Origine et histoire de la Commanderie de Devesset
La commanderie de Devesset se situe sur la périphérie est du village de Devesset, dans le Haut-Vivarais (Ardèche), à la limite ouest avec le Velay ; un calvaire marque l'entrée du site. La date exacte de sa fondation par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem est incertaine : ses titres ont brûlé lors d'un incendie en 1570, et une tradition place l'installation d'un premier commandeur en 1164. Attestée dès 1246, elle serait liée à la commanderie Saint-Jean la Chevalerie du Puy et, à la fin du XIIIe siècle, relevait du comte de Valentinois avant de passer aux Hospitaliers. Au début du XIVe siècle elle évolue en centre fortifié associant les défenses hospitalières et la villa nova de Devesset, l'ordre fondant aussi alors une paroisse. L'accroissement des biens des Hospitaliers au tournant du XIVe siècle, lié à la dévolution des biens templiers, fait de Devesset l'une des commanderies les plus importantes de la région ; l'établissement est associé à la Langue d'Auvergne et plusieurs de ses commandeurs deviennent grand-prieurs.
La commanderie a connu de nombreux dommages et reconstructions : réparée après une destruction par les Anglais en 1339, son donjon écroulé est reconstruit par les habitants en 1414 tandis que l'enceinte est remise en état. Entre 1428 et 1439, elle est à plusieurs reprises prise et incendiée par des bandes de routiers ; en 1472 le grand-prieur Jean Cottet la fait presque entièrement réédifier. Durant la seconde moitié du XVIe siècle elle sert de refuge à des troupes huguenotes puis catholiques, et la chapelle du château devient église paroissiale. Après le décès du grand-prieur en 1576, la commanderie cesse d'être chambre prieurale et devient un bailliage, en association avec celui de Lyon, jusqu'en 1787.
Une visite prieurale de 1616 décrit une enceinte pourvue de hourds, flanquée de trois tours rondes nommées Saint-Pierre, Sainte-Catherine et Saint-Nicolas, ainsi que d'une échauguette ; la visite de 1750 signale à l'intérieur l'église paroissiale, l'habitation du commandeur et les maisons du curé et de son vicaire disposées autour d'une basse-cour dotée d'un puits. Devenus chevaliers de Malte en 1530, les Hospitaliers conservent la commanderie et son vaste domaine jusqu'à la Révolution ; en 1796 l'ensemble est vendu comme bien national et l'habitation du commandeur est transformée en mairie.
Un incendie de 1838 détruit une partie de la commanderie ; la tour sud-ouest et une portion du logis du commandeur échappent aux flammes et sont transformées en ferme à partir de 1840. L'église Saint-Jean-Baptiste, le presbytère et la maison commune sont transférés au bourg, et les vestiges de l'ancienne commanderie sont cédés à des particuliers en 1969, donnant lieu à divers travaux dont l'arasement d'une tour menaçant ruine. On relève encore sur la tour quelques éléments du XVe siècle : deux archères-cannonières, des armoiries érodées de l'ordre de Malte et celles du grand-prieur Jean Cottet (trois lions rampants), trois consoles sur le mur ouest interprétées comme des supports de bretèche, ainsi qu'à l'intérieur une cheminée au premier étage avec jambages à base prismatique et, au deuxième étage, une fenêtre à coussiège. Un calvaire a été érigé à l'emplacement du cimetière dépendant de la commanderie.
La commanderie a été, à une époque, transformée en musée présentant notamment une cheminée, des lits à baldaquin, des tapisseries et un vitrail, mais l'ensemble du site a été très remanié. Des parties de l'édifice sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1980.