Comptoir National d'Escompte , actuellement Banque Nationale de Paris à Paris 9ème dans Paris 9ème

Patrimoine classé Palais

Comptoir National d'Escompte , actuellement Banque Nationale de Paris

  • 14 à 18 Rue Bergère
  • 75009 Paris 9e Arrondissement
Comptoir national descompte de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
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Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
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Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Comptoir National dEscompte  , actuellement Banque Nationale de Paris
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

4e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures ; parties intérieures suivantes : au rez-de-chaussée, vestibule d'entrée, salle des pas perdus (agence Bergère) , y compris sa charpente métallique située dans les combles, couloir d'accès à l'escalier d'honneur, escalier d'honneur avec ses piliers ; au premier étage, bureaux et couloirs de direction, salle du conseil (cad. AW 91) : inscription par arrêté du 19 février 1991

Origine et histoire du Comptoir national

Le Comptoir national d'escompte de Paris (CNEP), l'un des établissements à l'origine du groupe BNP Paribas, est créé par décret le 10 mars 1848. Sa fondation intervient dans le contexte de la crise économique de 1847 et des troubles révolutionnaires de février 1848, lorsque les marchés monétaires sont paralysés et que le paiement au comptant remplace le crédit fournisseur et l'escompte commercial. Le gouvernement provisoire, sous l'impulsion de Garnier-Pagès, institue des comptoirs d'escompte départementaux pour relancer le commerce : 66 comptoirs voient le jour, réunissant l'État, les municipalités et les milieux d'affaires. Le CNEP naît avec un capital social de 20 millions de francs réparti en tiers entre les souscripteurs en numéraire, la Ville de Paris en obligations et l'État en bons du Trésor.

La loi du 10 juin 1853 permet la transformation des comptoirs en sociétés anonymes sans garantie publique ; onze d'entre eux, dont Paris et Mulhouse, deviennent privés. Libéré de la tutelle de l'État, le CNEP devient le Comptoir d'Escompte de Paris (CEP) en juillet 1854 et se consacre d'abord à l'escompte tout en élargissant progressivement ses activités et son soutien au négoce. Le décret du 25 mai 1860 l'autorise à ouvrir des agences dans les colonies et à l'étranger, ce qui lance un déploiement international rapide : des établissements sont créés dès 1860 à Shanghai et Calcutta, puis à la Réunion, Bombay, Hong Kong et Saïgon ; suivront Londres et Yokohama en 1867, San Francisco en 1877, Alexandrie et, plus tard, le Caire et Port-Saïd, ainsi que Melbourne et Sydney en 1881 et Madagascar en 1885. Le Comptoir devient rapidement la première banque française à constituer ex nihilo un réseau d'agences à l'étranger, visant à concurrencer les banques britanniques et à sécuriser des approvisionnements pour l'Europe.

La première agence provinciale ouvre à Nantes en 1867, puis à Lyon en 1868 et à Marseille en 1869, créant des relais entre la production française et les marchés internationaux. À la veille de la guerre de 1870, le CEP est la première banque française ; l'escompte reste au cœur de son activité tandis que dépôts et services d'agence se développent. Après le conflit et une crise monétaire en 1871, la nomination d'Édouard Hentsch à la tête de la banque en 1874 oriente temporairement l'établissement vers de grandes opérations industrielles et financières, le transformant en banque mixte.

En 1887, des difficultés économiques en Extrême-Orient, la crise de l'industrie de la soie et des conflits régionaux entraînent des prises de risques ; la banque se trouve impliquée dans des opérations spéculatives sur le cuivre avec l'industriel Eugène Secrétan, qui s'appuie sur des nantissements importants et une alliance internationale de producteurs. L'effondrement des cours du cuivre provoque la défiance des déposants ; après le suicide du directeur Eugène Denfert-Rochereau et des révélations sur des pratiques comptables, le CEP est mis en liquidation et, pour éviter un effondrement du système financier, la Banque de France garantit une avance de cent millions de francs à la demande du gouvernement. La liquidation amiable devient nécessaire en avril 1889, avec des poursuites engagées contre plusieurs administrateurs.

