Origine et histoire de la Commanderie de Xugney
La commanderie de Xugney (ou Sugny) est une ancienne commanderie templière située sur la commune de Rugney, près de Charmes, dans le département des Vosges en Lorraine. À la suite du procès de l'ordre du Temple, elle fut dévolue en 1314 aux Hospitaliers de l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem et elle a parfois eu un commandeur commun avec la commanderie de Libdeau. En 1630, le commandeur Charles de Lorraine mit en location ces deux commanderies pour un bail de six ans et procéda de même pour la commanderie de Robécourt, à l'exception des revenus de Norroy. L'église de la commanderie est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1926.
Les formes anciennes du nom sont attestées sous les graphies latine « Preceptor domus Templi de Suniaci » et française « La mayson de Temple de Seugnez ». La chapelle, désormais encastrée entre deux bâtiments de ferme et probablement isolée à l'origine, ne présente dégagés que la façade occidentale et le chevet. Elle est généralement datée de la fin du XIIe siècle ; cependant, une analyse dendrochronologique réalisée en 2011 sur une poutre de chêne retrouvée dans la nef indique la date 1138. La construction est soignée et réalisée en grès à grain assez grossier.
La chapelle se compose d'une unique nef de trois travées carrées, sans bas‑côtés, longue d'environ vingt mètres, prolongée par une abside à cinq pans dont deux sont parallèles. Chaque travée était voûtée sur croisées d'ogives aujourd'hui effondrées, dont il subsiste les traces sur les piliers ; tous les arcs formerets et doubleaux sont en plein cintre. Les deux premières travées sont en élévation plus haute que la troisième et que l'abside, qui était séparée de la nef par un mur pignon ; la voûte de l'abside, aujourd'hui disparue, devait former une demi‑coupole à cinq pans. Une fenêtre percée dans chacun des cinq pans de l'abside est encadrée à l'extérieur par un grand arc aveugle en plein cintre. La façade occidentale conserve une porte bordée de trois colonnades de chaque côté et les vestiges d'un arc en plein cintre, mais elle a été largement transformée et se trouve en mauvais état de conservation.
Des descriptions détaillées et des photographies figurent dans l'ouvrage Églises romanes des Vosges, et un bilan archéologique de 2011, signé Cédric Moulis, complète la documentation. La commanderie a également fait l'objet de plusieurs études historiques et inventaires, notamment par H. Lepage, Michel Henry, Pierre Simonin, L. Quintard et Auguste Didot.
