Origine et histoire du Conjurador
Le Conjurador de Serralongue, édifice de plan carré d'environ 3 mètres de côté, se dresse au sommet de la colline dominant le village, légèrement au nord‑est. Orienté selon les points cardinaux, il présente l'entrée au sud et s'ouvre par une baie en plein cintre sur chaque face, certaines étant de larges arcades ; chaque ouverture est surmontée d'une petite niche qui, selon la tradition, accueillait la statue d'un Évangéliste. Les murs sont en maçonnerie de moellons irréguliers de granit, avec des harpes sommaires aux angles et au bas de la porte ; baies et niches sont encadrées de briques. L'édifice repose sur une voûte pyramidale de maçonnerie coiffée d'un toit pyramidal : celui‑ci est décrit comme couvert de tuiles creuses posées sur la voûte, et certaines sources mentionnent aussi des lauzes et une croix sommitale. À chaque angle du toit, une pierre saillante circulaire porte en son centre une tige de fer méplate dressée verticalement, dont l'extrémité forme une pointe arrondie selon un tracé en talon allongé. Construit à la fin du XIXe siècle, ce petit bâtiment avait pour fonction de conjurer le mauvais sort, en particulier les intempéries menaçant les récoltes, pratique courante dans les anciens villages du Piémont pyrénéen et des Pyrénées, notamment en Aragon. Lors des cérémonies, le desservant y venait en procession, se plaçait sous la voûte face à l'orage, lisait l'évangile correspondant à l'Évangéliste faisant face au vent et prononçait la conjuration en catalan : « Sant Joan, Sant Mateu, Sant Marc i Sant Roc, guardeu‑nos de pedra i de foc. Sant Lluc, Santa Creu i Santa Bàrbara, no ens deixeu ». Le Conjurador de Serralongue est inscrit au titre des monuments historiques.