En raison de son réseau et de son savoir-faire international, le Comptoir est reconstitué en juin 1889 sous le nom de Comptoir national d'escompte de Paris, Alexis Rostand prenant la direction. La banque se développe à l'étranger et en France : elle participe en 1919 à la création de la French American Banking Corporation aux États-Unis et étend son implantation en Afrique du Nord, en Tunisie dès 1893 et au Maroc à partir de 1897. En 1913, le CNEP figure parmi les six premiers établissements français par capitalisation à la Bourse de Paris. Après la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, la banque reste active dans les emprunts et, au sortir du conflit, devient la troisième banque de dépôts française avec 530 agences et succursales.

Le Comptoir se distingue par sa forte implication dans les émissions coloniales et par son rôle dans l'industrialisation française, en finançant des entreprises des transports publics, de l'électricité, du gaz, ainsi que des industries minières et métallurgiques ; il participe à la création du Crédit national et, en 1919, à l'Union pour le crédit à l'industrie nationale (UCINA) à parité avec le Crédit lyonnais. À la Libération, le CNEP figure parmi les quatre grandes banques de dépôt nationalisées par la loi du 2 décembre 1945. Entre 1945 et 1966, il poursuit une stratégie d'implantation sélective de ses sièges, de centralisation administrative et de développement du réseau : à la veille de sa fusion avec la BNCI en 1966, il compte 733 agences en province et plus de cent en Île-de-France, contre 441 en 1946, et conserve des implantations en Angleterre, aux États-Unis, en Belgique, en Inde et en Australie.

En 1966, par décision du ministre des Finances Michel Debré, le Comptoir national d'escompte de Paris fusionne avec la Banque nationale pour le commerce et l'industrie pour former la Banque nationale de Paris (BNP), Henry Bizot, président du CNEP, devenant président du nouvel établissement et Pierre Ledoux, directeur général de la BNCI, prenant la direction générale de la BNP.

Le siège social est transféré dès 1851 au 14, rue Bergère et l'hôtel du Comptoir d'escompte est reconstruit entre 1878 et 1883 par l'architecte Édouard Corroyer ; une seconde partie est édifiée entre 1900 et 1905 sous la direction de François Constant-Bernard. Corroyer fait appel à des artistes réputés tels que le mosaïste Giandomenico Facchina et le sculpteur Aimé Millet ; les statues de Millet symbolisent la Finance, la Prudence et le Commerce, tandis que des médaillons évoquent les cinq continents, rappelant l'implantation mondiale du Comptoir. Le parcours client traversait un vestibule néo-byzantin aux colonnes et mosaïques pour aboutir à un atrium central coiffé d'une verrière décorée par le maître verrier Edouard Didron ; un sol en dalles de verre Saint-Gobain laissait la lumière pénétrer jusqu'aux salles des coffres en sous-sol, et un escalier monumental de style byzantin, exécuté par Facchina sur des cartons de Charles Lameire, menait aux bureaux et à la salle du conseil où se concluaient les grands financements. Dès sa construction, l'immeuble intègre des techniques modernes telles que l'électricité, l'ascenseur, le chauffage central, les tubes pneumatiques et des horloges indiquant l'heure dans les principales villes du monde.

Une partie de l'édifice principal est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 19 février 1991. Le bâtiment, qui a abrité le siège de BNP Paribas Asset Management de 2009 à 2020, n'appartient plus au groupe depuis 2020 ; il a été vendu à un fonds d'investissement et des travaux sont prévus pour lui attribuer de nouveaux usages en 2026.

Jusqu'en 1872, le Comptoir n'avait pas de président mais un directeur présidant l'assemblée générale ; les titulaires des fonctions dirigeantes se succèdent ensuite ainsi : Laurent-Antoine Pagnerre (directeur, 1848), Hippolyte Biesta (directeur, 1848-1870), Vincent Dubochet (1872-1873), Édouard Hentsch (1873-1889), Ernest Denormandie (1889-1901), Emile Mercet (1901-1908), Alexis Rostand (1908-1919), Paul Boyer (1919-1939), Alexandre Célier (1939-1946), Georges Gaussel (1946-1959), Charles Farnier (1959-1964) et Henry Bizot (1964-1966).

Liens externes