Origine et histoire
Le conservatoire à rayonnement départemental d'Orléans, anciennement école nationale de musique, est aujourd'hui un établissement d'enseignement de la musique, de la danse et du théâtre ; depuis 2006 son appellation officielle est conservatoire à rayonnement départemental de musique, de danse et de théâtre d'Orléans (CRD). L'enseignement musical à Orléans remonte à des académies du XVIIe siècle mais, avant 1790, la formation savante se concentrait principalement dans les maîtrises des institutions religieuses, notamment la cathédrale Sainte-Croix et la collégiale Saint-Aignan, où l'on formait des garçons qui devenaient chantres ou instrumentistes. Ces musiciens d'église jouaient un rôle central : ils apprenaient le chant et divers instruments (claviers, serpent, basson, viole de gambe), enseignaient parfois en ville et animaient la vie musicale locale en se produisant aussi bien dans les salons que dans des ensembles profanes. La circulation des répertoires entre musique sacrée, chansons populaires et opéra se manifeste dans plusieurs parcours locaux, comme ceux de Gabriel-Vincent Thévenard ou de Jean-Baptiste Morin, et par des adaptations et parodies musicales qui mêlaient influences liturgiques et airs profanes. Des documents anciens signalent la création d'une académie de musique en 1670 rue des Huguenots, dotée d'une salle où se tinrent bals et concerts, puis sa réapparition au début du XVIIIe siècle sous diverses administrations et sous la protection de la municipalité. Au cours du XVIIIe siècle, cette académie, dirigée à différentes époques par des maîtres tels que Louis Homet puis François Giroust, organisa concerts et enseignement ; ses activités furent irrégulières et la structure connut des interruptions et des relances. Après la Révolution de 1789 les académies et maîtrises furent supprimées et l'enseignement musical se réorganisa progressivement au XIXe siècle par des établissements privés et municipaux, comme l'École de musique fondée en 1819 par Sébastien Demar et ses collaborateurs. À Orléans la pratique liturgique reprit lentement après le Concordat de 1801, tandis que, dans la seconde moitié du XIXe siècle, la cathédrale retrouva un rayonnement notable sous Alexandre Lemoine puis Marcel Laurent, qui établirent des liens avec des musiciens parisiens. L'ancêtre direct du conservatoire, l'Institut musical d'Orléans, fut créé en 1834 pour organiser concerts et enseignement ; il proposait ses premières manifestations dans un ancien jeu de paume rue Serpente. Face au succès des concerts, une salle spécifique fut bâtie au début des années 1840 sur un projet de l'architecte François Pagot, financée par une société d'actionnaires et concédée par la ville selon un traité qui a évolué dans les années qui suivirent ; la construction fut achevée au début de 1844. La salle de l'Institut, réputée pour son acoustique, accueillit l'orchestre et des artistes de l'époque romantique ; l'établissement enseignait principalement le piano et le chant soliste. Une plaque rappelle que César Franck participa comme pianiste accompagnateur aux concerts de l'Institut entre 1845 et 1863. En 1870 fut créée une école municipale de musique plus accessible aux filles ; en 1920 ces deux établissements fusionnèrent pour former une école nationale de musique qui prit ensuite le statut de conservatoire. Dès sa nomination, le premier directeur du conservatoire, Antoine Mariotte, reconstitua un orchestre et fonda la Société des Concerts du Conservatoire qui donna de nombreux concerts jusqu'en 1936. René Berthelot dirigea ensuite le conservatoire de 1936 à 1972 ; lui ont succédé Claude-Henry Joubert (1972-1987) et Jean-Marc Cochereau (1987-2000), tous trois assurant également la direction de l'orchestre d'Orléans. Au XXIe siècle Jean-Dominique Krynen dirigea l'établissement à partir de 2001, suivi d'une direction temporaire assurée par Frédéric Juranville en 2009 puis par Agnès Hervé-Lebon à partir de 2010, qui quitta ses fonctions fin 2016. En 2007 le conservatoire comportait une équipe de 95 enseignants dispensant 37 disciplines à environ 1 400 élèves, dont 400 dans les écoles ouvertes en 1985 à Orléans-la-Source et aux Blossières. Le CRD d'Orléans fait partie de l'Union des conservatoires et écoles de musique du Loiret, qui regroupe plusieurs conservatoires à rayonnement communal, écoles municipales et écoles associatives du département. L'établissement est réparti sur quatre sites : deux en centre-ville, place Sainte-Croix et dans l'hôtel des Créneaux, et deux implantés dans les quartiers excentrés d'Orléans-la-Source et des Blossières. Les enseignements couvrent 37 disciplines en musique, danse et art dramatique ; la musique et la danse se déroulent sur trois cycles d'une durée variant de deux à cinq ans, tandis que le théâtre est organisé sur trois cycles pour une durée maximale de six ans. De nombreux artistes et pédagogues ont été liés à l'Institut puis au conservatoire, parmi lesquels des accompagnateurs, directeurs, professeurs et interprètes ayant marqué la vie musicale et théâtrale locale, et le conservatoire a formé des générations de musiciens qui ont rejoint des postes d'enseignants et des formations symphoniques nationales et internationales.