Origine et histoire de la Commanderie de Coulommiers
La ferme de l'Hôpital, ancienne commanderie des Templiers puis des Hospitaliers, est située à Coulommiers, en Brie, dans le département de Seine‑et‑Marne. Implantée sur la colline du Montbillard, au nord de la ville haute, elle occupe un emplacement en hauteur, historiquement tourné vers les axes commerciaux et la rivière du Grand Morin. Inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1932 et classée en 1994, elle figure parmi les ensembles de commanderie les mieux conservés de France et le plus complet au nord de la Loire.
Fondée par l'ordre du Temple au XIIe siècle, la maison de Coulommiers apparaît dans un acte de confirmation de donation du comte Henri daté entre le 8 avril 1173 et le 23 mars 1174 ; elle prit place au sein du vaste réseau de "maisons du Temple" vouées à la production agricole et au financement des activités de l'ordre. La commanderie exploitait principalement des céréales et a progressivement accumulé terres, prés, bois, vignobles et moulins, comme l'attestent de nombreux actes de donation du XIIIe siècle. Les registres mentionnent à un moment un domaine de 420 arpents, et plusieurs dépendances, dont la grange de Bibartaut qui devint une commanderie indépendante.
La répression menée en 1307 par le roi Philippe le Bel entraîna l'arrestation des frères templiers et la saisie de leurs biens ; la commanderie de Coulommiers fut confiée en 1308 au prévôt de la ville, puis, après la dissolution de l'ordre, dévolue aux Hospitaliers de Saint‑Jean de Jérusalem par décision pontificale. Les registres hospitaliers reprirent l'inventaire des biens et réunirent la commanderie à d'autres possessions, telles que Maison‑Neuve et Bibartaut.
Malgré les vicissitudes politiques — occupation bourguignonne au XVe siècle puis retour à la couronne — la commanderie conserva ses fonctions et connut des travaux, notamment une reconstruction du logis valorisant la résidence du commandeur. À la Révolution, le site fut saisi, pillé et vendu comme bien national ; le logis fut transformé en logement pour fermiers et la chapelle désacralisée et utilisée comme grange, donnant naissance au nom de "ferme de l'Hôpital".
Au XIXe et XXe siècles la ferme changea fréquemment de propriétaires et demeura une exploitation briarde typique jusqu'en 1964. Menacée par un projet d'urbanisation qui a profondément transformé ses abords, elle fut rachetée par la municipalité puis sauvée de la disparition par l'action d'associations locales et de bénévoles à partir de la fin des années 1960. Depuis la fin du XXe siècle, des chantiers de restauration portés par des associations et des bénévoles assurent l'entretien et la mise en valeur du site, qui accueille des activités pédagogiques, des expositions et des concerts.
L'ensemble architectural s'organise autour d'une grande cour rectangulaire d'environ 100 × 50 mètres, avec une basse‑cour bordée de granges et une cour d'honneur groupant les bâtiments principaux. Parmi les constructions, la grange aux dîmes, d'origine templière, servait de vaste grenier pour les récoltes ; elle présente des maçonneries en pierre des champs renforcées par des contreforts en grès et une charpente en chêne remaniée par les Hospitaliers. D'autres bâtiments, anciens logements ou ateliers, remplacent des caves médiévales et abritent aujourd'hui des usages contemporains.
Le logis du commandeur, élevé sur trois niveaux, comprendait cellier, cuisine, réfectoire et probablement des dortoirs ; remanié à plusieurs reprises, il associe maçonneries anciennes et élévations postérieures et fait l'objet de travaux de restauration et d'étaiement. La cour est fermée par d'anciennes écuries et des porcheries, tandis qu'un colombier cylindrique en saillie sur la cour, doté de centaines de nichoirs, marque le prestige et la richesse de la seigneurie.
La salle du chapitre, de plan carré, se distingue par une voûte romane appuyée sur quatre colonnes et par son caractère clos propice aux réunions de la communauté, alors que la chapelle, reconstruite au tournant du XIIIe siècle et dédiée à sainte Anne, conserve peintures murales, chapiteaux sculptés et une charpente ancienne. La chapelle, désacralisée à la Révolution puis restaurée à la fin du XXe siècle, accueille aujourd'hui concerts et expositions.
La commanderie conserve aussi une cave voûtée, peut‑être reliée autrefois à un souterrain aujourd'hui comblé, ainsi qu'un jardin médiéval créé en 1993 qui présente une collection de plantes connues au Moyen Âge. Les abords ont été profondément modifiés par l'urbanisation de la seconde moitié du XXe siècle, mais le mur périphérique et les aménagements restaurés protègent désormais une zone d'environ deux hectares comprenant verger, ancien cimetière et éléments hydrauliques retrouvés sur le site.