Origine et histoire de la Commanderie de Moisy-le-Temple
La commanderie de Moisy constitue un ensemble architectural remarquable parmi les commanderies picardes dont les vestiges sont parvenus jusqu'à nous. Elle conserve une chapelle exceptionnelle du XIIIe siècle, un logis de la Renaissance avec plusieurs cheminées de la même époque, des dépendances et une porterie située à cinquante mètres. Implantée sur la commune de Montigny-l'Allier (Aisne), elle fut successivement une maison de l'ordre du Temple puis une commanderie hospitalière. L'ensemble a été inscrit aux monuments historiques en 1927, cette inscription ayant été remplacée par une inscription en 2003 concernant les dépendances et la porterie, et complétée par des classements en 2004 et 2005 pour les bâtiments. La commanderie se situe à l'ouest du bourg, au 73 rue de la Commanderie, le long d'un chemin en terre et à proximité du canal du Clignon. Propriété privée, elle est organisée autour d'une cour et comprend une chapelle, un corps de logis, des communs, des granges et un puits ; un mur de clôture en pierre de taille longe le chemin mais est partiellement écroulé. Le site présente deux grandes phases de construction, aux XIIIe et XVIe siècles. Plusieurs précepteurs de la maison du Temple de Moisy et de la baillie de Moisy sont mentionnés dans des chartes et au cours du procès : Frère Pierre (1184), Frère Etienne dit Stephanus (1222), Baudoin de Chiry (26 janvier 1283), Guillaume de Braye (vers 1286), Jean de Cernay (vers 1304), Raoul de Brie ou de Gisy (vers 1306) et Jean de Cormeilles (1307). Les commandeurs hospitaliers ne sont pas renseignés dans le texte fourni. En 1357, la commanderie absorbe celle de la Sablonnière et ses membres, qui conservent cependant le titre de commanderie. En 1633, la commanderie intègre les domaines des anciennes maisons de Magny-Saint-Loup, Nanteuil, Boutigny, Montaigu, Trilbardou et une maison à Meaux, détachés de la commanderie de Choisy-le-Temple. L'organisation matérielle telle qu'elle est parvenue au XXe siècle permet d'identifier la chapelle, le corps de logis, une grange et d'autres bâtiments, dont la porterie. La chapelle, dédiée à Saint-Christophe, occupe l'angle nord-est de la cour le long de l'accès ; de style gothique, elle présente un plan rectangulaire orienté à l'est et une voûte d'ogives. Les quatre clés de voûte sont sculptées et le passage entre la chapelle et le logis est couvert d'une charpente et d'un toit en tuiles à emboîtement ; le toit à deux pans est couvert en tuiles plates au nord et en tuiles à emboîtement au sud. La corniche est ornée de modillons sculptés, dont des têtes humaines, et la façade ouest comporte une porte aujourd'hui murée, deux baies en arc brisé et un oculus. Il existait probablement un cimetière en contrebas au sud et une tour octogonale en pierre de taille, à l'angle nord-ouest, abrite un escalier à vis menant aux combles. À l'intérieur, la voûte repose sur des chapiteaux sculptés portés par des colonnettes triples ; des colonnettes simples présentent les angles ouest et le chœur, et le chevet rayonnant est percé de cinq fenêtres en arc brisé. Dans le mur sud subsistent deux niches, dont l'une servait de lavabo au prêtre, mais il n'y a pas de trace de l'autel. La chapelle a été transformée en écurie : le sol est cimenté dans la moitié sud et relevé d'un pavement de galets au nord, et des mangeoires ont été installées le long du mur nord après l'ablation des parties basses et des bases de colonnettes. Sur les enduits d'origine subsistent deux types de décors peints : de faux joints au lait de chaux sur murs et voûte, et des motifs floraux rouges sur bandeaux blancs le long des murs et autour des baies ouest. Le logis, situé au sud et en contrebas de la chapelle, est une habitation de style Renaissance flanquée d'une tour circulaire au nord et d'une grosse tour circulaire au sud ; ses fenêtres à meneaux sont en partie bouchées. Parmi les dépendances, la porterie se trouve dans la rue de la commanderie au milieu de maisons récentes ; la commanderie comprend également une porcherie, une petite grange avec charretterie, des écuries et des étables, ainsi que une cave et d'autres éléments des abords mentionnés sans précision. La bibliographie cite notamment un travail d'Amédée-Louis-Alexandre Trudon des Ormes paru dans la Revue de l'Orient latin.
