frises sculptées, contreforts amortis par chaperons et pinacles. Le portail septentrional conserve ses vantaux en bois taillé d'origine et un réseau flamboyant complexe orné du blason des Montmorency, tandis que la façade occidentale et le clocher néogothique reprennent et adaptent des motifs des campagnes de construction antérieures, le tympan du portail occidental portant un bas-relief d'Hippolyte Lefebvre illustrant des épisodes de la vie de Martin de Tours.
À l'intérieur, de puissants piliers et de larges arcades créent une atmosphère solennelle ; l'absence de fenêtres hautes et l'éclairage indirect par les bas-côtés produisent une pénombre propice à la fonction funéraire originelle. Les arcades plein cintre témoignent d'une influence renaissante tandis que le profil des voûtes reste en arc brisé, avec un réseau de liernes et tiercerons et des clés de voûte héraldique refaites au XIXe siècle. Avant la Révolution, le vaisseau central était clos par la clôture du chœur et encombré du monument d'Anne de Montmorency, dont le piédestal subsiste.
Les vitraux constituent l'un des ensembles les plus remarquables de la collégiale : quatorze des vingt-deux verrières datent du XVIe siècle, dont douze réalisées entre 1524 et 1545 pour le chœur et l'abside, offertes par des membres ou proches de la maison de Montmorency. Ces verrières, considérées parmi les réalisations françaises les plus intéressantes de l'époque, mêlent portraits des donateurs et scènes religieuses ; les baies du chevet montrent les donateurs en registres inférieurs et leurs saints protecteurs au-dessus, tandis que les vitraux des collatéraux présentent des donateurs agenouillés devant des scènes évangéliques ou hagiographiques. Nombre de motifs héraldiques et de portraits ont été restaurés ou refaits au XIXe siècle ; la baie n°8 est signée Engrand Leprince et d'autres verrières du chœur sont parfois attribuées à Jean Chastellain. Les vitraux du XIXe siècle, réalisés entre 1893 et 1894 d'après François-Émile Ehrmann et une composition de la façade par Félix Gaudin d'après Eugène Grasset, complètent l'ensemble.
Le mobilier protégé comprend notamment les vantaux en bois du portail septentrional et la porte de l'ancienne sacristie, dix vitraux polychromes du XVIe siècle, les deux groupes de stalles du chœur, la dalle funéraire de Guillaume de Montmorency et d'Anne Pot datée de 1524, une cloche de 1564, des tableaux dont une huile d'Émile Signol et une peinture sur bois du XVIe siècle, ainsi que des cénotaphes et monuments liés à la colonie polonaise installée à Montmorency au XIXe siècle. La plupart des tombeaux des Montmorency ont été détruits à la Révolution ; des éléments du mausolée d'Anne de Montmorency et des gisants subsistent dispersés entre le Louvre et l'École des beaux-arts, tandis que les corps des Montmorency ont été réunis dans un caveau unique en 1843. Un bénitier en marbre provient du château voisin de la Barre.