Origine et histoire de la Collégiale Saint-Pierre
La collégiale Saint-Pierre de Douai, située dans le Nord de la France, est l’une des rares églises de la ville aux côtés de la collégiale Saint-Amé. Elle s’étend sur 112 mètres, ce qui en fait la plus longue au nord de Paris, et elle est classée au titre des monuments historiques depuis le 21 février 1974. À l’origine église paroissiale, elle fut élevée en collégiale probablement en 1113 par le comte de Flandre Baudouin VII ; elle exerçait la juridiction sur l’ensemble des paroisses de la rive droite de la Scarpe. Jean Rayne, échevin de la ville victime d’une erreur judiciaire en 1364, fut inhumé dans la chapelle Sainte‑Croix par arrêté du conseil du roi. Le clocher a été rebâti entre 1513 et 1687, mêlant styles gothique et classique, et son couronnement a été refait en 1904–1905. Le vaste édifice actuel date de 1735–1750 après que l’église précédente, menaçant ruine, fut interdite au culte et démolie en 1734. La reconstruction aurait été commandée vers 1740 par des membres du Parlement sous l’impulsion de son président Charles‑Joseph de Pollinchove ; l’architecte municipal était Antoine‑Joseph Lefebvre, bien que certaines sources attribuent les plans à Brissy de Bruxelles. L’église, en croix latine, comprend trois nefs, un transept aux extrémités arrondies et une chapelle axiale coiffée d’un dôme du XVIIIe siècle. Remarquable par son harmonie et son classicisme mêlé d’éléments gothiques flamands, l’édifice renferme de nombreux tableaux de l’école française du XVIIIe siècle, un retable du début du XVIIe siècle, des sculptures en marbre des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que du mobilier (chaire, autels, grille) daté du XVIIIe siècle ; sous l’autel de la coupole repose une chasse en argent doré du XIIIe siècle. Le bâtiment actuel mesure 112 mètres de longueur sur 42 mètres de largeur et la hauteur des voûtes atteint 25 mètres. La tour carrée, édifiée de 1512 à 1686, porte sur un pilier la date de 1518, n’a jamais reçu la flèche prévue et a résisté aux sièges de 1710 et 1712. Lors de la Révolution, les six cloches furent déposées et la collégiale devint le Temple de la Raison ; dégradée au XIXe siècle, sa partie supérieure fut restaurée en 1903–1904 avec balustrade classique, clochetons et vases Médicis. En 1917 l’occupation entraîna un nouvel enlèvement des cloches, dont trois furent refondues dans les années 1920 par les établissements Wauthy de Sin‑le‑Noble. La tribune supporte l’orgue monumental : l’instrument principal, construit originellement pour l’abbaye d’Anchin en 1732 et transféré en 1792, connut de nombreuses restaurations, fut pillé en 1917 puis enrichi en 1922 par un orgue Cavaillé‑Coll/Mutin conçu entre 1910 et 1914 ; cet instrument de style symphonique français possède quatre claviers, 69 jeux et environ 4 400 tuyaux, est classé aux Monuments historiques depuis 2002 et ses titulaires actuels sont Marc Carlier, Denis Tchorek et Henri Vitté. Il fonctionne avec une transmission mécanique complétée de machines Barker, sommiers à registres et divers dispositifs pneumatiques et mécaniques de combinaisons. L’orgue de chœur, construit en 1856 par Merklin avec un buffet en chêne des établissements Buisine, restauré en 1952 par Jean Pascal, compte onze jeux, un clavier de 54 notes, un pédalier de 30 notes et environ 570 tuyaux. À gauche de l’entrée, sous la tour, un mémorial et un reliquaire rappellent que Douai offrit pendant 125 ans refuge aux catholiques anglais, avec une mention de saint John Southworth. Un monument commémoratif évoque aussi la fondation de l’université de Douai, autorisée en 1559 selon une bulle papale (attribuée par d’autres sources à Philippe II), ouverte en 1562 avec cinq facultés et dotée d’un réseau de collèges et de séminaires qui lui valut une large renommée. Le transept gauche abrite un autel de marbre et des chandeliers provenant de l’abbaye de Marchiennes, une toile attribuée à Lagrenée et trois mausolées, dont celui de Charles‑Joseph de Pollinchove sculpté par Christophe‑Gabriel Allegrain. La chapelle Notre‑Dame des Miracles, commencée en 1523, s’ouvre sur le dôme depuis un déambulatoire; elle conserve une madone du XVIe siècle, des guirlandes de Nicolas Brenet (1768), six tableaux et des œuvres modernes comme le chemin de croix de Jean‑Paul Blanc. La chapelle Saint‑Laurent présente un buste de saint Roch et une Résurrection de Lazare d’Abraham Janssens. Le maître‑autel, de style Louis XV, est du XVIIIe siècle et est flanqué de statues en plâtre de Théophile Bra représentant saint Pierre et saint Paul. Le transept droit reçoit un calvaire provenant de l’abbaye de Flines, six panneaux de marbre blanc de l’abbaye de Saint‑Amand dus à Schleiff, ainsi que des œuvres et bas‑reliefs venus des abbayes d’Anchin et de Marchiennes. Une relique attribuée à l’apôtre Jacques — une arcade sourcilière donnée au Moyen Âge — fut retrouvée dans l’église Saint‑Jacques de Douai et doit être exposée dans le narthex de la collégiale dans un reliquaire initialement dédié à saint Roch. L’hostie du miracle eucharistique de Douai, reliée à une vision de 1254 survenue à la collégiale Saint‑Amé et décrite par Thomas de Cantimpré, est conservée dans la collégiale Saint‑Pierre. Une importante campagne de réfection de la toiture en ardoises sur 3 000 m2 et de la zinguerie a été engagée en 2009; les travaux, réalisés en six phases sur dix ans pour un coût estimé à 5 millions d’euros, ont été inaugurés le 22 juin 2019 en présence de Marc Drouet, directeur régional des affaires culturelles des Hauts‑de‑France.