Origine et histoire de la Commanderie d'Auzon
L'ancienne commanderie d'Auzon, située à Châtellerault dans la Vienne, est une fondation templière devenue commanderie hospitalière. Elle aurait été créée par les Templiers entre 1130 et 1140 sous l'autorité de Guillaume X d'Aquitaine ou d'Aliénor d'Aquitaine. De nombreux documents relatifs à la période templière ont été détruits pendant les guerres de religion, si bien que les informations anciennes sont fragmentaires. La commanderie semble avoir été, avec celle de La Rochelle, l'une des principales bailliages de la province d'Aquitaine, qui comprenait alors le Poitou. Guillaume de Sonnac fut recteur vers 1223 ; il avait été précepteur de la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon, devint précepteur d'Aquitaine en 1236 puis maître de l'ordre en 1247, et fut mortellement blessé en 1250 à la bataille de Mansourah avant de succomber à Bahr es-Saghir en protégeant la retraite de Louis IX. Renaud de Vichiers lui succéda comme maître de l'Ordre ; il aurait peut‑être été précepteur d'Ozon vers 1236 avant d'exercer des fonctions à Saint-Jean-d'Acre et en France. Vers 1270, Pierre de Vaugourdon puis Jean de Saint-Benoît sont signalés comme précepteurs, et le dernier précepteur connu, Audebert de la Porte, exerça de 1303 à 1307 ; son interrogatoire à Paris mentionne de nombreuses réceptions qui se tenaient dans la chapelle. La commanderie passa sous la dépendance de l'ordre hospitalier à partir de 1314 et resta active jusqu'en 1792 ; les archives de la Vienne conservent 27 liasses qui décrivent la vie de la commanderie pendant cette période. Les commanderies de l'Hôpital de Boussais et de Prailles furent rattachées à Ozon en 1462.
La chapelle domine encore un côté de l'enceinte qui entourait une petite cour et devait abriter les logements des chevaliers. Elle mesure environ 30 mètres de longueur pour 7,20 mètres de largeur et se compose d'une nef de quatre travées prolongée par une abside en cul-de-four ; elle aurait été agrandie d'une travée vers 1240. Les travées sont séparées par des arcs doubleaux entre lesquels se trouve une voûte en plein cintre, et ces arcs conservent des traces de peintures du XIIe siècle. Le cul-de-four porte un Christ en majesté entouré du tétramorphe, tandis que les parties latérales étaient ornées de scènes représentant la Vierge, le Christ et, peut‑être, la légende de saint Nicolas. Les Hospitaliers ont modifié une des trois fenêtres du chœur et les fresques de l'abside ont subi d'importants dégâts pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un mur appuyé sur de puissants contreforts, percé de fenêtres cintrées et ébrasées de style roman, soutient les restes d'un rez-de-chaussée de bâtiment probablement divisé en deux pièces ; ces murailles épaisses et le terrain en talus signalent l'extérieur de la commanderie. L'ensemble des bâtiments conventuels a été détruit après 1835, mais la chapelle a été classée monument historique en 1913 pour ses peintures et en 1938 pour l'édifice lui‑même. Elle a fait l'objet d'une restauration conduite par Georges Lavrard entre 1966 et 1977, et le pigeonnier daté du XVIIe siècle est inscrit au répertoire supplémentaire.